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Le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation aborde des questions essentielles pour l’éducation et fixe des priorités mondiales

Publié 29 novembre 2024 Mis à jour 9 décembre 2024

Le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation (IE) a réaffirmé son engagement en faveur d’un enseignement public inclusif, souligné une nouvelle fois l’importance d’une solidarité mondiale, de l’éducation à la paix et au changement climatique et renouvelé son appel à revaloriser la condition de la profession enseignante.

Réunie à Bruxelles, en Belgique, la direction de l’IE a approuvé les résolutions en suspens du 10e Congrès mondial, fixé les priorités stratégiques de l’Internationale de l’Éducation pour les prochaines années et publié une déclaration sur la crise climatique. L’un des faits saillants de la réunion a été un message d’Amina Mohammed, qui s’est adressée directement aux membres et a félicité l’IE pour son travail à travers le monde.

Président de l’IE : La mission de cette génération est de protéger et de promouvoir l’éducation par l’unité et la solidarité

Le Président de l’IE, Mugwena Maluleke, a ouvert la réunion en réitérant la détermination des membres du Bureau exécutif à poursuivre le travail de l’Internationale de l’Éducation dans le monde : « Le 10e Congrès mondial de l’IE nous a donné un mandat clair que nous nous engageons à exécuter avec humilité. L’unité et la solidarité relèvent maintenant de notre responsabilité. »

« Notre mission est claire », a-t-il expliqué : « Protéger et promouvoir l’éducation, même dans les situations les plus délicates. Notre génération doit faire en sorte que l’éducation soit une lueur d’espoir et une voie vers un avenir meilleur. Le combat pour l’éducation est un combat pour l’humanité. La solidarité est capitale. »

Il a conclu son allocution en déclarant que « nous ne sommes pas seuls à mener ce combat. Lorsque nous étions réunis à Buenos Aires, la force de notre solidarité était manifeste. »

Vice-secrétaire générale des Nations Unies : L’unité et le courage des éducateur·trice·s sont un phare pour le monde

S’adressant au Bureau exécutif de l’IE, la Vice-secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, a insisté sur la nécessité d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) :

« Nous voulons moins de guerres et plus de paix. Les enseignants et enseignantes conduisent le changement dont nous avons besoin dans les salles de classe et les sociétés. En Afghanistan, au Soudan, au Liban, les gens veulent garder espoir dans l’éducation. Vous êtes les leaders dans la salle de classe. Vous êtes aux avant-postes des changements sociaux dans un monde imprévisible », a-t-elle déclaré dans son allocution.

Mme Mohammed a remercié l’IE pour son travail et son engagement envers les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, qui appellent tous les gouvernements à adopter des réformes afin de remédier à la pénurie mondiale de personnel enseignant et d’améliorer les conditions de travail des enseignant·e·s et des personnels de l’éducation.

« Nous vivons des temps difficiles, mais, ensemble, nous pouvons y arriver. Nous avons besoin de solidarité pour garantir la dignité de chaque vie sur cette planète. Vous êtes une voix puissante pas uniquement pour les enseignants et enseignantes, mais aussi pour les gens. Votre unité et votre courage sont un phare pour le monde. Nos dirigeants mondiaux pourraient apprendre beaucoup de l’Internationale de l’Éducation », a-t-elle conclu.

Rapport d’activité du secrétaire général de l’IE

Faisant rapport sur les activités menées depuis le Congrès mondial, le secrétaire général de l’IE, David Edwards, s’est concentré sur la solidarité, la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! », les plaidoyers dans les enceintes internationales, les activités régionales et le travail de recherche et d’élaboration des politiques.

La campagne « La force du public: ensemble on fait école ! » « a réellement résonné et a été approuvée lors du Congrès », a-t-il déclaré. « La campagne donne des résultats concrets et réels en termes de solidarité et d’organisation », a-t-il ajouté, tout en insistant sur le renforcement des capacités et l’organisation dans les différentes régions.

En ce qui concerne la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants 2024, M. Edwards a communiqué des détails sur la participation de l’IE à l’événement officiel de l’UNESCO sur le thème d’un nouveau contrat social pour l’éducation et la valorisation des voix des enseignant·e·s. L’IE était également présente à des événements organisés au niveau régional, où elle a mis en lumière la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » ainsi que les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante.

Il a poursuivi en soulignant la solidarité exprimée au sein de la communauté mondiale des syndicats de l’éducation avec les collègues, élèves et populations de Palestine, du Liban, d’Eswatini, du Guatemala et d’ Iran.

Dans son rapport, le secrétaire général a également mentionné le travail accompli par les différentes régions de l’IE, qui continuent de s’engager aux côtés des membres et de répondre aux besoins des affilié·e·s.

Évaluation du 10e Congrès mondial de l’IE

Les membres du Bureau exécutif ont également procédé à une évaluation du 10e Congrès mondial, qui s’est tenu à Buenos Aires, en Argentine, et ont rappelé qu’il s’agissait d’un moment politique puissant de solidarité et d’unité essentielles. Le Bureau exécutif a tout particulièrement exprimé sa gratitude envers les organisations membres argentines qui ont largement dépassé les espérances en termes d’accueil, en dépit des persécutions politiques auxquelles elles font face. Des idées et des options ont également été discutées afin d’améliorer les futurs congrès et de tirer les enseignements de l’expérience positive exprimée par les délégué·e·s.

Adoption des résolutions

Le Bureau exécutif a aussi examiné les résolutions en suspens qui n’ont pas été débattues à Buenos Aires en raison de contraintes de temps. Les neuf résolutions suivantes ont été adoptées :

  • Défense des droits syndicaux et d’organisation.
  • Liberté syndicale en tant que droit fondamental.
  • Proposition visant à mettre en œuvre un cadre de collaboration dans le secteur de l’éducation.
  • Réorganisation et innovation en tant qu’outils de renforcement du mouvement syndical.
  • Les syndicats rejettent les politiques d’austérité et les coupes budgétaires qui en découlent dans le secteur de l’éducation.
  • Une nouvelle approche du handicap.
  • Réaliser l’ODD4 et scolariser davantage de filles.
  • Réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en s’attaquant au fléau de la violence sexiste dans les communautés et les établissements scolaires.
  • La nécessité urgente d’intensifier les actions de lutte contre le travail des enfants et l’éducation en tant que réponse aux reculs massifs dus à des choix politiques, à la pandémie, aux conflits et au changement climatique.

Plan stratégique 2025-2029 de l’IE

Le Bureau exécutif a également discuté et adopté un plan stratégique pour les cinq prochaines années en vue « de nous organiser pour faire croître et renouveler un mouvement syndical inclusif et représentatif, armé pour défendre et faire avancer avec force » :

  1. La condition (et le bien-être) de nos professions.
  2. Un enseignement public de qualité pour tous et toutes.
  3. Les droits humains et syndicaux, l’égalité des genres et la justice sociale.
  4. La paix, la démocratie et la justice climatique.

Prochain rapport mondial sur la condition du personnel enseignant

Un aperçu du Rapport mondial sur la condition du personnel enseignant 2024 a été présenté aux membres du Bureau exécutif de l’IE par les chercheurs Ben Arnold et Mark Rahimi. Cette étude, menée dans 121 pays, rassemble les points de vue de 204 diriegeant∙e∙s syndicaux∙ales de haut rang afin de brosser un tableau mondial et régional des perspectives syndicales.

Le rapport souligne que, dans le monde, les gens considèrent que les enseignant·e·s jouent un rôle crucial dans la société et que l’enseignement devrait être totalement public. Il dresse une liste des obstacles juridiques et pratiques qui empêchent les enseignant·e·s de faire valoir leurs droits, en insistant sur les pénuries d’enseignant·e·s, les droits des enseignant·e·s et le dialogue social, les conditions de travail et le bien-être des enseignant·e·s, ainsi que l’éducation en tant qu’outil d’équité et bien public.

Parmi les causes profondes des pénuries d’enseignant·e·s, le rapport cite les bas salaires, les charges de travail élevées et les perspectives limitées d’évolution de carrière.

L’IE présentera officiellement le rapport le 24 janvier 2025 à l’occasion de la Journée internationale de l’éducation.

Solidarité avec les syndicalistes de l’éducation aux États-Unis

Les membres du Bureau exécutif ont également parlé avec des dirigeant·e·s de syndicats de l’éducation des États-Unis et ont fait part de leur solidarité avec leurs collègues à la suite de la réélection de Donald Trump à la Présidence.

La présidente de la National Education Association (NEA), Becky Pringle, a indiqué que « nous ne sommes malheureusement pas étonnés du degré de peur, de haine, de racisme, de misogynie et d’homophobie, compte tenu de l’étendue de la désinformation et des fausses informations qui ont circulé pendant la campagne électorale ». Elle a ajouté que « cela nous affectera toutes et tous à travers le monde. Trump a clairement déclaré qu’il allait s’en prendre aux syndicats de la fonction publique. Nous savons que nous figurons sur cette liste de cibles. »

La NEA ne va pas rester les bras croisés, insiste Mme Pringle : « Nous allons commencer par combattre en appliquant les stratégies et les actions que nous avons élaborées ces huit derniers mois. Nous élaborons également des stratégies juridiques pour protéger les personnes et les minorités et pour appliquer la Constitution des États-Unis. Nous avons un programme volontariste en vue de renforcer et de promouvoir l’enseignement public. Nous en sortirons plus fortes et forts ! »

Randi Weingarten, présidente de l’ American Federation of Teachers (AFT), l’a reconnu : « Il est décevant qu'une Administration pour et avec laquelle vous avez travaillé, qui croyait en l’éducation et a consacré un important capital politique à l’importance de l’enseignement et des salles de classe, doive s’en aller ».

Elle a ajouté que, selon elle, la situation actuelle est « un combat pour le respect et la dignité de toutes et tous ». Mme Weingarten a par ailleurs déclaré que son syndicat se tiendra aux côtés des collègues qui ont rencontré ou rencontrent des difficultés similaires en Pologne, aux Philippines, au Royaume-Uni et ailleurs.

Déclaration de l’IE à la COP29

La réunion coïncidant avec la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Bakou (Azerbaïdjan), le Bureau exécutif a adressé un message fort aux dirigeant∙e∙s mondiaux∙ales et réaffirmé l’engagement de l’IE en faveur de la justice climatique, de l’éducation au climat et de systèmes éducatifs résilients pour toutes et tous. Le Bureau exécutif a appelé la COP29 « à accorder la priorité à la mise en œuvre complète du programme de travail pour une transition juste, à inclure la transition juste dans le nouvel objectif collectif quantifié sur le financement pour le climat et à garantir les droits humains et une participation inclusive, les syndicats étant des partenaires clés dans l’élaboration des politiques climatiques au travers du dialogue social ». Il a insisté sur le fait que les responsables politiques présents à la COP doivent tenir compte de l’éducation dans les stratégies climatiques.

Dans la perspective de la COP30, les membres du Bureau exécutif ont exhorté tous les pays à préparer des contributions déterminées au niveau national qui contiennent des engagements plus ambitieux visant à mettre un terme à l’utilisation des combustibles fossiles, des engagements sur des politiques de transition juste et des engagements en faveur d’une éducation verte. Ils ont également demandé aux pays de « collaborer avec les syndicats de l’éducation pour définir des contributions nationales révisées incluant des plans conformes à la feuille de route sur une éducation de qualité au changement climatique présentée dans le Manifeste de l’Internationale de l’Éducation ».