Soudan du Sud : une campagne en faveur du financement de l’éducation contribue au développement syndical
Le syndicat national des enseignant·e·s du Soudan du Sud (National Teachers Union of South Sudan – NTUSS) a entamé un processus de transition avec le lancement de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » de l’Internationale de l’Éducation (IE), une initiative qui a considérablement contribué à la croissance et au développement du syndicat.
Une campagne pour le changement
Durant six mois, de mai à septembre 2024, le NTUSS a organisé une série de sept événements dans la capitale Djouba et dans quatre états. Par des activités de campagne et de renforcement des capacités, ces actions ont permis de consolider les compétences des membres syndicaux·les en matière d’analyse des politiques, de communication et de négociation collective.
Cette campagne a été déployée dans un contexte caractérisé par de multiples crises qui ont affecté l’éducation : inondations, conflit armé, ainsi que salaires bas et versés de manière irrégulière aux enseignant·e·s. En effet, ces dernier·ère·s n’ont pas été payé·e·s depuis 11 mois au niveau fédéré et depuis 10 mois pour celles et ceux employé·e·s par le gouvernement national.
Soutenue par le Fonds de solidarité de l’IE, la campagne vise à mobiliser les membres, à améliorer la condition des enseignant·e·s, à promouvoir l’égalité de genre, ainsi qu’à créer des réseaux solides, du comté à l’échelle nationale. Par ailleurs, un autre objectif principal était de sensibiliser les membres du syndicat et les différentes parties prenantes aux 59 recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante.
Le président du NTUSS, Garang Deng Kuol Athian, a déclaré que la campagne avait eu un impact majeur sur la visibilité de son syndicat et sur l’augmentation du nombre d’adhésions :
« Grâce à cela, a-t-il ajouté, 100 enseignant·e·s supplémentaires ont adhéré à notre syndicat. De plus, des formulaires d’adhésion ont été distribués auprès de 500 enseignant·e·s de l’état du Nil Supérieur et un syndicat des enseignant·e·s du niveau fédéré y a été créé pour la première fois. » La mise en œuvre de cette campagne a également permis au NTUSS de créer et de renforcer ses structures dans certains états.
Des retards de salaire et des rémunérations insuffisantes parmi les principaux enjeux
Le NTUSS défend la mise en œuvre effective de la politique de gratuité de l’éducation inscrite dans la constitution du Soudan du Sud et reconnue dans un décret présidentiel de février 2023. Le syndicat insiste sur la nécessité de disposer de ressources adéquates, y compris des enseignant·e·s formé·e·s et motivé·e·s, pour parvenir à instaurer l’éducation gratuite de qualité financée par les pouvoirs publics. Au cours des activités de la campagne, des questions importantes ont été soulevées, parmi lesquelles les retards de salaire des enseignant·e·s, l’insuffisance des rémunérations et le besoin d’amélioration des conditions de travail.
Une campagne soutenue par les pouvoirs publics
Les autorités publiques, notamment le ministre d’État de l’Éducation, le Parlement et le Conseil des ministres, ont véritablement pris en considération les revendications de la campagne présentées par le syndicat. Lors d’un atelier qui s’est tenu le 4 juin 2024, le ministre de l’Éducation de l’Équatoria Central a promis de présenter un rapport au gouverneur et a demandé au NTUSS de proposer un budget pour l’organisation d’une convention du syndicat des enseignant·e·s du niveau fédéré. Par ailleurs, les élu·e·s invité·e·s se sont engagé·e·s à partager le compte-rendu de l’atelier avec leurs collègues au parlement national et à plaider en faveur d’une amélioration des conditions de travail des enseignant·e·s.
Le gouvernement de l’Équatoria-Central ayant promis d’organiser des élections syndicales pour la profession enseignante dans l’état, le NTUSS espère qu’une convention pourra être adoptée et appliquée à la fin du mois d’octobre 2024, selon Garang Deng Kuol Athian.
Des perspectives de pérennité
Le NTUSS entend parvenir à une autonomie financière grâce aux cotisations de ses membres afin de garantir la pérennité de son travail de plaidoyer en faveur du financement de l’éducation et de la protection des enseignant·e·s. En demandant des comptes au gouvernement et aux organisations internationales concernant le financement adéquat de l’éducation, le syndicat continue de défendre le droit de chaque élève sud soudanais·e à bénéficier d’une instruction dispensée par un·e enseignant·e qualifié·e et motivé·e.
Une campagne comme outil de recrutement et d’expansion
En outre, M. Kuol Athian a souligné l’importance de la campagne : « Toutes et tous les responsables et dignitaires invité·e·s prennent note de cette campagne et cela se voit dans leurs présentations ». Il a également mis en avant l’accueil positif des enseignant·e·s, relevant que « l’ensemble des enseignants et enseignantes ayant participé au programme de renforcement des capacités et de campagne a été très satisfait. Leur implication, la manière qu’ils et elles ont eu de poser des questions et de faire des propositions, ainsi que leur engagement à apporter une contribution positive en sont la preuve ».
Depuis sa création, le NTUSS est un fervent défenseur de l’éducation au Soudan du Sud. Ses visites communautaires, soutenues par la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, ainsi que son partenariat avec le syndicat national des enseignant·e·s de l’Ouganda (Uganda National Teachers’ Union) lui ont permis de renforcer sa stratégie et son indépendance.
La participation du NTUSS à la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » contribuera à consolider ses efforts de sensibilisation au financement de l’éducation et à la pénurie d’enseignant·e·s et favorisera la mise en œuvre de la politique d’éducation gratuite au niveau national.