Un appel à la réforme du système éducatif du Kurdistan irakien
Un problème urgent et persistant a été mis en lumière par le Kurdistan Teachers’ Union (Syndicat des enseignants du Kurdistan-KTU) : le nombre excessif de jours fériés dans le calendrier scolaire a considérablement perturbé le processus éducatif, laissant les enseignant∙e∙s et les élèves lutter pour suivre le programme scolaire.
La nécessité de disposer d'un temps d'enseignement adéquat
Depuis les changements apportés aux programmes d'études en 2007 et 2008, les éducateur∙trice∙s ont constamment affirmé que les élèves ont besoin de suffisamment de temps pour terminer leurs programmes éducatifs. Ce temps est essentiel pour que les enseignant∙e∙s transmettent efficacement les connaissances et que les élèves les assimilent correctement, les préparant ainsi aux défis académiques futurs. Cependant, la réalité est loin d'être idéale.
« Le temps d'enseignement requis – 30 semaines, ou 200 jours, ou 900 heures – n'a pas été atteint », a déclaré le président de la KTU, Abdulwahed Muhammad Haje. Par exemple, l'année universitaire 2012-2013, considérée comme la plus réussie, n'a vu que 133 jours d'enseignement réel, à l'exclusion des jours d'examens. Les efforts visant à prolonger les heures d'enseignement, comme ceux déployés pendant le mandat de M. Ismat en tant que ministre de l'Éducation, ont échoué, l'une des raisons les plus importantes étant le nombre excessif de jours fériés.
Sensibilisation et inaction du gouvernement
Le problème n'est pas nouveau, a noté le dirigeant du KTU. Lors d'une conférence tenue par le Dr Barham Salih, ancien Premier ministre du gouvernement du Kurdistan (2009-2012), le problème du trop grand nombre de jours fériés a déjà fait l'objet de nombreuses discussions. Bien que les responsables gouvernementaux en soient conscients, aucune mesure substantielle n'a été prise pour résoudre ce problème. Au lieu de cela, le nombre de jours d'enseignement a été réduit de six à cinq, ce qui a exacerbé le problème.
L'impact négatif sur les enseignant∙e∙s et les élèves
Chaque année, les pays riches examinent et remédient aux lacunes en matière d'éducation, mais au Kurdistan, la situation reste inchangée. Des recherches sur l'impact des vacances sur l'éducation ont montré que trop de vacances entraînent de la frustration chez les enseignant∙e∙s et entravent le processus éducatif. « Rien que cette année, 30 jours ont été désignés comme jours fériés au cours du premier semestre, avec des jours supplémentaires perdus à des fins électorales et aux procédures de recensement », a expliqué Haje.
Déclarations arbitraires de jours fériés
La déclaration arbitraire de jours fériés, souvent influencée par des motifs politiques, a encore compliqué la situation. Par exemple, les vacances sont parfois prolongées pour créer de longs week-ends, perturbant ainsi l'horaire scolaire. Cette pratique a entraîné une réduction significative des jours d'enseignement, au grand désarroi des éducateur∙trice∙s qui peinent à terminer leurs programmes.
Responsabilité du ministère
Haje est catégorique sur le fait que le ministère de l'Éducation porte la responsabilité de cette question. Alors que les événements politiques et les fêtes nationales sont inévitables, le ministère doit veiller à ce que le calendrier académique ne soit pas excessivement perturbé. Il a rapporté qu'un ancien enseignant a fait remarquer de manière poignante que l'abondance des vacances permet aux enfants des dirigeant∙e∙s politiques de profiter de vacances à l'étranger, tandis que les élèves moins fortuné∙e∙s en subissent les conséquences.
Solutions proposées
Pour remédier à ce problème urgent, les mesures suivantes sont proposées :
- Établir un calendrier éducatif dédié, exempt de jours fériés arbitraires, à l'exception des fêtes religieuses et nationales comme le Newroz (l'arrivée du printemps et du nouvel an dans la culture kurde).
- Veiller à ce qu'au moins 200 jours soient alloués à l'enseignement pour permettre l'achèvement du programme d'études.
- Garantir une indemnisation intégrale aux enseignant∙e∙s afin d'éviter les vacances forcées qui perturbent le processus éducatif.
« L'éducation est la pierre angulaire du développement d'une nation. Il est impératif que le gouvernement du Kurdistan prenne des mesures immédiates pour réformer le calendrier académique et fournir aux élèves l'éducation ininterrompue qu'ils méritent », a conclu M. Haje.
Une problèmatique de longue date
M. Haje avait déjà fait remarqué que l’année scolaire 2022-2023 présentait 173 jours d’école et un temps scolaire de 692 heures, ce qui est bien inférieur à l'année scolaire complète.
« De nombreuses enseignantes et de nombreux enseignants m’ont dit que leurs principales préoccupations ne concernaient pas la possibilité de libérer les élèves le samedi, mais d’autres enjeux liés au besoin de mettre en œuvre des mesures visant à améliorer le statut de la profession enseignante », a également expliqué M. Haje.
Ces mesures incluaient :
- Le versement des salaires dans les délais ;
- L’octroi de promotions ;
- Une attention accrue au perfectionnement continu des enseignant·e·s, dont les maître·sse·s de conférences ; et
- L’adoption d’une loi protégeant les enseignant·e·s et leur dignité.
D’après Haje, « ces mesures encourageront les enseignantes et enseignants à améliorer leurs compétences pédagogiques et à réaliser leurs tâches correctement, comme ils n’ont cessé de le faire pour le bien de leurs étudiantes et étudiants ».