Irak : Les éducateur·trice·s arabes demandent un investissement accru dans l’enseignement public et les enseignant·e·s
Une délégation de l’Internationale de l’Éducation (IE) s’est rendue à Bagdad, en Irak, où elle a rencontré le Président et le Premier ministre. Avec l’Iraq Teachers’ Union et des organisations membres dans les pays arabes, elle a lancé la campagne phare de l’IE La force du public : ensemble on fait école !.
Le lancement, organisé avec le soutien de l’Iraq Teachers’ Union (Syndicat iranien des enseignant·e·s, ITU), qui représente 1,2 million d’éducateur·trice·s dans le pays, s’est déroulé en présence du ministre irakien de l’Éducation, Ibrahim Names al-Jubouri, qui a souligné qu’« il est inacceptable de tirer profit du droit des enfants à l’éducation ». L’enseignement public en Irak est en pleine expansion et les enseignant·e·s constituent le principal investissement.
La campagne soutient les syndicats de l’éducation pour qu’ils s’opposent à l’austérité et à la privatisation, qu’ils contestent les coupes budgétaires dans l’éducation et qu’ils défendent des systèmes éducatifs publics de qualité et inclusifs.
La délégation, conduite par le secrétaire général de l’IE David Edwards, le vice-président de l’IE Mugwena Maluleke et la présidente de la structure interrégionale de l’IE (SIRPA) pour les pays arabes, Manal Hdaife, a rencontré le Président de la République d’Irak, le Dr Abdul Latif Rashid, et le Premier ministre, Mohamed Shia Al-Sudani.
Financer l’éducation et non la guerre
La délégation de l’IE a plaidé en faveur d’investissements dans l’enseignement public et dans un corps enseignant formé, motivé et respecté, en Irak et dans l’ensemble du monde arabe. Elle a présenté des recherches soutenant les efforts des syndicats pour développer les capacités professionnelles des enseignant·e·s par le biais d’un programme d’études amélioré.
Au cours de la réunion, le président Rashid a déclaré que « nous devons financer l’éducation et non la guerre », ajoutant que « les dépenses excessives en matière de défense se traduisent par des dépenses insuffisantes en matière d’éducation et d’autres secteurs vitaux ». Il a également déclaré que dans les pays fragiles et touchés par des conflits, comme l’Irak, les gouvernements ont tendance à dépenser près de deux fois plus pour leur armée que pour l’éducation et la santé.
Il a conclu : « Dans la région arabe où tant d’enfants n’ont pas accès à l’éducation, il est totalement inacceptable d’allouer des fonds limités à autre chose qu’à l’enseignement public ».
« Au nom de l’Irak, nous voulons que l’IE fasse entendre notre voix au Groupe de haut niveau sur la profession enseignante à New York et souligne que l’aide internationale et une partie des prêts des institutions financières internationales devraient être utilisées pour financer l’enseignement public », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre Al-Sudani a également souligné l’importance de la réforme du système éducatif et a fait remarquer que l’Irak était l’un des premiers pays à mettre en place un système éducatif avancé, « ce qui nous confère une grande responsabilité ».
Il a également souligné les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre la stratégie d’éducation (2022-2031) en coopération avec l’UNESCO, l’UNICEF et la Banque mondiale. Cette stratégie vise à développer les structures éducatives en Irak.
Il a également souligné les mises à jour apportées au programme d’enseignement, ainsi que la coopération entre les syndicats et les institutions gouvernementales impliquées dans le secteur de l’éducation, et la recherche permanente de meilleurs moyens de développer ce secteur.
Lors de cette réunion de haut niveau, le secrétaire général de l’IE, David Edwards, a souligné que l’architecture économique mondiale, avec des institutions telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, influence massivement le financement que les gouvernements peuvent consacrer à l’éducation et aux enseignant·e·s.
« Ces institutions devraient modifier leurs politiques pour assouplir les restrictions sur les dépenses d’éducation et réduire le fardeau de la dette. Par conséquent, nous devons décoloniser le financement de l’éducation si nous prenons au sérieux notre engagement envers l’Objectif de développement durable 4, qui appelle à une éducation de qualité équitable et inclusive pour toutes et tous », a-t-il ajouté.
La force du public : ensemble on fait école !
La délégation a également rencontré les syndicats de l’éducation appartenant à la structure interrégionale des pays arabes de l’IE, représentant les enseignant·e·s et les personnels de soutien de l’éducation dans 11 pays de la région, afin de lancer la campagne La force du public : ensemble on fait école ! dans la région.
« L’IE soutient fermement l’Iraq Teachers’ Union et tous les syndicats de l’éducation de la SIRPA dans leurs efforts pour faire progresser le financement de l’enseignement public dans la région arabe. Les syndicats de l’éducation au niveau mondial et dans la région arabe doivent être consultés et inclus pour atteindre ces objectifs. La négligence de l’éducation et l’impact des crises qui ont causé tant de souffrances et d’injustices ont rendu critique et urgent le fait de sauver l’enseignement public et de soutenir les professionnelles et professionnels qui en sont le cœur », a déclaré David Edwards lors de l’événement qui s’est tenu le 1er septembre.
Pour le vice-président de l’IE, Mugwena Maluleke, « la campagne La force du public : ensemble on fait école ! appelle à un investissement majeur dans les enseignantes et enseignants et les personnels de soutien, essentiel pour donner à la prochaine génération les moyens de construire une société meilleure, plus juste et plus libre ».
Manal Hdaife, présidente de la SIRPA de l’IE, a expliqué que « nous devons mettre en place un système éducatif équitable et bien financé qui responsabilise, respecte et valorise les enseignantes et enseignants et les professionnelles et professionnels de l’éducation en Irak et dans le monde. Le financement de l’éducation dans la région arabe est loin d’être suffisant. La plupart des pays consacrent moins de 6 % de leur PIB à l’éducation. Dans les pays en proie à l’instabilité et à l’état d’urgence, les fonds internationaux accordés par les donateurs pour l’éducation couvrent à peine 3,5 % du budget total ». Par conséquent, « investir dans l’éducation dans ces pays est un impératif moral », a-t-elle insisté.
Le président de l’ITU, Abbas Al Sudani, a déclaré : « La campagne La force du public : ensemble on fait école ! arrive à un moment critique pour la région arabe, où le financement de l’éducation est très insuffisant et où de nombreux pays sont confrontés à l’instabilité et à des situations d’urgence. En tant que président de l’Iraq Teachers' Union, j’ai été le témoin direct des défis auxquels sont confrontés nos éducatrices et éducateurs et de la nécessité impérieuse d’accroître les investissements dans l’enseignement public et le personnel éducatif. Cette campagne représente un effort uni pour affronter et inverser la privatisation et la commercialisation, pour plaider en faveur d’un enseignement public de qualité et inclusif, et pour renforcer l’enseignement public de qualité. Ensemble, avec le soutien de l’Internationale de l’Éducation et de ses organisations membres, nous pouvons faire la différence dans la vie de nos éducatrices et éducateurs et, en fin de compte, de nos étudiantes et étudiants. »
Les organisations membres de la SIRPA de l’IE ont donc adopté la déclaration « Funding the Future: A Call to Action for Public Education in Arab Countries » (Financer l’avenir : un appel à l’action pour l’enseignement public dans les pays arabes), dans laquelle elles demandent un investissement accru dans l’enseignement public et le personnel éducatif.