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Mise à profit de la coopération au développement syndicale pour lutter contre la privatisation de l'éducation et promouvoir la participation des jeunes en Afrique

Publié 8 février 2023 Mis à jour 4 avril 2023

Le Café de la coopération au développement (CD) qui s'est tenu le 27 janvier a présenté les activités entreprises et prévues par la Région Afrique de l'Internationale de l'Éducation (IERAF) avec les organisations membres de la région et les partenaires internationaux de la CD. Deux projets spécifiques ont été mis en évidence : la campagne Réponse mondiale à la privatisation et à la commercialisation de et dans l'éducation et le lancement du Réseau des jeunes éducateur·trice·s africain·e·s.

Les activités de l'IERAF centrées sur les orientations stratégiques de l'IE

Le Directeur de l’IERAF, Dennis Sinyolo, a évoqué les priorités de travail de son bureau régional pour 2023.

Mentionnant les défis et le contexte dans lequel il·elle·s opèrent, il a fait remarquer que « parfois, cela peut être frustrant, mais nous devons simplement rester positives et positifs et continuer à avancer ». Les principaux défis sont les suivants :

  • Les conflits et les coups d'État. Selon l'ONG Save the Children, un enfant africain sur quatre vit dans une zone de conflit.
  • Le changement climatique, conduisant à des sécheresses et des inondations, des famines et des déplacements.
  • Les violations des droits humains et syndicaux, comme c'est le cas en Angola, en Eswatini, au Togo et au Kenya.
  • L'UNESCO a montré que l'Afrique subsaharienne en tant que région est la plus éloignée de la réalisation de l'objectif de développement durable 4 lié à une éducation de qualité pour tou·te·s. On observe une grave pénurie d'enseignant·e·s. La région a besoin de 15 millions de nouveaux·elles enseignant·e·s pour atteindre l'objectif de développement durable 4 (ODD4) d'ici 2030.

Cependant, le bureau de l'IERAF fait tout son possible pour travailler selon les orientations stratégiques mondiales de l'IE, a déclaré Dennis Sinyolo.

Concernant les priorités du système éducatif, il·elle·s ont procédé à une évaluation régionale des progrès sur l'ODD4 et des objectifs de la Stratégie continentale de l’éducation pour l'Afrique (CESA). Cela aidera le bureau régional à faire des propositions pour la CESA post-2025.

Il·elle·s ont également soutenu et renforcé les réseaux sur le changement climatique, par exemple en revitalisant et en relançant un réseau sur le changement climatique dans la zone sahélienne.

Il·elle·s ont en outre plaidé pour la protection des écoles, des établissements d'enseignement, des éducateur·trice·s et des étudiant·e·s contre les attaques.

Concernant le statut de la profession enseignante, le bureau de l'IERAF a : exhorté l'Union africaine à adapter, adopter et mettre en œuvre le cadre de dialogue social de l'IE Afrique ; organisé un séminaire sur l'avenir de la profession enseignante en Afrique ; élaboré une note d'orientation de l'IE Afrique sur l'avenir de la profession enseignante dans un contexte de pandémie et d’urgences ; contribué au développement et à la mise en œuvre de cadres continentaux et sous-régionaux pour les enseignant·e·s et réalisé une étude sur le leadership scolaire.

En ce qui concerne la démocratie, les droits humains et syndicaux, les collègues du bureau Afrique de l'IE continuent de surveiller les violations des droits humains et syndicaux et prennent des mesures urgentes pour y remédier.

Sinyolo a souligné que : « En fait, c'est l'une des choses les plus importantes que nous faisons - vous ne pouvez pas le planifier. Vous êtes assis dans une réunion et un message arrive d'un dirigeant syndical qui dit : "Notre président a été arrêté". Si vous me demandez, en tant que directeur régional de l'IE, ce qui m’inquiète au quotidien, ce sont les attaques contre nos membres. »

Le bureau de l’IERAF diffuse des informations sur les instruments et mécanismes pertinents, par exemple le Manuel syndical de l'IE aidant les organisations membres à déposer des plaintes auprès de l'Organisation internationale du Travail (OIT), de l'UNESCO, du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies et de la Commission des droits de l'Homme et des peuples de l'Union africaine. Il mobilise et encourage également les organisations membres à répondre aux appels à l'action urgente.

En ce qui concerne l'équité entre les genres, des progrès ont été accomplis, a souligné Dennis Sinyolo, car le cadre d'indicateurs de l’IERAF sur l'équité et l'inclusion a été adopté et lancé, exhortant les gouvernements à mener des audits sur l'équité.

En outre, le plan d'action de l'IE pour l'égalité des genres a été diffusé, de même que les conclusions de l'étude du Réseau des femmes africaines dans l'éducation (RAFED) sur « La participation et le leadership des femmes dans les syndicats de l'enseignement : enquêter sur les obstacles et identifier des solutions », commandée à Tracy Constant.

En outre, a noté Sinyolo, les syndicats africains de l'enseignement plaident pour la ratification et la mise en œuvre de la Convention 190 de l'OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Une table ronde des femmes sera organisée avant la Conférence régionale africaine de l'IE en novembre 2023.

La majeure partie de notre travail de CD porte sur le renouvellement syndical. Dennis Sinyolo a également mentionné que le bureau de l’IERAF prévoit de :

  • Organiser un programme de bourses John Thompson en Afrique de l’Ouest.
  • Organiser des ateliers d'organisation numérique pour les organisations membres.
  • Renforcer, soutenir et pérenniser le Réseau africain des jeunes éducateur·trice·s (AYEN).
  • Lancer un réseau sous-régional de jeunes membres en Afrique australe (SAYEN).
  • Organiser un forum régional pour les jeunes membres avant la Conférence régionale.
  • Organiser un webinaire régional sur la recherche pour le plaidoyer.
  • Coordonner et soutenir les programmes de renforcement des capacités du consortium et des partenaires dans plusieurs pays.
  • Assurer un suivi régulier et encourager les organisations membres à payer leurs cotisations.

Financement des systèmes d'enseignement public

La coordinatrice de l'IERAF, Lucy Njura Barimbui, s'est concentrée sur les questions de privatisation et de financement de l'éducation.

Nous voulons que les gouvernements comprennent que « l'éducation est un droit fondamental et un bien public », a-t-elle déclaré, rappelant que de nombreux syndicats africains de l'enseignement se sont engagés dans la Réponse mondiale à l'edu-business et à la commercialisation de l'éducation - « la réponse de l'IE à l'expansion exponentielle des activités à but lucratif dans l'éducation à l'échelle mondiale ».

La campagne de la Réponse mondiale vise à « exposer, stopper et inverser l'expansion des activités à but lucratif par des acteurs privés dans le secteur de l'éducation et faire campagne contre les tentatives des gouvernements de commercialiser l'éducation par le biais de partenariats public-privé (PPP) », a-t-elle souligné.

Concernant le financement de l'éducation, Njura Barimbui a déclaré que « l'IE et les organisations membres plaident pour que les gouvernements augmentent le financement de l'éducation à au moins 6 % du produit intérieur brut et 20 % des dépenses publiques allouées à l'éducation, ce que la plupart des pays africains n'atteignent pas ».

Mentionnant les conclusions d'une étude montrant que la privatisation et la commercialisation sont en hausse et prennent des formes différentes avec des gouvernements adoptant des initiatives de PPP, elle a regretté que les activités liées à la Réponse mondiale ont été sapées par la pandémie de COVID-19 et un financement insuffisant pour poursuivre la campagne.

Cependant, elle a salué les réalisations entre 2016 et 2019, en particulier au Kenya, en Ouganda et au Libéria avec un appel à la fermeture des Bridge International Academies à but lucratif ou à l’arrêt des PPP.

Elle a souligné le succès obtenu au Ghana, où toutes les organisations nationales membres de l'IE ont rejoint les activités liées à la Réponse globale

En 2023, a-t-elle ajouté, l'IERAF va : étendre les activités liées à la Réponse mondiale dans 5 nouveaux pays (Cameroun, Sierra Leone, Rwanda, Malawi et Zambie) ; poursuivre le plaidoyer sur la Réponse mondiale dans les pays cibles initiaux (Nigéria, Ouganda, Kenya, Libéria, Ghana, Côte d'Ivoire et Sénégal) ; cibler les chef·fe·s d'État et les ministres de l'éducation ; et évaluer la situation de la privatisation et du financement de l'éducation au Cameroun, en Zambie, en Sierra Leone, au Malawi et au Rwanda.

Les affiliés de l'IE en Afrique sont invités à rejoindre la nouvelle campagne de l'Internationale de l'Éducation, La force du public - ensemble on fait école ! Cette campagne, a déclaré Njura Barimbui, est un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils investissent dans l'éducation publique, qui est un droit humain fondamental et un bien public, et qu'ils investissent davantage dans les enseignant·e·s, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité. Le bureau de l’IERAF organisera un événement régional sur cette campagne en 2023.

Réseau des jeunes éducateur·trice·s africain·e·s

La coordinatrice de l'IERAF, Anais Dayamba, a donné des explications sur la mise en place du Réseau des jeunes éducateur·trice·s africain·e·s (AYEN) et ses activités en 2022.

Elle a déclaré que « le lancement de notre réseau vient en réponse à diverses résolutions ».

La Résolution sur les enseignant·e·s, chercheur·euse·s et le personnel de soutien éducatif en début de carrière, adoptée par le 7e Congrès mondial en 2015 et exhortant les organisations membres de l'IE « à veiller à ce que les besoins et les priorités des enseignant·e·s, chercheur·euse·s et du personnel de soutien en début de carrière soient traduits dans « les politiques organisationnelles et dans le cadre des processus de négociation collective ».

La Résolution sur le renouveau syndical : le nouvel impératif, adoptée lors du 8e Congrès mondial de l'IE en 2019 et mentionnant la nécessité de « travailler pour améliorer la participation des groupes sous-représentés au sein de nos syndicats, notamment en mettant l'accent sur l'accès des jeunes et des femmes au militantisme et à des postes à responsabilité au sein des organisations syndicales ».

Au niveau régional, une résolution sur les jeunes membres des syndicats de l'enseignement a été adoptée par la 9e Conférence régionale africaine de l'IE qui s'est tenue en novembre 2018, appelant les affiliés de l'IE en Afrique à « réviser leurs statuts pour inclure des structures pour la jeunesse à tous les niveaux ; adopter une politique concernant les jeunes membres ; et établir une structure pour la jeunesse dirigée par de jeunes membres ».

Le Réseau africain des jeunes éducateur·trice·s (AYEN) a été lancé le 23 septembre 2021 lors d'un webinaire auquel ont participé 40 jeunes membres, éducateur·trice·s hommes et femmes âgé·e·s de 35 ans ou moins.

Anais Dayamba a cité les objectifs de l'AYEN, lancé le 23 septembre 2021, qui sont de :

  1. Mobiliser les jeunes éducateur·trice·s pour en faire une formidable force de défenseur·euse·s de l'Objectif de développement durable 4 afin d’accélérer la réalisation d'une éducation de qualité pour tou·te·s.
  2. Permettre aux jeunes syndicalistes éducateur·trice·s de se mettre en réseau avec leurs collègues dans les organisations membres de l'IE dans la région ;
  3. Soutenir le renouvellement des syndicats de l'enseignement de la région pour leur permettre de devenir des syndicats forts et représentatifs, capables de représenter efficacement les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l'éducation ; et
  4. Aider les syndicats à recruter plus de jeunes, à les organiser et à les mobiliser pour l'amélioration du respect de leurs droits.

L'IERAF a organisé un webinaire pour les jeunes membres africain·e·s le 27 mai 2022, a déclaré la coordinatrice de l'IERAF. L'objectif de ce webinaire était de créer un espace sûr permettant aux jeunes et aux syndicalistes enseignant·e·s jeunes et en début de carrière de réseauter avec leurs collègues dans les organisations membres de l'IERAF et d'améliorer leur compréhension des valeurs syndicales.

L'IERAF a également organisé la conférence du réseau des jeunes éducateur·trice·s africain·e·s sur le thème : « Jeunes éducateur·trice·s uni·e·s pour une éducation de qualité » à Accra, au Ghana, du 25 au 26 octobre 2022.

Réunissant 30 jeunes éducateur·trice·s de 20 organisations membres de l'IE dans 17 pays, l'objectif principal de la conférence était de leur donner les moyens d'évaluer, de surveiller et de plaider pour la réalisation d'un enseignement public de qualité pour tou·te·s en Afrique, a déclaré Anais Dayamba.

Reconnaissant la lenteur des progrès réalisés vers une éducation de qualité pour tou·te·s, les participant·e·s à la conférence ont adopté une déclaration qui :

  • Réaffirme que l'éducation est un droit fondamental et doit être accessible à tous les enfants, quel que soit leur milieu social et économique.
  • Appelle les gouvernements à investir dans la formation, le recrutement et le perfectionnement professionnel des enseignant·e·s, et à garantir des salaires et des conditions de travail décents pour tou·te·s.
  • Note que les conditions de travail des enseignant·e·s sont les conditions d'apprentissage des enfants.
  • Demande aux syndicats de l'enseignement d'élaborer des stratégies pour obliger les gouvernements à rendre compte des engagements pris lors du Sommet sur la transformation de l’éducation.
  • Appelle les syndicats de l'enseignement et l’ensemble des acteurs de l'éducation à intensifier les campagnes sur l'autonomisation des filles pour parvenir à l'égalité et à l'équité entre les genres.
  • Appelle les syndicats de l'enseignement, les organisations de la société civile, les syndicats d’étudiants, les universitaires et toutes les autres parties prenantes à s'engager dans une campagne contre la privatisation et la commercialisation de l'éducation.
  • Propose des priorités à considérer pour une CESA post-2025.

Les participant·e·s à ce Café de la CD étaient enthousiasmé·e·s par la perspective de se rencontrer en personne à Bruxelles, en Belgique, du 28 février au 2 mars pour la réunion du réseau de la CD de l’IE.