Les personnels de soutien à l’éducation : un maillon essentiel d’un service public de qualité
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La Journée mondiale des personnels professionnels et de soutien à l’éducation, le 16 mai, est une excellente occasion pour rappeler leur contribution inestimable à une éducation de qualité. Ils occupent des dizaines de fonctions différentes et offrent des services en ergothérapie, en psychoéducation, en éducation spécialisée, en orthopédagogie, en informatique; ils conduisent les autobus scolaires, préparent les repas dans les cafétérias des écoles, collèges et universités, offrent des services éducatifs à la petite enfance, etc. On ne pourrait penser un seul instant qu’un gouvernement qui privatiserait ces services ou opterait pour la sous-traitance obtiendrait le même degré d’engagement envers les jeunes et les adultes du réseau de l’éducation.
Pourtant, la privatisation et la sous-traitance de ces services sont des enjeux bien réels qu’il nous faut redouter. Plusieurs États les envisagent pour rééquilibrer les budgets, ce qui est un non-sens comme le démontrent de nombreuses recherches, dont celle de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) [1] qui conclut que la sous-traitance de services publics :
- Est souvent plus coûteuse que prévu au départ;
- Ne garantit pas de meilleurs délais de réalisation;
- N’assure pas une meilleure qualité ou efficacité;
- Provoque assurément une perte d’expertise;
- Contribue à rendre les activités du gouvernement moins transparentes.
De plus, la privatisation et la sous-traitance entraînent des baisses de salaires, de piètres conditions de travail et une augmentation des inégalités.
Les effets de la privatisation et de la sous-traitance
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) compte neuf fédérations dans le réseau de l’éducation représentant le personnel professionnel, enseignant et de soutien, de la petite enfance à l’université. Elles ont toutes recueilli des exemples concrets de privatisation et de sous-traitance ainsi que des informations quant aux effets qui en ont découlé.
Secteur scolaire primaire et secondaire
Les années de compressions budgétaires importantes qu’a connu le Québec au cours des années 2010 ont presque normalisé le recours à des services externes pour réaliser le travail qui devrait normalement être effectué par du personnel scolaire. Ce genre de pratiques a grandement affaibli le réseau scolaire public et a entraîné des conséquences nocives pour les élèves, le personnel et les organisations qui n’ont pas nécessairement vu les économies escomptées se réaliser.
Accès inéquitable aux services professionnels et de soutien pour les élèves, perte de cohérence dans les actions visant à les soutenir, manque de stabilité et de pérennité des services offerts, fragmentation de l’équipe-école sont quelques-uns des effets répertoriés. Ceux-ci entraînent assurément des conséquences pour le personnel, notamment sur le sentiment d’appartenance et sur la collaboration entre les différentes catégories de personnel.
Pour les syndicats, les unités d’accréditation – autrement dit, la capacité pour les syndicats de représenter l’ensemble des salariés d’une unité de négociation – se fragilisent parce qu’on fait appel à des travailleuses et travailleurs externes, provenant du secteur privé ou œuvrant au sein de divers organismes.
Enseignement supérieur
Le milieu de l’enseignement supérieur n’échappe pas aux phénomènes de privatisation et de sous-traitance. De plus en plus, les systèmes éducatifs répondent aux impératifs de la croissance économique pour faire de l’enseignement et de la recherche des ressources consommables et capitalisables. La philosophie entrepreneuriale mène malheureusement à des revenus autonomes pour les établissements d’enseignement supérieur, ce qui permet aux gouvernements de justifier des baisses de financement permettant la dénaturation des réseaux publics d’enseignement supérieur.
Éducation à la petite enfance
Le secteur des services de garde éducatifs à l’enfance a été marqué par une importante vague de privatisation, amorcée autour de 2008-2009 quand le gouvernement du Parti libéral du Québec a bonifié les crédits d’impôt pour les frais de garde d’enfants dans le secteur privé, qui s’est cristallisée en 2015, lorsque le gouvernement a instauré la modulation des frais de garde en fonction du revenu. Auparavant, les frais de garde étaient de 5 dollars canadiens par jour par enfant (environ 3,5 euros). À cela, se sont ajoutées les mesures d’austérité qui ont grandement nui au réseau des services éducatifs à la petite enfance régis [2] et subventionnés.
Ainsi, le nombre de places dans les garderies privées non subventionnées a littéralement explosé de 2009 à 2018 avec une hausse de 867 %. Pendant ce temps dans le réseau public, le développement des places en centres de la petite enfance (CPE) a connu une hausse de seulement 9 %, et les places en milieu familial régi et subventionné ont connu une hausse de seulement 4 %.
La privatisation des services de garde à l’enfance a eu un effet sur la qualité générale des services offerts au Québec. La littérature en petite enfance est assez claire sur la question, la qualité des services offerts est nettement supérieure dans les CPE publics que dans les garderies privées et le nombre de plaintes est quatre fois moins élevé que dans le privé.
Des luttes syndicales à poursuivre
Le recours à la privatisation et la sous-traitance affaiblit les services publics et entraîne inexorablement une perte de confiance de la population envers ceux-ci. Il est important de contrer ces pratiques en protégeant l’image de nos services publics.
Pour contrer ce phénomène, les organisations syndicales doivent mettre en place des campagnes publiques qui font la promotion des avantages concrets et des valeurs démocratiques qui sous-tendent les services publics afin de contrecarrer le discours à l’effet que le privé fait mieux, que la sous-traitance est un moindre mal et que le secteur public ne performe pas.
En ce sens, la pandémie de la COVID-19 a rappelé avec force l’importance que le fait de pouvoir compter sur des réseaux publics bien rodés est la seule manière de pouvoir orchestrer une réponse efficace et équitable pour l’ensemble de la population.
Ces luttes que mène la CSQ contre la privatisation et la sous-traitance s’inscrivent dans la campagne publique menée par l’Internationale de l’Éducation, La force du Public ! Ensemble, on fait école. Il est essentiel que les syndicats de l'éducation du monde entier unissent leurs forces pour construire un enseignement public inclusif de qualité pour toutes et tous. Tous ensemble, nous devons nous mobiliser pour que les réseaux publics d’éducation soient financés adéquatement et qu’ils ne fassent pas l’objet de coupes budgétaires, de mesures d'austérité et de privatisation.
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’INFORMATIONS SOCIO-ÉCONOMIQUES (2013). La sous-traitance dans le secteur public : coûts et conséquences, (juin) [en ligne], 60 p. https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Sous-traitance-WEB-03.pdf
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.