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Les syndicats de l'éducation du monde entier rendent hommage aux enseignants et enseignantes victimes de la COVID-19 et réclament des conditions de travail sûres dans l'éducation

Publié 20 octobre 2021 Mis à jour 4 novembre 2021

À l'occasion de la Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre, des syndicalistes de l'éducation des quatre coins du monde se sont réunis pour rendre hommage aux enseignantes et enseignants et au personnel de soutien à l'éducation victimes de la pandémie de COVID-19, pour honorer leur héritage, et pour réclamer des conditions de travail sûres dans l'éducation. Ils ont également rappelé la nécessité d'investir davantage dans la profession enseignante pour assurer une éducation de qualité et des sociétés durables.

Les syndicats de l'éducation ont marqué la Journée mondiale des enseignants en se joignant à l'Internationale de l'éducation pour rendre un vibrant hommage aux enseignantes et enseignants disparus au cours de la pandémie.

Ils ont également organisé des événements au niveau local pour défendre les intérêts de leurs membres.

En Afrique, le gouvernement du Cap-Vert a promis de résoudre les problèmes en suspens concernant les enseignants d'ici 2023. C'est ce qu'a confirmé le ministère de l'éducation lors d'une réunion organisée à l'occasion de la Journée mondiale des enseignants avec la Federaçao Caboverdiana dos Professores (FECAP).

Durant la réunion, le syndicat a insisté sur la revalorisation des carrières des enseignants à tous les niveaux de l'enseignement, afin d’améliorer les conditions de travail et de réduire le ratio élèves/professeurs pendant la pandémie. La FECAP a présenté au ministre de l’Éducation, Amadeu Cruz, une série de mesures destinées à améliorer l'exercice de la profession d'enseignant et la qualité de l'éducation. Ces propositions comprenaient une nouvelle échelle de salaires et la promotion automatique de tous les enseignants.

En Eswatini, dans un discours prononcé devant la Swaziland National Association of Teachers (SNAT), Phumzile Hlophe, secrétaire national de l'UNESCO, a loué « le soutien indéfectible et l'appui résolu des enseignants au cours de cette période de COVID-19. L'UNESCO a pu constater les efforts des enseignants ».

En Afrique du Sud, le syndicat South African Democratic Teachers' Union (SADTU) a regretté de devoir "célébrer la Journée mondiale des enseignants, pour la deuxième fois consécutive, sous le signe de la pandémie dévastatrice de la COVID-19 qui a causé d'innombrables perturbations dans la scolarité, l'économie et la vie en général". Le syndicat a affirmé que, "pour que le pays soit plus productif, nous avons besoin de travailleurs plus instruits : le gouvernement doit investir dans le développement des ressources humaines, et les enseignants jouent un rôle crucial dans la formation de cette main-d'œuvre instruite et qualifiée".

De nombreux enseignants et enseignantes dans toute l'Afrique du Sud se sont réunis pour rendre hommage à leurs collègues et amis disparus, en les célébrant avec des slogans tels que : "Ils sont partis mais on ne les oublie pas", "Leur contribution à la profession ne sera pas oubliée", ou encore "Héros tombés au combat".

Dans les pays arabes, en Irak, le Kurdistan Teachers' Union (KTU) et l'université de Cihan ont célébré la Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre, et la Journée des enseignants du Kurdistan, le 6 octobre. Lors d’une cérémonie conjointe, les dirigeants ont souligné le rôle crucial des enseignants pour assurer un meilleur avenir à la communauté. La contribution des enseignants qui partent à la retraite a été reconnue et les participants ont honoré la mémoire de plus de 70 enseignants décédés.

Au cours de la cérémonie, le président de l'université de Cihan, le Dr Nawzad Yahya Bajger, a salué le rôle des enseignants "pour éduquer et élever la communauté vers un niveau supérieur".

Le Président de KTU, Abdalwahed M. Haje, a ajouté : "Si nous voulons que la société fonctionne, le gouvernement doit inscrire l'enseignement et les études supérieures parmi les priorités de son programme et leur attribuer un budget adéquat."

En Jordanie, les enseignants ont milité pour leurs droits à l'occasion de la Journée mondiale des enseignants. Ils ont demandé à leur gouvernement de cesser le harcèlement à l’encontre des enseignants et des syndicalistes et de respecter les normes internationales du travail, notamment en réintégrant les enseignants licenciés abusivement et en abandonnant les charges retenues contre eux.

Le Yemeni Teachers Syndicate (YTS) a rappelé son engagement en faveur du respect des droits de l'homme et des droits syndicaux des enseignants, et a appelé à un soutien international. Le porte-parole de YTS, Yahya Al-Yanai, a condamné le fait qu'au Yémen, "allant à l’opposé de la lutte des syndicats et des enseignants pour protéger l'éducation, il semble que certaines personnes cherchent à faire en sorte que les écoles cultivent des mentalités idéologiques qui soutiennent la violence, en utilisant les enfants et les jeunes comme un réservoir humain utilisé dans la guerre".

Avec le soutien de l'Internationale de l'Education, YTS se bat également pour que les salaires des enseignants soient payés par les pouvoirs publics, afin que les enseignants puissent se concentrer sur une éducation publique de qualité pour tous les élèves.

Les syndicalistes du Syndicat National de l'Enseignement - Fédération Démocratique du Travail (SNE-FDT) au Maroc ont également observé la minute de silence mondiale le 5 octobre à la mémoire des enseignantes et enseignants disparus à cause de la pandémie.

Dans la région Asie-Pacifique, la branche tasmanienne de l' Australian Education Union (AEU) a participé à une campagne contre la privatisation de l'enseignement technique et de la formation continue.

L'AEU a réaffirmé que le secteur public de l'enseignement technique et de la formation continue (TAFE) de Tasmanie offre une formation et une éducation de haute qualité avec les taux de satisfaction des étudiants les plus élevés et les meilleurs taux de réussite des apprentis au niveau national. Elle a insisté pour que le gouvernement libéral de Tasmanie abandonne son plan de privatisation de la TAFE. Il a également appelé au dialogue entre les autorités et les enseignants et le personnel de soutien afin de déterminer comment la TAFE peut jouer un rôle moteur dans la reconstruction de l'économie de la Tasmanie.

L'AEU a également rappelé que la TAFE a besoin de plus d'investissements de la part du gouvernement, et non du plan de privatisation du Parti libéral, qui fera peser les coûts sur les étudiants et les employeurs, retardera la reprise économique et nuira à la formation et l'enseignement. Les membres et les citoyens concernés ont été invités à signer une pétition pour faire barrage au plan de privatisation.

En Indonésie, la Teachers' Association of the Republic of Indonesia (PGRI) a fait valoir que "cette nation a toujours besoin de la présence des enseignants, même si les progrès technologiques se poursuivent", et que "la technologie ne peut certainement pas remplacer les enseignantes et enseignants".

À l'occasion de la Journée mondiale des enseignants, la New Zealand Post Primary Teachers' Association (NZPPTA) a également rendu hommage aux collègues décédés de la COVID-19 à travers le monde, en ajoutant que "nous avons perdu trop d'enseignants à cause de la COVID-19".

En Europe, le syndicat polonais Zwiazek Nauczycielstwa Polskiego (ZNP) a noté que les enseignants étaient "toujours présents [...] car, en plein milieu d’une pandémie qui a touché le monde entier, nous étions au tableau, qu'il soit virtuel ou réel. Nous étions avec nos élèves et étudiants; nous n'avons pas déçu !"

De cette façon, ont-ils dit, "nous rappelons que les enseignants sont toujours présents dans la vie de leurs élèves. Nous nous souvenons également de ceux et celles qui ne sont plus parmi nous à cause du coronavirus".

Le président du ZNP, qui est aussi membre du Bureau exécutif de l'IE, a appelé les enseignants à manifester le 9 octobre, avec des mots d'ordre tels que : "Fini l'arrogance et l'humiliation !", "Monsieur le ministre, respectez les enseignants ! Ils quittent si vite la profession !", "Il n'y a pas d'éducation sans enseignants !", ou encore "Ras-le-bol du manque de respect envers les enseignants !"

Ailleurs en Europe, le Trade Union of Secondary and Higher Education, Nurture, Science and Culture de Bosnie-Herzégovine (TUSHENSC BIH) a participé à l'événement mondial de l'Internationale de l'Education. Il a fait observer une minute de silence à midi le 5 octobre pour rendre hommage à tous les enseignants et enseignantes décédés pendant la pandémie. À cette occasion, les noms des disparus ont été lus, a expliqué Admir Terzic, président de TUSHENSC BIH.

Dans une lettre d'information et sur les médias sociaux, l' Union of Education Norway (UEN) a félicité les enseignants pour le travail accompli. Le syndicat a publié une déclaration axée sur le besoin d'enseignants qualifiés par tout dans le monde et sur l'importance du dialogue social. Un film a également été publié sur la page Facebook de l'UEN, montrant des apprenants qui s'expriment sur leur définition d'un bon enseignant.

Le président de l'UEN et membre du Bureau exécutif de l'IE, Steffen Handal, a souligné le rôle essentiel des enseignants lorsqu'il s'agit de rétablir une meilleure qualité de vie. Il a insisté sur la contribution essentielle des enseignants au bien-être social et a recommandé de consacrer suffisamment de temps au travail pédagogique dans l'éducation de la petite enfance.

M. Handal a également participé au webinaire intitulé "Les enseignants au cœur de la relance de l'éducation", organisé par l'UNESCO, l'Organisation internationale du travail (OIT), l'UNICEF et l'IE. Soulignant l'importance du dialogue social, il a insisté sur le fait que "la pandémie a démontré l'importance de construire une collaboration sur le long terme, basée sur la confiance et le dialogue, qui soit utile en temps ordinaire comme en temps de crise".

S'appuyant sur l'exemple de la numérisation, il a déclaré que "même si l'apprentissage à distance a été utile, la pandémie a démontré combien les enseignants sont importants pour l'apprentissage et le bien-être des élèves. Les syndicats d'enseignants doivent œuvrer pour que la numérisation soutienne les enseignants dans leur pratique professionnelle, plutôt que de les remplacer. Les nouvelles technologies se doivent d'améliorer la qualité de l'enseignement, et non favoriser des intérêts commerciaux ou être utilisées pour faire des économies".

En Espagne, la Federación de Enseñanza CC.OO. (F.E.CC.OO.) a félicité l'ensemble du personnel éducatif qui, "par sa ténacité et ses efforts, contribue à rendre le monde meilleur. Vous êtes géniaux ! Merci pour le travail inlassable que vous accomplissez chaque jour dans les établissements scolaires".

Le syndicat a également honoré la mémoire des enseignants et du personnel de soutien à l'éducation qui ont perdu la vie au cours de la pandémie et a souligné les conditions difficiles dans lesquelles les enseignants doivent encore accomplir leur travail.

La F.E.CC.OO. a insisté sur le rôle des enseignants pour le bien-être des enfants et, par conséquent, de la société dans son ensemble. Un rôle qui s'est avéré crucial tout au long de ces 18 mois de pandémie.

En rendant hommage aux enseignants décédés à cause de la pandémie, le syndicat a noté que leur nombre exact était inconnu, car aucune donnée n'avait été fournie à cet égard.

La F.E.CC.OO. a également publié un article dans son e-magazine " la profession d'enseignant en tant qu'agent fondamental du rétablissement".

La FE.CC.OO. a également mis en lumière les principaux défis en matière de salaires, puisque le rapport de l'OCDE, P anorama de la Educación, a montré que l'Espagne était l'un des seuls pays où les salaires des enseignants avaient baissé. Au niveau de l'école primaire, les salaires ont stagné et ils ont baissé de trois pour cent au niveau de l'enseignement secondaire.

Le syndicat a rappelé que, cette année, la Déclaration conjointe UNESCO/UNICEF/OIT/IE demande que "nous ne nous contentions pas seulement de rendre hommage à tous les enseignants. Nous appelons tous les pays à investir dans la profession enseignante et à accorder la priorité à celle-ci dans les efforts mondiaux de relance de l'éducation, afin que tous les élèves puissent avoir accès à un enseignant qualifié et bien encadré".

Dans la région d'Amérique latine, la Federación Colombiana de Educadores (FECODE) de Colombie a souligné que, "pour que tous les élèves retournent dans les classes, nous devons reconnaître la réalité de la salle de classe, les besoins et les soucis des élèves à la maison, ainsi que les faiblesses de l'infrastructure éducative".

Le syndicat a déclaré que le gouvernement avait délibérément ignoré le contexte dans lequel vit la communauté éducative. Le budget prévu pour l'éducation en 2022 demeure très insuffisant, a-t-il noté.

La FECODE a également dénoncé le fait que des milliers d'enseignants colombiens ont été victimes d'actes de violence, notamment de meurtres, de déplacements forcés et de menaces.

Au Brésil, Fátima Silva, secrétaire générale de la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação (CNTE) et vice-présidente du comité régional de l'Amérique latine de l'IE, et d'autres représentants de la CNTE se sont rendus à l'aéroport de Brasilia pour accueillir les députés arrivant dans la capitale nationale et faire pression sur eux. Les syndicalistes ont exhorté les députés à ne pas adopter le projet de loi PEC 32, une réforme administrative proposée par le président Jair Bolsonaro et le ministre de l’Économie Paolo Guedes.

Pour la CNTE, le PEC 32 constitue "une attaque mortelle contre le service public, et le transfert de ce dernier au secteur privé, précisément au moment où le pays a le plus besoin d'éducation, de santé, de sécurité publique et de développement !"

Il a averti que cette réforme "retirerait des droits aux fonctionnaires pauvres qui paient des impôts et maintiendrait les privilèges de l'élite", et verrait "l'État agir comme un rôle de soutien - c'est-à-dire qu'il interviendra uniquement là où les entrepreneurs ne verront pas de profit".

La CNTE a souligné que le PEC 32 ne permettrait pas de réaliser des économies, mais favoriserait uniquement l'externalisation des services publics.

Les syndicalistes brésiliens de l'éducation déplorent en outre que, alors que les fonctionnaires sauvent le pays de la pandémie, le gouvernement veuille leur nuire avec la PEC 32 en guise de "remerciement".

Cette réforme administrative, qui trompe les gens, permettra de persécuter les fonctionnaires qui ne sont pas d'accord avec le comportement des politiciens et des responsables gouvernementaux, a déclaré la CNTE.

Considérant que "la stabilité n'est pas un privilège, mais une garantie pour que le fonctionnaire puisse exercer ses fonctions sans pression politique", la CNTE a ajouté que le PEC 32 nuira aux plus pauvres, car le gouvernement veut transférer les services publics au secteur privé. "Les services publics ne peuvent pas devenir une source de profit pour les entrepreneurs, car ils constituent des droits fondamentaux de protection sociale".

"Ce n'est pas l'argent qui manque au Brésil. Il y a plutôt un manque de gestion qualifiée", selon la CNTE.

Le syndicat était également présent lors de la présentation des résultats de la recherche sur l'enseignement en période de pandémie, axée principalement sur les conditions de travail des enseignants des écoles publiques ou bénéficiant de ressources publiques pendant la pandémie. Cette enquête a porté sur 13 pays d'Amérique latine.

Dans la région Amérique du Nord et Caraïbes, le Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación (SNTE) du Mexique a fait remarquer que "les enseignants sont de véritables héros face à la COVID-19 en permettant de sauver l'année scolaire avec de nouvelles pratiques pédagogiques et de reprendre les cours en présentiel".

Le SNTE a mis en évidence la fracture numérique, "un défi que les enseignants ayant une véritable vocation et faisant preuve d'ingéniosité ont relevé pour rester en contact avec les élèves ne disposant pas d'appareils technologiques".

Il a salué les nouvelles pratiques pédagogiques, les nouvelles ressources et les stratégies éducatives créatives développées pour assurer l'éducation pendant la pandémie, en ajoutant que le binôme enseignant-parent est essentiel.

Il a également réaffirmé que les élèves comptaient sur leurs enseignants pour recevoir un soutien pédagogique et socio-émotionnel afin de surmonter la période de COVID-19.

Dans tout le Mexique, les syndicalistes de l'éducation ont dévoilé des plaques commémoratives honorant la mémoire des enseignantes et enseignants décédés de la COVID-19.