Journée internationale des peuples autochtones
Le 9 août prochain, l’Internationale de l’Éducation (IE) célébrera la Journée internationale des peuples autochtones et réaffirmera les droits humains de l’ensemble de ces communautés. Le thème de cette année est le rôle des femmes autochtones dans la préservation et la transmission des savoirs traditionnels.
Les syndicats de l’éducation œuvrent pour garantir que les peuples autochtones accèdent à une éducation autochtone équitable, pertinente et de qualité, à des emplois décents et à la protection sociale. En tant qu’éducateurs et éducatrices, nous savons que les systèmes éducatifs ont été développés – et continuent de l’être dans certains contextes – de manière à stigmatiser, exclure et effacer les systèmes de connaissances autochtones. Bien trop souvent, les systèmes éducatifs ont, d’ une part, dénigré les cultures, langues et valeurs des populations autochtones et, d’autre part, imposé comme critères de référence normatifs et universels les connaissances et les sciences occidentales.
Les femmes autochtones jouent un rôle indispensable en tant que dirigeantes et gardiennes des connaissances pour préserver l’identité, les langues, la culture et l’histoire générationnelle des autochtones, trouver des solutions aux conflits, lutter contre le changement climatique, sauvegarder la biodiversité, améliorer les résultats dans le domaine de la santé et de l’éducation, défendre les droits humains et fonciers et renforcer la résilience face aux pandémies et aux autres crises.
Malgré le rôle crucial des femmes autochtones, ce sont elles qui sont les plus touchées par la crise climatique, les industries et projets extractifs et l’occupation des terres. Elles sont en outre sous-représentées dans les fonctions de direction et trop souvent victimes de discriminations intersectionnelles fondées sur le genre, la classe, l’appartenance ethnique et le statut socio-économique.
En juin 2022, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence à l’égard des femmes a soumis un rapport sur la violence envers les femmes et filles autochtones au Conseil des droits de l’homme, décrivant les principales causes, manifestations et conséquences de la violence fondée sur le genre, et mettant en avant les bonnes pratiques concernant la vérité et la réparation, l’accès à la justice, les services d’aide, la prévention et la protection.
Dans ce rapport percutant, la rapporteuse spéciale insiste sur l’ampleur et la gravité des actes de violence systémiques et continus dont sont victimes les femmes et les filles autochtones, lesquels trouvent leur origine dans la colonisation, les structures de pouvoir patriarcales, le racisme, l’exclusion et la marginalisation. Par ailleurs, ces violations commises par des agents de l’État ou des acteurs non étatiques avec une relative impunité ne sont pas suffisamment prises en compte dans les collectes de données, la législation ou les politiques publiques. Bien que le droit des femmes et des filles autochtones de ne pas subir de violence soit inscrit dans le droit international, cela n’a pas amené les États à prendre suffisamment de mesures de prévention et de protection efficaces.
L’IE se joint aux appels de la rapporteuse spéciale adressés aux États :
- Remplir leurs obligations en matière de protection des femmes et des filles autochtones contre toutes les formes de violence et de discrimination;
- S’engager auprès des communautés autochtones à mettre en œuvre des politiques publiques visant à améliorer l’accès à un enseignement culturellement pertinent et de haute qualité, centré sur les systèmes de connaissances autochtones et capable d’assurer la rétention des élèves;
- Élaborer des programmes d’études exempts de stéréotypes sexistes et d’attitudes sociales discriminatoires, lesquels sont souvent les causes profondes de la violence fondée sur le genre envers les femmes et les filles autochtones.
Cette journée offre à l’IE une occasion de se pencher sur les manières dont les systèmes éducatifs influent sur les droits des peuples autochtones. L’IE publie à partir de ce mois-ci une série de blogs hebdomadaires examinant la façon dont les expert·e·s de l’éducation, les militant·e·s, les chercheur·euse·s et les enseignant·e·s autochtones travaillent pour garantir une éducation de qualité centrée sur les systèmes de connaissances autochtones. Ces blogs visent à faire entendre la voix des peuples autochtones et celle de toutes les personnes qui les soutiennent à travers le monde.
Si l’on veut que les droits des peuples autochtones, en particulier ceux des femmes et des filles, soient pleinement respectés, nos responsables politiques, les directions d’ établissements scolaires et les syndicats, devront faire preuve d’une volonté politique visionnaire et prendre des engagements concrets, soutenus par des financements ciblés et décidés en consultation avec les peuples autochtones et leurs représentant.e.s. Nous sommes à la hauteur de la tâche.
Si vous souhaitez contribuer à cette série de blogs, veuillez contacter Lainie Keper à l’adresse [email protected].