Projet pour des éducateurs de qualité: Les enseignants améliorent leurs compétences grâce à la coopération au développement
En partenariat avec l’organisation hollandaise Oxfam NOVIB, l’IE a développé un programme pour des « éducateurs de qualité pour tous », plus connu sous le nom de « Projet Quality-Ed ». Son objectif est d’aider les autorités publiques à prendre leurs responsabilités dans l’apport d’une éducation publique de qualité.
Le projet Quality-Ed vise à établir des relations entre les autorités de l’éducation et d’autres acteurs, en particulier les syndicats d’enseignants, afin d’établir un profil de compétences des enseignants, de développer un programme se concentrant sur les compétences utiles pour la vie courante, et de soutenir les programmes de formation pour les enseignants en école primaire non-qualifiés dans l’éducation formelle et non-formelle.
« Le programme a deux avantages majeurs », explique Gaston De la Haye, responsable du programme Quality-Ed à l’IE. « Tout d’abord, il apporte une valeur ajoutée en termes de développement professionnel des enseignants en permettant aux syndicats enseignants de partager leur expertise et de se ‘réapproprier’ leur profession grâce au rôle important qu’ils jouent dans ce projet. Particulièrement dans le développement du profil de compétences des enseignants, la révision du programme de formation et du programme se concentrant sur les compétences utiles pour la vie courante. »
« Le second avantage est que les syndicats renforcent leur position de partenaires sociaux dans les négociations sur les conditions de travail et d’enseignement », précise-t-il.
« Il ne s’agit pas seulement de former les enseignants non-qualifiés ou sous-qualifiés ou d’harmoniser leur statut. Les syndicats auront aussi l’occasion de jouer leur rôle dans la négociation des salaires et de conditions de travail décentes pour leurs membres », conclut De la Haye.
Le programme a été lancé en novembre 2007 en Ouganda et au Mali et les deux projets pilotes ont produit des résultats admirables.
« Dans ces deux pays, nous avons pu rassembler tous les acteurs du monde de l’éducation, notamment les ministères de l’Education, les syndicats et les organisations de la société civile en tant que participants au projet », fait remarquer De la Haye.
La responsable de projet chez Oxfam NOVIB, Liana Gertsch explique que pour son organisation, « ce projet fait intégralement partie de son travail sur les droits humains et l’équité sociale. Le droit aux services essentiels, tels qu’une éducation de qualité, fait partie intégrante de la responsabilité du gouvernement envers ses citoyens. »
« Nous accueillons positivement cette opportunité que constitue Quality-Ed pour continuer à contribuer à un lien entre l’éducation formelle et non-formelle, afin que chaque enfant ait un accès égal à une éducation publique de qualité, en commençant le travail avec les éducateurs en tant que pierre angulaire de la qualité tout au long du processus éducationnel », déclare-t-elle.
Gertsch précise que « Quality-Ed vise à accroître la proportion de femmes recrutées pour former les enseignants et à soutenir les femmes en cours de formation. L’UNESCO a rapporté des taux très élevés d’attrition que l’on retrouve souvent dans la profession d’enseignants. On ne sait pas toujours à quel point ces taux sont relatifs au genre. Toutefois, nous savons, grâce à notre expérience au Mali et en Ouganda, que les taux d’attrition sont élevés chez les femmes, même lors de la formation. Un point de départ indispensable pour des éducateurs de qualité est de définir les compétences que les enseignants féminins et masculins doivent maîtriser afin d’activement promouvoir l’égalité des genres dans leur pratique enseignante. »
D’après Sylvia Borren, directrice indépendante du programme, « les syndicats peuvent en retirer des avantages : ils peuvent augmenter leur nombre d’affiliés en incluant parmi leurs membres des enseignants non-formels et en créant une situation où tout le monde est gagnant en les formant et en réduisant ainsi la pénurie d’enseignants. Cela diminuera la taille des classes qui est d’une importance cruciale aussi bien pour les enseignants que pour les élèves. »
Ainsi, « par des cours portant sur les compétences utiles pour la vie courante, les enseignants et les élèves peuvent être encouragés à enseigner et à apprendre ce qui est d’une importance vitale dans le contexte local », ajoute Borren. « Cela peut aller de la culture de ses propres légumes aux soins à apporter aux bébés, en passant par à la façon d’éviter d’attraper le virus VIH ou d’empêcher la violence contre les femmes. »
Les partenaires travaillent désormais sur un processus visant à réviser le profil de compétences des enseignants. Cela apportera aux enseignants en exercice ou en formation les connaissances générales et les compétences pédagogiques, sociales et psychologiques nécessaires afin d’adapter leur pratique aux besoins de chaque élève, tout en respectant les objectifs d’apprentissage collectifs du groupe.
L’IE et Oxfam espèrent assurer un financement supplémentaire afin d’étendre le projet Quality-Ed à d’autres régions et pays.
Par Claude Carroué.
Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 34, juin 2010.