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Lorsqu'on m'a demandé de rédiger une contribution sur l'équité, la diversité et l'inclusion pour le Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, j'ai accepté sans hésitation car je crois qu'un accès équitable à la profession enseignante (pour celles et ceux qui travaillent dans les salles de classe et celles et ceux qui travaillent à différents niveaux du système) est essentiel à une éducation de qualité pour toutes et tous. S’engager pour l’équité, l’inclusion et la diversité au sein du personnel enseignant est essentiel pour la communauté professionnelle dans son ensemble et pour promouvoir un message « d’inclusion et de diversité » dans la société en général et spécifiquement aux élèves et aux personnels enseignants.

Un corps enseignant inclusif et représentatif aura des effets positifs sur les aspirations et le sentiment d’identité des élèves. Ceci est important car les élèves qui perçoivent leur identité comme non représentée ou invisible dans la société et au sein des directions des écoles risquent d’avoir un sentiment de non-appartenance, d’être invisibles ou marginalisé·e·s, et donc de se désengager de plus en plus. Les personnels enseignants issus de groupes marginalisés ou minoritaires seront davantage en mesure de bâtir leur confiance professionnelle et de se sentir membre d’une équipe équitable et représentative au sein de laquelle ils se sentent vus et entendus.

Qu’entend-on par « diversité » et pourquoi est-elle importante ? Les différentes dimensions de la diversité comprennent le handicap, le genre (et la fluidité de l’identité de genre), la langue, la race, l’origine ethnique et la culture (y compris les pratiques religieuses) et la classe sociale (ou la richesse relative). Les formes d’exclusion – ou de marginalisation insidieuse – qui en résultent peuvent avoir pour effet d’exclure les élèves et les personnels éducatifs d’une participation significative à l’éducation et ainsi limiter la pleine réalisation de notre potentiel individuel et collectif. Lorsque nous excluons ou restreignons la participation de quiconque sur la base de l'un de ces éléments, non seulement nous limitons les droits d'autrui, mais nous subissons également une perte, car la diversité est un atout dans la société qui nous enrichit toutes et tous et constitue une puissante opportunité d'apprentissage.

Dans de nombreuses sociétés, la migration interne ou transfrontalière contribue à des changements rapides du point de vue racial, ethnique, linguistique, religieux, culturel, social et vis-à-vis d’attitudes et de pratiques en matière de genre. Tout changement, ou combinaison de changements, peut perturber la répartition du pouvoir existante et entraîner une augmentation des niveaux de préjugés et de discrimination, perturbant la cohésion sociale et contribuant à l’instabilité sociale et à l’affaiblissement des liens sociaux. Il est impératif que les systèmes éducatifs répondent à ces changements démographiques et à leurs nouveaux défis pour parvenir à la diversité et à l’inclusion des élèves. Des actions volontaires, accompagnées d’investissements appropriés, doivent être prises en matière de formation professionnelle et de soutien aux enseignantes et aux enseignants aux prises avec les conséquences éducatives et sociales de l’évolution démographique.

L’exclusion est parfois explicite et facile à reconnaître dans les règles et les formes institutionnelles. Mais cela est souvent moins visible et nécessite une détermination à reconnaître et à identifier les exclusions qui résultent de préjugés non reconnus. Dans toutes les sociétés, aussi diverses soient-elles, nous sommes toutes et tous le produit d’avantages ou de désavantages structurels et systémiques et nous en portons les avantages ou les conséquences négatives dans des postulats, des stéréotypes et des préjugés incontestés qui sont enracinés dans nos privilèges et inégalités relatifs.

Mon point de vue est que quel que soit notre privilège relatif, en tant qu’enseignantes et enseignants, nous devons nous engager tout au long de notre vie dans un processus de réflexion sur nos propres attitudes et postulats, et dans la recherche d’opportunités pour mieux les comprendre. Cette responsabilité est particulièrement importante pour notre profession. Notre influence sur chaque individu est immense et notre impact collectif sur la société est inégalé. Le développement professionnel continu en matière de diversité, d’inclusion et d’équité est essentiel à la réalisation de notre objectif moral et professionnel. Sur le plan professionnel, le travail des personnels enseignants s’inspire des principes liés au « devoir de protection » envers tous les enfants. Quelle que soit l'ampleur de la contestation ou de l'acceptation de ces questions dans chaque société, les enseignantes et les enseignants doivent veiller à ce qu'aucun enfant ne soit blessé par un manque d'anticipation et de prise de mesures pour garantir qu'il n'y ait pas d'actes de discrimination intentionnelle ou par négligence, ou de marginalisation systématique des individus ou de leur identité.

L’Objectif de développement durable 4 (ODD 4) donne à toutes et tous la responsabilité d’« assurer l’accès de toutes et tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour toutes et tous ». Les personnels enseignants sont le véhicule par lequel cet engagement politique en matière d’éducation sera réalisé. C’est le jugement professionnel des enseignantes et des enseignantes qui, agissant en tant que médiatrices et médiateurs, et interprétant les objectifs et les lignes directrices en lien avec les besoins dynamiques et complexes des élèves, dans leurs diverses circonstances matérielles et sociales, donneront vie à l’ODD 4. Et c’est l’exercice de ce jugement dans le cadre d’une orientation professionnelle et morale vers la justice sociale qui propulse notre pratique et notre apprentissage collectifs. L’Objectif 4 des ODD ne sera pas atteint sans l’action de médiation de ses intentions politiques de la part des enseignantes et des enseignants.

Mais les personnels enseignants ne peuvent pas y parvenir seuls. La réflexion et l’apprentissage tout au long de la carrière – en commençant dès la formation initiale – sur l’inclusion, l’équité et la réalisation de la diversité sur le marché du travail et dans la pratique en classe devraient être pilotés par les enseignantes et les enseignants là où des opportunités sont offertes pour partager l’apprentissage. Cela peut se produire grâce à des organisations dirigées par des enseignantes et des enseignants et à des opportunités offertes par les employeurs.

Parce que ce qui peut être réalisé dans les salles de classe et les écoles devrait idéalement être soutenu par les foyers et la communauté, ce travail des personnels enseignants et des écoles doit être étendu à l'établissement d'un objectif commun au sein des communautés et de la société afin que, dans la mesure du possible, les efforts soient complétés par des engagements dans les foyers et dans la société.

Le soutien des gouvernements à l’ODD 4 va de pair avec une responsabilité de travailler activement pour parvenir à l’équité, à la diversité et à l’inclusion au sein du personnel enseignant. Cela implique d'identifier les obstacles institutionnels (implicites et explicites) qui empêchent les groupes marginalisés et vulnérables d'entrer et de rester, ou d'être promus, au sein du corps enseignant ; d’élaborer des politiques suivies de plans d'action clairs, dotés de ressources adéquates pour la mise en œuvre de mesures visant à surmonter ces obstacles ; et de surveiller et rendre compte des progrès et des résultats afin que des mesures correctives soient prises lorsque les progrès attendus ne sont pas réalisés.

Les organisations du personnel enseignant sont des partenaires importants des gouvernements pour soutenir ces actions et, en tant que membres de la société civile, doivent tenir les gouvernements responsables des progrès réalisés dans la réalisation d'une éducation inclusive et équitable de qualité, grâce à un corps enseignant inclusif et diversifié, sans lequel nous ne pouvons pas réaliser l'équité en éducation.