Le 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education, réuni à Buenos Aires, Argentine, du 29 juillet au 2 août 2024 :
Prend acte de ce qui suit :
En tant que représentantes et représentants des syndicats des personnels l’éducation dans le monde entier, nous nous unissons pour défendre les droits fondamentaux des éducatrices et éducateurs, notamment le droit d’organiser et de se syndiquer.
Le Congrès estime que :
Ces droits sont non seulement essentiels pour le bien-être des personnels de l’éducation, mais sont également cruciaux pour favoriser une éducation de qualité et des sociétés durables dans le monde entier. Cependant, nous sommes profondément préoccupé·es par l’escalade des attaques contre les droits syndicaux, qui menacent le fondement même de notre profession et les droits des personnels au niveau international.
Les syndicats ont historiquement joué un rôle essentiel dans la défense des droits et des intérêts des personnels de l’éducation à l’échelle mondiale. Qu’il s’agisse de défendre des salaires équitables et des conditions de travail décentes ou de plaider en faveur de politiques éducatives inclusives, les syndicats sont en première ligne pour garantir un environnement propice à l’enseignement et à l’apprentissage.
Le Congrès estime en outre que :
En dépit de leur rôle vital, les syndicats restent confrontés à de sérieuses difficultés dans l’exercice de leurs missions et à des attaques contre leur légitimité dans divers pays et régions.
La solidarité entre éducateurs et éducatrices partout dans le monde est importante face à la remise en cause croissante des droits syndicaux. En s’unissant, les personnels de l’éducation peuvent faire entendre leur voix et plaider en faveur de politiques qui défendent la dignité et les droits des personnels partout dans le monde.
Le Congrès prend note de ce qui suit :
L’Indice des droits dans le monde 2023 montre que les principales mesures de violation des droits des travailleurs ont atteint des sommets. Neuf pays sur dix ont violé le droit de grève, 77% des pays ont interdit aux travailleurs de créer ou d’adhérer à un syndicat et le droit à la liberté d’expression et de réunion a fait l’objet de restrictions dans 42% des pays. Il y a une augmentation des mesures juridiques et des réglementations adoptées par les gouvernements qui entravent ou empêchent le plein exercice du droit de grève.
En Iran, plus de 230 enseignants et enseignantes ont été arrêté·es pour avoir participé aux manifestations nationales du 1er mai 2022, les forces de sécurité armées ayant chargé des groupes et frappé et arrêté des participant·es.
Mbongwa Dlamini, président de l’Association nationale des enseignant·e·s du Swaziland (SNAT), a été contraint à l’exil à la suite des menaces des forces de sécurité de s’en prendre à lui, dans le sillage de l’appel à la grève lancé par son syndicat le 8 août 2022. En octobre 2022, le gouvernement a suspendu le salaire de M. Dlamini sans justification et a refusé la retenue de la cotisation syndicale à la source pour les membres nouvellement recrutés par la SNAT.
Au Royaume-Uni, le démantèlement des syndicats, les tentatives d’introduction d’une législation limitant le droit de grève, notamment dans le secteur de l’éducation, et les violations des conventions collectives sont devenus systématiques.
En Argentine, le nouveau gouvernement a mis en œuvre des mesures visant à restreindre le droit à la lutte sociale et la liberté d’expression, et à limiter la capacité de la population à exercer son droit de pétition auprès des autorités gouvernementales.
Le Congrès condamne :
Toutes les formes d’attaques contre les droits syndicaux, y compris les mesures législatives, les actions administratives et la propagande antisyndicale, qui ont lieu dans plusieurs pays. Ces attaques portent atteinte aux droits fondamentaux des personnels de l’éducation et menacent l’intégrité de la profession enseignante.
Le Congrès salue :
La publication par l’Internationale de l’Education du Manuel pour les droits syndicaux, qui vise à donner aux syndicats de l’éducation les moyens de formuler des arguments en cas de violation de leurs droits et de défendre ces arguments en s’appuyant sur les droits fondamentaux de la communauté mondiale.
Le Congrès exhorte :
Les gouvernements et les organisations internationales à faire respecter et appliquer les normes internationales du travail, y compris le droit à la liberté syndicale et à la négociation collective, tel qu’il est inscrit dans les conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Ces normes sont essentielles pour protéger les droits des travailleur·euse·s, notamment les personnels de l’éducation, et pour garantir des conditions de travail justes et équitables partout dans le monde.
La communauté internationale, notamment les gouvernements, les organisations internationales et de la société civile, doit soutenir les syndicats d’enseignant·e·s dans leurs efforts pour défendre les droits syndicaux et promouvoir une éducation de qualité pour toutes et tous. L’action collective est essentielle pour préserver les droits des personnels et assurer la prospérité future des sociétés dans le monde entier.
Les organisations membres doivent systématiquement documenter et dénoncer les mesures juridiques adoptées pour empêcher ou entraver le droit de grève, ainsi que les stratégies syndicales pour contrer ces mesures.
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