Éducation des personnes réfugiées: principales tensions et opportunités
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L’éducation des enfants et des jeunes réfugié·e·s est plus importante que jamais. Si l’on souhaite garantir que les élèves, mais aussi les enseignantes et les enseignants réfugié·e·s reçoivent le soutien nécessaire, il est essentiel de faire entendre leurs voix et d’apporter des solutions aux principales tensions observées dans les politiques et programmes. Les syndicats de l’éducation peuvent jouer un rôle important dans le cadre de ces processus, en permettant au personnel enseignant exilé d’accéder à des services et informations utiles, y compris concernant des possibilités d’emploi dans l’enseignement, et en leur permettant de participer au dialogue social.
Nous célébrons aujourd’hui la Journée Internationale des personnes migrantes et nous trouvons à environ une annnée de la tenue du deuxième Forum mondial sur les réfugié·e·s prévu en décembre 2023. A l’approche de cet événement, la communauté internationale doit intensifier ses efforts en faveur des réfugié·e·s et respecter ses engagements visant à leur offrir l’éducation qui leur est due. Cette mobilisation est plus importante que jamais, le nombre de personnes déplacées par la force ayant atteint pour la première fois les 100 millions cette année. Personnels enseignants et syndicats de l’éducation peuvent jouer – et ont déjà joué – un rôle de premier plan essentiel dans ce cadre, comme l’ont démontré notamment les réponses apportées par le secteur de l’éducation aux réfugié·e·s en provenance de l’Ukraine et de la Syrie.
Dans notre nouveau rapport publié par Brookings Institution, nous examinons les tensions persistantes qui ont longtemps freiné le processus de transformation nécessaire pour offrir durablement et à grande échelle une éducation de haute qualité aux populations réfugiées. Nous nous intéressons plus particulièrement aux tensions qui existent entre l’inclusion dans les systèmes nationaux et les programmes non gouvernementaux, entre les réponses urgentes et à long terme et entre les responsabilités mondiales et nationales. Ces tensions s’étendent aux politiques, aux programmes et au financement, lorsque les responsables politiques, les donateurs, les membres de la communauté, les personnels enseignants, les familles et les élèves décident de ce que pourrait et devrait être l’éducation des réfugié·e·s.
Il sera essentiel d’apporter des solutions à ces tensions pour garantir que l’ensemble des élèves, des enseignantes et des enseignants réfugié·e·s puissent accéder à l’éducation et au soutien qui leur reviennent de droit. Pour atteindre ces objectifs, il sera nécessaire que les partenaires mondiaux respectent les promesses qu’ils ont déjà prises, notamment favoriser l’inclusion et le partage des responsabilités, et qu’ils adoptent l’ensemble des stratégies nécessaires pour apporter un soutien global aux élèves et aux personnels éducatifs réfugié·e·s, aujourd’hui comme à plus long terme. Remédier à ces tensions persistantes nécessitera à la fois le dévouement et la collaboration réfléchie d’un large éventail de parties prenantes. Les syndicats de l’éducation, mais aussi les enseignantes et les enseignants réfugié·e·s font partie de ces acteurs capables de jouer un rôle significatif dans la relève de ces défis. Le personnel enseignant réfugié se retrouve souvent au centre des tensions entourant l’inclusion dans les systèmes nationaux et les questions portant sur la réflexion à court et long terme. Raison pour laquelle le soutien des syndicats de l’éducation peut contribuer à atténuer ces tensions. Ils peuvent jouer, et ont déjà joué, un rôle essentiel pour soutenir leurs collègues réfugié·e·s, en leur fournissant toutes les informations utiles pour accéder aux programmes de formation, aux services sociaux et aux opportunités d’emploi dans l’enseignement. En Europe, les syndicats ont soutenu activement les enseignant·e·s au plus fort de la crise syrienne, de même que les enseignant·e·s ukrainien·ne·s au cours de cette année. Permettre aux enseignant·e·s réfugié·e·s de continuer leur activité d’enseignement et d’accéder à d’autres formes de soutien dans leurs pays d’accueil présente non seulement une utilité pour les intéressé·e·s, mais aussi pour les élèves réfugié·e·s qui pourront projeter leur propres expériences et vécus dans ces figures professionnelles. Le soutien apporté par les syndicats au personnel enseignant réfugié peut donc largement contribuer à atténuer les tensions et les problèmes rencontrés lorsque leur inclusion dans le système éducatif se révèle complexe, limitée ou totalement interdite.
Si l’on souhaite garantir que l’éducation des réfugié·e·s soit pertinente, structurée et représentative des besoins, des aspirations et des talents des élèves, des enseignant·e·s et des communautés réfugié·e·s, il sera essentiel d’accorder une place centrale à leurs revendications et besoins à chaque niveau de l’élaboration des politiques, de la conception et de la mise en œuvre des programmes et de la pratique, que ce soit dans les ministères de l’Éducation, les ONG, ou encore, dans les classes. Bien que les donateurs, les acteurs de la mise en œuvre et les expert·e·s consulté·e·s dans le cadre de ce document reconnaissent l’importance croissante de tenir compte des points de vue des réfugié·e·s et de renforcer leur rôle dans l’élaboration des politiques et des programmes, les stratégies et les structures pour les impliquer efficacement dans ces processus sont souvent limitées, notamment dans la conception des politiques. Les enseignements tirés des réseaux d’élèves réfugié·e·s et des ONG qui font participer activement les réfugié·e·s à la conception et à la mise en œuvre de leurs programmes peuvent aider les donateurs, les responsables politiques ou d’autres acteurs à réfléchir de façon plus systématique aux stratégies permettant de prendre en compte la voix des réfugié·e·s de manière effective et non pas uniquement symbolique. Pour ce faire, les réfugié·e·s doivent non seulement être représenté·e·s là où se prennent les décisions, notamment dans les ministères de l’Éducation, les organisations non gouvernementales de toutes tailles et les écoles, mais également être respecté·e·s et mis·en en valeur. Ici aussi, les syndicats de l’éducation peuvent jouer un rôle essentiel. Ces derniers ont aidé leurs collègues réfugié·e·s à accéder à des postes dans l’enseignement et, ce faisant, leur ont permis de trouver une place et une représentation dans les écoles. L’implication des syndicats de l’éducation dans le dialogue social offre également une opportunité unique de relayer efficacement la voix des personnels éducatifs réfugié·e·s dans l’élaboration des politiques.
Alors que nous célébrons, en ce 18 décembre, la Journée mondiale des personnes migrantes et que nous commençons à nous préparer au Forum mondial sur les réfugié·e·s attendu pour décembre 2023, nous devons continuer à faire pression pour que le rôle essentiel de l’éducation des réfugié·e·s soit pris en compte dans les agendas mondiaux pour l’éducation. Afin de pouvoir apporter le soutien politique et financier nécessaire pour assurer l’éducation des réfugié·e·s, les partenaires mondiaux et nationaux devront faire face aux tensions qui ont freiné les progrès dans ce domaine. Il sera également nécessaire de déployer de véritables efforts structurés pour accorder une place centrale aux personnes réfugiées dans les processus décisionnels. Les syndicats de l’éducation, ainsi que les enseignantes et les enseignants réfugié·e·s auront un rôle essentiel à jouer dans les processus visant à faire progresser l’éducation des réfugié·e·s.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.