Démocratisation de la connaissance: un rapport consacré à l’éditeur de littérature scientifique Elsevier
Elsevier est l’éditeur de littérature scientifique le plus important et le plus puissant, un statut acquis grâce à une longue histoire de fusions et d’acquisitions et à des pratiques commerciales rigoureusement capitalistes. La principale préoccupation concernant Elsevier est qu’il exerce principalement ses activités en faisant payer ce qui devraient être des connaissances et une éducation publiques en utilisant des stratégies de tarification agressives et des tactiques de marketing anticoncurrentielles qui pèsent sur les secteurs de l’enseignement supérieur et continu.
Il lutte depuis longtemps contre l'accès du public au savoir, par une combinaison de lobbying politique, de campagnes publiques contre le libre accès et de modèles et stratégies commerciaux régressifs.
Au cours des dernières années, Elsevier a modifié son modèle commercial et est en train de se transformer en un fournisseur de données et de services d’analyses, tout en continuant d’exploiter ses capacités de publication pour soutenir cette évolution. Le principal risque ici est qu'Elsevier continue d'exercer un contrôle sans précédent sur l'avenir de l'enseignement supérieur et de la recherche universitaire, tout en empiétant sur les concepts de base de propriété intellectuelle et des libertés académiques et sur les principes de la communication scientifique.
Nous assistons à l’heure actuelle aux débuts d’un changement de paradigme dans la communication scientifique: chercheur·euse·s, bibliothèques et consortiums nationaux commencent à lutter contre les pratiques commerciales d’Elsevier. Ces combats prennent la forme de boycotts et de tactiques de négociation renforcées, qui tirent parti du pouvoir de négociation collective sur les accords de licence pour inverser les asymétries de pouvoir, qui constituaient auparavant un fardeau financier pour les instituts de recherche et les budgets des bibliothèques.
Ce rapport traite en détail des pratiques commerciales d’Elsevier, fournit un certain nombre d’études de cas sur les résistances au niveau national et se termine par une série de recommandations clés à l’intention des parties prenantes engagées dans la communication scientifique. Les syndicats de l'éducation disposent d'une marge de manœuvre incroyable pour s'engager dans des domaines tels que:
- Intensifier l'attention et le soutien aux libertés académiques de base dans l'édition scientifique, qu'Elsevier limite actuellement de nombreuses manières;
- Maintenir les droits de propriété intellectuelle pour les chercheur·euse·s, qu'Elsevier acquiert dans le cas contraire par le biais de tactiques d'acquisition de droits d'auteur non conventionnelles;
- Lutter contre les stratégies commerciales d'Elsevier en tant qu'éditeur commercial, notamment en matière de libre accès;
- Rediriger les fonds publics alimentant les marges bénéficiaires élevées (plus de 36%) d’Elsevier alors que nous traversons une période de réduction des budgets affectés aux recherches et aux bibliothèques;
- Remettre en question le déficit démocratique et le manque de transparence des pratiques commerciales d’Elsevier, y compris en ce qui concerne son influence politique;
- Former et renforcer des coalitions pour négocier contre Elsevier, notamment en soutenant les boycotts en cours; et
- Aider à fournir des alternatives plus durables aux chercheur·euse·s, aux instituts de recherche et à l’avenir de la communication scientifique.
Dans ce cas précis, la solution ultime consiste à réduire les contraintes imposées par Elsevier en matière de communication scientifique et à transférer le contrôle et la gouvernance de la recherche des intérêts privés à l’intérêt public.