L’Internationale de l’Éducation insuffle de l’espoir à des milliers d’enfants anciennement astreints au travail
Le projet de l’Internationale de l’Éducation « Promouvoir le dialogue social en vue d’éradiquer le travail des enfants et de renforcer une éducation de qualité » a remporté des victoires importantes en 2024 en ramenant sur les bancs de l’école 1.880 enfants qui avaient été mis au travail dans six pays participants, à savoir le Burundi, le Malawi, le Mali, l’Ouganda, le Togo et le Zimbabwe. Ce projet est mis en œuvre avec le soutien de l’AOb, de Mondiaal FNV des Pays-Bas et de la Fair Childhood Foundation du GEW d’Allemagne.
Une des clés de ce succès a été la formation complète dispensée à 505 enseignant·e·s et chef·fe·s d’établissement (320 hommes et 185 femmes) dans les pays précités. Ces cours de développement professionnel et ces séminaires de sensibilisation étaient axés sur les droits de l’enfant et sur la problématique du travail des enfants et insistaient tout particulièrement sur l’égalité des genres. Les enseignant·e·s ont déclaré que ces formations leur ont « ouvert les yeux » et leur ont mieux fait comprendre le travail des enfants, la distinction entre l’exploitation des enfants par le travail et les travaux ordinairement effectués par des enfants, ainsi que la réglementation nationale et internationale pertinente en matière de droits de l’enfant.
Le contenu de la formation était adapté aux contextes particuliers de chaque pays. Les enseignant·e·s ont témoigné pendant des visites de l’IE que s’il∙elle∙s avaient déjà entendu parler du travail des enfants, il∙elle∙s ne savaient pas exactement de quoi il retournait. Il∙Elle∙s se sont senti·e·s autonomisé·e·s par les formations suivies.
Une enseignante burundaise, Selami Mwajuma, a déclaré :
« La formation syndicale nous a ouvert les yeux sur la législation burundaise en matière de travail des enfants. Je ne savais pas, par exemple, que nous ne pouvions pas employer une personne de moins de 18 ans comme aide domestique à la maison. Je me suis engagée à ne pas le faire. En tant qu’enseignants et enseignantes, nous devons donner l’exemple et respecter les droits des enfants. »
Parmi les résultats communs des formations, nous pouvons mentionner le fait que les enseignant·e·s ont développé une plus grande capacité à rechercher les élèves qui ont décroché ou à détecter ceux qui sont à risque et à mettre en place des mesures préventives. En Ouganda, l’ Uganda National Teachers Union (Syndicat national des enseignant∙e∙s d’Ouganda-UNATU) a même élaboré un « traceur » pour les enfants déscolarisés. Par ailleurs, les formations ont encouragé l’adoption d’approches pédagogiques respectueuses de l’enfant, conduisant à l’abolition des châtiments corporels et à l’abandon de l’utilisation des enfants par les enseignant·e·s pour effectuer des tâches en lien avec le travail.

Des pédagogies encourageant un apprentissage actif et créant un environnement de classe plus engageant ont également été encouragées. Cela inclut l’interdiction de toute violence physique et verbale, en faisant preuve de gentillesse et de patience à l’égard des élèves et en reconnaissant leurs difficultés.
Les enseignant·e·s ont également davantage pris conscience des questions de genre et de la violence sexiste en milieu scolaire, ce qui a conduit à des cultures scolaires plus inclusives et à des installations sanitaires améliorées pour les filles dans certaines régions. Au Malawi, 65 enseignant·e·s ont été formé·e·s à l’approche SCREAM (soutenir les droits de l’enfant par l’éducation, les arts et les médias) et ils sont désormais capables de défendre les droits de l’enfant par des activités créatives. Grâce à ces changements, les enseignant·e·s ont été perçu·e·s comme plus abordables par les élèves et leurs parents, ce qui a entraîné une plus grande implication des parents dans les activités scolaires.
La participation de la communauté éducative au sens large, au-delà des enseignant·e·s, a été cruciale pour faire revenir ces élèves à l’école. Des chef·fe·s d’établissement ont également pris part aux formations et les connaissances acquises ont souvent été partagées avec l’ensemble de la communauté scolaire.

Au Mali, les enseignant·e·s des écoles participant au projet se sont porté·e·s volontaires pour donner des cours de rattrapage aux enfants qui avaient été astreints au travail. Des classes de rattrapage similaires, soutenues par le projet, ont aussi vu le jour au Malawi et au Burundi. Au Zimbabwe, l’introduction d’enseignant·e·s d’accueil – spécialement formé·e·s pour accueillir et réintégrer les enfants qui ont quitté l’enseignement formel pendant de longues périodes – ont apporté un soutien personnalisé essentiel.
La directrice de l’école primaire de Goromokwa au Zimbabwe a témoigné de l’impact de l’initiative, en déclarant :
« Je travaille dans cette école depuis 18 ans. Grâce à ce projet, pour la première fois, nous avons reçu un soutien important de notre conseiller. Lorsque je l’ai informé que des enfants décrochaient parce qu’ils avaient faim, il m’a donné un sac de 50 kg de semences de maïs. Il a également fourni du ciment pour que les parents puissent construire des blocs sanitaires pour les élèves. »
Les efforts de collaboration entre les enseignant·e·s, les comités de direction des établissements, les associations parents-enseignant·e·s et les responsables locaux, qui ont également été sensibilisés et parfois formés par les syndicats, ont créé un environnement propice au retour des enfants dans le système éducatif.
Cette responsabilité collective et le dévouement de la communauté scolaire, alimentés par les connaissances et la motivation acquises par les formations du projet, ont permis de faire revenir un nombre élevé d’élèves sur les bancs de l’école. Par ailleurs, la création de clubs des droits de l’enfant, impliquant 797 élèves dans les six pays participants, a donné aux élèves les moyens de devenir des défenseurs actifs de leurs droits, en sensibilisant leurs écoles et leurs communautés respectives grâce à des activités comme du théâtre de rue. La synergie des actions menées par ces communautés récemment sensibilisées a été un moteur clé d’un changement réel.