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L’Internationale de l’Éducation (IE) a développé un « Outil pour le renforcement des syndicats – Pour des syndicats de l’enseignement plus efficaces ». Celui-ci permet à chaque organisation membre de s’engager dans un processus d’auto-évaluation, lui proposant d’expérimenter de nouvelles activités afin de se renforcer.

L’outil est construit sous forme de guide, avec trois parties distinctes que chaque utilisateur·trice peut consulter de façon indépendante ou chronologique. La première partie est axée sur un processus d’auto-évaluation, la deuxième comprend une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités, menaces) et la troisième accompagne l’utilisateur·trice dans une planification selon la théorie du changement.

Les syndicats en pleine tempête

Dans son préambule, le guide souligne que beaucoup de syndicats de l’éducation dans le monde sont confrontés à de nombreux défis, dont trois principaux :

1. Budgets insuffisants pour permettre un enseignement public de qualité, et développement du secteur privé ;
2. Salaires et conditions de travail insatisfaisants, entraînant un manque d’attractivité du métier ; et
3. Insuffisance de la prise en compte des syndicats dans le dialogue social.

À ces budgets publics chroniquement insuffisants alloués à l'éducation, il faut ajouter l'introduction anarchique de nouvelles technologies, le recours accru à des opérateurs privés notamment à l’occasion de la pandémie de COVID-19.

Le renouveau syndical, un état d’esprit

Le renouveau syndical est une priorité stratégique de l’IE, comme le souligne en particulier la Résolution « Renouveau syndical : le nouvel impératif », adoptée par le 8e Congrès mondial de l’IE réuni à Bangkok, en Thaïlande, en juillet 2019.

Cette résolution demande de réaliser une « boite à outils en faveur du renouvellement syndical – un ensemble de ressources ajustables tenant compte des différences culturelles et contextuelles qui pourra aider les affiliés cherchant à engager une réflexion sur les expériences actuelles et susciter un changement organisationnel stratégique ».

Selon le nouveau guide publié par l’IE, le renouveau syndical consiste à adopter une posture constructive, en considérant qu’on peut toujours être plus efficace, dans un contexte plein de défis  : comment s'adapter aux changements profonds ? comment réinventer et repenser le fonctionnement syndical ? Le guide propose aux syndicats de l’éducation de mettre en œuvre une culture de remise en question permanente de manière collective. , de s’inspirer des idées et des pratiques menées par d’autres organisations et, pas à pas, avancer dans le cadre d’un processus de long terme.

Les points communs des syndicats forts

Le guide souligne qu’il n’existe pas de modèle de syndicat fort qu’il suffirait d’imiter, car chaque syndicat est le produit d’une histoire, il opère dans un contexte politique unique, si bien que les comparaisons doivent être effectuées avec beaucoup de prudence. Toutefois, à partir de l’observation des syndicats des différentes régions du monde, le guide définit un certain nombre de caractéristiques communes aux syndicats forts.

Le contact permanent avec les éducatrices et éducateurs à la base, sur le lieu de travail, et une excellente connaissance de leurs besoins et attentes peuvent notamment permettre de mettre en place les mesures nécessaires pour porter la parole des syndicalistes et tenter d’apporter des réponses concrètes à leurs problèmes.

Un autre facteur porteur de succès identifié par le guide est l’inclusivité, qu’il s’agisse des femmes, des jeunes, des éducatrices et éducateurs vivant dans des régions reculées, celles et ceux aux contrats précaires, autrement dit toutes les catégories habituellement sous-représentées dans les syndicats . D’autres critères importants seraient être une organisation transparente et démocratique, mieux communiquer, et construire des alliances.

Se renforcer de manière méthodique

L’IE a donc rédigé cet outil en mobilisant la diversité des expériences syndicales et en consultant affiliés et expert·e·s, pour accompagner ses organisations membres sur le chemin du renouveau syndical.

La première partie de ce document explique comment réaliser un autodiagnostic de l’organisation. L'autodiagnostic est un exercice de réflexion qui doit donner une image de la situation de l’organisation, des structures et des processus qui la composent et de la façon dont elle fonctionne dans son environnement.

La deuxième partie aide les éducateur·trice·s à vérifier où se situe le pouvoir dans le syndicat et comment il·elle·s fonctionnent le mieux en tant qu'organisation, en se posant des questions telles que : Quelles sont les forces et les faiblesses du syndicat ? Quelles opportunités et menaces proviennent de leur environnement et de la manière de faire de l’organisation ?

Et la troisième partie décrit comment définir une stratégie d'action – de l'identification des objectifs et des activités à l'évaluation et au suivi des résultats. La question clé est : quel est le changement que nous voulons réaliser ?

Cette boîte à outils est la vôtre !

Comme l’explique le guide dans son prologue, « contrairement à de nombreux acteurs mondiaux, qui sont souvent organisés du sommet vers la base, la force et la légitimité de l'Internationale de l'Éducation viennent de ses organisations membres ». C'est cette structure qui soutient ses actions et qui permet aux syndicats de l’éducation, au niveau mondial, de prendre l’initiative et d’agir en tant que voix de la profession enseignante et voix des travailleuses et travailleurs de l'éducation organisés en son cœur.

S’adressant aux organisation membres, Edwards souligne que « cette boîte à outils est maintenant la vôtre. C'est à vous, en tant que syndicats organisés et engagés, de la faire vivre, de la mettre en œuvre. »