Journée mondiale des enseignants et des enseignantes 2022
Célébrations, obstacles et un appel urgent aux gouvernements pour relever le statut de la profession
Le 5 octobre, la communauté éducative mondiale a marqué la Journée mondiale des enseignants et des enseignantes en célébrant le rôle fondamental que jouent les éducateur·trice·s dans une société démocratique. L’Internationale de l’Éducation a appelé tous les gouvernements à intensifier et à faire leur part : investir dans les enseignant·e·s, impliquer les enseignant·e·s, valoriser et respecter les enseignant·e·s en tant que professionnels indispensables au cœur de l’éducation.
La Journée mondiale des enseignants et des enseignantes se tient chaque année dans le but de rendre hommage aux enseignant·e·s du monde entier. Elle commémore l’adoption de la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant - 1996, qui énonce des repères relatifs aux droits et responsabilités des enseignant·e·s, ainsi que des normes pour la profession. En complément, la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur fut adoptée en 1997.
Le leadership des enseignant·e·s dans la transformation de l’éducation a constitué le thème de la Journée mondiale des enseignants et des enseignantes de cette année : La transformation de l’éducation commence avec les enseignants. Organisée conjointement par l’Internationale de l’Éducation, l’UNESCO, l’Organisation Internationale du Travail, et l’UNICEF, la Journée mondiale des enseignants et des enseignantes 2022 visait à mettre en lumière le travail des enseignant·e·s et à exhorter les gouvernements à relever le statut de la profession.
L'Internationale de l’Éducation a porté la voix des enseignant·e·s lors de de la cérémonie officielle organisée au siège de l’UNESCO à Paris, France. Dans son discours d’ouverture, David Edwards, Secrétaire général de l'Internationale de l’Éducation, a déclaré : « Les enseignant·e·s qui transforment sont bien plus que la simple colonne vertébrale de l’éducation. Ils en sont le cœur battant qui maintient les écoles en vie et en bonne santé. La manière dont une société traite ses enseignant·e·s est le reflet de la valeur accordée par cette société à sa jeunesse. »
Edwards a également mis en exergue les défis que rencontrent actuellement les enseignant·e·s pris pour cible à travers le monde alors qu’ils défendent la démocratie : « Des enseignant·e·s ukrainien·nne·s sont kidnappé·e·s et contraint·e·s d’enseigner une variation de la réalité. En Afghanistan, des enseignant·e·s qui demandent le retour de leurs élèves filles en classe sont harcelé·e·s et arrêté·e·s. Dans certaines parties d’Afrique de l’Ouest, des enseignant·e·s sont pris·e·s pour cible s’il·elle·s ne parviennent pas à déclamer un long passage religieux. A Hong-Kong, des enseignant·e·s ont perdu leur droit d’association pour avoir soutenu les revendications de leurs élèves en faveur de la démocratie et de l’autonomie. En Iran, des enseignant·e·s courageux·euses défendent des droits humains fondamentaux et la dignité, face à une violence féroce et inconcevable. Au Liban, des enseignant·e·s qui travaillent au-delà de leurs horaires pour enseigner à des réfugié·e·s, peinent à gagner suffisamment d’argent pour couvrir leur frais de bus pour se rendre à l’école. »
Antonia Wulff, Directrice de la Recherche, des politiques et du plaidoyer à l’Internationale de l’Education, a souligné que la véritable transformation requiert de la part des gouvernements qu’ils s’attaquent de front à la pénurie mondiale d’enseignant·e·s. Pour ce faire, il faudrait rendre la profession plus attractive au moyen de conditions de travail décentes, en renforçant la condition des enseignant·e·s et surtout, en faisant confiance à l’expertise pédagogique des enseignant·e·s, à leurs connaissances et à leur gestion de classes.
Les enseignant·e·s, et leurs syndicats, transforment l’éducation
Sur le thème, « Les enseignant·e·s transforment l’éducation », l’Internationale de l’Éducation a organisé un évènement en ligne, animé par la Secrétaire générale adjointe, Haldis Holst, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants. Le webinaire a fourni aux syndicats d’enseignants un espace de rencontre par-delà les frontières, pour célébrer leurs réalisations et dresser un bilan des engagements pris lors du Sommet sur la transformation de l’éducation aux Nations unies, et élaborer ensemble des stratégies pour aller de l’avant.
Afin de véritablement transformer l’éducation, les membres de l’Internationale de l’Éducation ont souligné l’importance pour les gouvernements d’investir dans les enseignant·e·s, de garantir les droits du travail et de bonnes conditions de travail, d’impliquer les enseignant·e·s dans les prises décision, et de faire confiance à leur expertise pédagogique.
La nécessité d’une pédagogie critique, telle qu’illustrée dans le travail inspirant de Paulo Freire, a été mise en avant en tant qu’élément déterminant pour transformer l’éducation et la société.
La présidente de l’Internationale de l’Éducation, Susan Hopgood, a déclaré que : « Le Sommet sur la transformation de l’éducation constituait un premier pas en vue de sécuriser un accroissement du financement en faveur de l’éducation. Toutefois, il nous faut désormais maintenir cet élan et veiller à ce que le financement soit dirigé vers les endroits où les besoins sont les plus accrus – non pas en faveur des nouvelles technologies et de partenariats publics-privés, mais pour garantir que chaque enfant soit face à un·e enseignant·e convenablement formé·e et qualifié·e. »
Et de conclure, « malgré les défis à relever à travers le monde, nous savons que nous sommes une profession d’optimisme et, en tant que syndicats, nous bénéficions de solidarité et d’une force organisée pour construire ensemble, un avenir meilleur. »
Redynamiser la profession enseignante en Afrique
Le Directeur régional de l’Internationale de l’Éducation, Dennis Sinyolo, a fait entendre la voix des enseignant·e·s africain·e·s dans le cadre d’un Symposium continental sur la Recherche et l’Innovation, organisé à Addis Ababa, Ethiopie, par le Partenariat mondial pour l'éducation.
Dans son allocution, Sinyolo a encouragé les gouvernements africains à faire preuve d’une volonté politique explicite et d’engagement, en investissant dans l’éducation et dans les enseignant·e·s. Il a présenté un plan en cinq points pour redynamiser la profession enseignante en Afrique.
Les enseignant·e·s sont le cœur battant de l’éducation
Tel qu’énoncé dans la lettre ouverte de la profession enseignante, l’Internationale de l’Éducation a réitéré son appel aux gouvernements du monde entier à remplir leurs obligations au regard d’une éducation publique gratuite de qualité. Les enseignant·e·s, les élèves et les communautés éducatives du monde entier sont prêtes à construire un avenir meilleur. Les enseignant·e·s sont le cœur battant de l’éducation.