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Internationale de l'Education
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Grèce: solidarité avec les enseignant(e)s

Publié 15 mai 2013 Mis à jour 17 mai 2013

L'IE et sa branche européenne, le CSEE, ont exprimé leur solidarité avec les enseignant(e)s grec(que)s et leur syndicat dans leur appel au maintien du droit de grève. Le Secrétaire général de l’IE Fred van Leeuwen a demandé formellement au Premier ministre grec Samaras de maintenir les droits civils des enseignant(e)s dans l'intérêt du système d’éducation en Grèce.

La Grèce fait face à un programme d'austérité sans précédent, imposé dans le cadre des conditions de mise sous tutelle élaborées par la Troika (Fonds monétaire international [FMI], Commission européenne et Banque centrale européenne). Le syndicat d’enseignants OLME affirme que les coupes budgétaires liées à la période d'austérité détruisent l'état-providence, ce qui entraîne des conséquences tragiques pour l'éducation et l'ensemble de la société.

Les conventions de l'OIT doivent être respectées

L'IE et ses membres ont toujours pensé que les recommandations des institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale, l'Union européenne ou les banques de développement doivent prendre en compte les obligations des Etats concernant les conventions de l'Organisation internationale du Travail (OIT). Les accords collectifs doivent être respectés et toutes les mesures de stabilisation économique, principalement celles liées aux normes du travail et aux salaires, ne sont admissibles qu'à condition d'avoir préalablement fait l'objet de consultations avec les travailleurs/euses et d'être appliquées comme des mesures exceptionnelles et limitées dans le temps.

Les changements imposés dans le cadre des conditions pour le soutien financier de la Troika, sous les termes du Mémorandum des Politiques Economiques et Financières (MPEF), ont fondamentalement modifié la structure de négociation et déstructuré un système qui avait évolué depuis 1990.

Coupes, gels et licenciements

L'IE et le CSEE ont déjà condamné les lourdes réductions des salaires et des pensions, ainsi que le gel des taux pour au moins trois ans, les licenciements en masse des enseignant(e)s, les coupes budgétaires dans le secteur de l'éducation et les autres mesures qui mettent en péril l'avenir des grec(que)s.

Le pays a connu une diminution de 60 pour cent du financement des comités scolaires et les parents doivent contribuer davantage sur le plan financier. De nombreuses écoles ne seront pas en mesure d'acheter du mazout de chauffage en hiver. Près de 2.000 unités scolaires seront fusionnées dans les secteurs primaire et secondaire, sans aucun dialogue préalable avec la profession enseignante et les communautés locales. D'autres fermetures et fusions auront lieu à l'avenir. De nombreux autres personnels de soutien à l'éducation, services spéciaux de l'éducation comme les écoles de sports, les bibliothèques, les écoles de soutien spécial, les centres de jeunesse, les cours d'art, d'éducation civique et d'informatique ont été supprimés.

Nombre d’enseignant(e)s en baisse

Alors que la taille des classes et les heures d'enseignement augmentent, le nombre d’enseignant(e)s est en baisse. Entre les années académiques 2010 et 2011, on constate une diminution de 12 pour cent de la force enseignante. Il y a aujourd'hui 16.000 enseignant(e)s de moins. Bon nombre d'enseignant(e)s sans emploi signent à présent des contrats de service avec des organisations non gouvernementales. Leurs services sont alors contractés par les municipalités.

Les travailleurs/euses du secteur public ont jusqu'à présent bénéficié du droit de grève, même s'ils/elles doivent respecter une période de préavis de quatre jours. La tentative du gouvernement d'empêcher les syndicats d'exercer leur droit à l'action de grève constitue une atteinte aux droits civils et démocratiques fondamentaux des enseignant(e)s. Initialement prévu pour les situations liées aux catastrophes naturelles ou aux guerres, l'ordre de mobilisation du gouvernement menace les enseignant(e)s du pays d'emprisonnement ou de licenciement en cas de désobéissance.

Les points de vue de l'IE et de l'OCDE

Le Secrétaire général de l'IE a demandé au gouvernement grec de renforcer la démocratie en écoutant les partenaires sociaux via un dialogue social institutionnel amélioré.

Lors du Sommet international des enseignant(e)s de l'OCDE et de l’IE en avril 2013, l'OCDE a clairement déclaré que« plus le système éducatif d'un pays est performant, plus ce pays est susceptible de travailler de manière constructive avec ses syndicats et de traiter ses enseignants comme des partenaires professionnels dignes de confiance.» Les pays les plus performants sur le plan des mesures éducatives internationales ont presque tous des syndicats de l'éducation puissants. C'est le cas par exemple en Finlande, au Japon, au Canada et en Australie.

Pendant ce temps, les enseignant(e)s grec(ques)s et leurs syndicats poursuivent leur lutte pour conserver leurs droits sur le lieu de travail, mu(e)s par leur volonté fondamentale de préserver la qualité de l’éducation.