Sénégal : unité et mobilisation syndicale en faveur du financement accru de l’enseignement public
« Un système éducatif basé sur des institutions publiques est la meilleure option pour le plein épanouissement du droit à l’éducation. C’est pourquoi l’État doit consolider l’éducation comme un véritable bien public, promouvoir une éducation porteuse d’émancipation individuelle et collective mais aussi de justice sociale. » Voici l’un des points saillants du rapport final de l’étude sur la privatisation et la marchandisation de l’éducation et de la formation au Sénégal commanditée et présentée par l’Union Syndicale pour une Éducation de Qualité (USEQ), qui regroupe les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation (IE) dans ce pays.
L’USEQ réunit sous un même toit le Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES), le Syndicat National de l'Enseignement Elémentaire (SNEEL-CNTS), le Syndicat des Enseignants Libres du Sénégal (SELS), le Syndicat des Professeurs du Sénégal (SYPROS), le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES) et le Union Démocratique des Enseignantes et des Enseignants du Sénégal (UDEN).
Cette étude diagnostique sur la privatisation de l’éducation au Sénégal, soutenue financièrement par la Fondation Friedrich Ebert et encadrée par le Bureau régional Afrique de l’IE, et menée par le cabinet EDUFORE spécialisé en éducation, formation et évaluation, s’est donné comme ambition de dresser un état des lieux de la privatisation de l’éducation pour une meilleure compréhension du phénomène, trouver les stratégies les plus adaptées pour lutter contre les multiples dérives souvent dénoncées par la communauté éducative, mais aussi disposer d’outils de plaidoyer efficace pour le développement du secteur public de l’éducation et de la formation.
Contexte
Elle a été commanditée par l’USEQ dans un contexte marqué par une demande croissante d’éducation dans un contexte de crise économique, et devant laquelle l’État du Sénégal a cédé davantage de place au secteur privé de l’éducation et de la formation par de fortes mesures de libéralisation. Et ce, en dépit des divers engagements internationaux et nationaux pris par cet État mettant l’accent sur le développement d’un enseignement public de qualité, inclusif et gratuit.
L’essor croissant de la privatisation de l’éducation est devenu inquiétant pour des défenseur·euse·s du droit à l’éducation pour toutes et tous, que sont, entre autres, les syndicats d’enseignant·e·s et des ONG en éducation.
Pour Abdourahmane Gueye, secrétaire général national de l’UDEN et coordinateur de l’USEQ, il est « possible d’atteindre les objectifs d’un financement public conséquent, endogène et durable de l’éducation et de la formation par l’expertise syndicale visant à construire les argumentaires les plus pertinents, la mobilisation syndicale soutenue, la sensibilisation de l’opinion nationale et le déploiement en direction des pouvoirs publics, d’une part, et d’un plaidoyer fort, intense et soutenu, relayé par les plateformes revendicatives syndicales ».
Insistant sur le fait qu’« il est du devoir régalien de l’État de veiller jalousement à ne pas perdre le contrôle sur le domaine le plus stratégique de l’avenir de la nation, à savoir l’éducation et la formation des citoyennes et citoyens », il a également fait observer qu’« il se développe actuellement dans le secteur privé d’enseignement plusieurs systèmes d’éducation forgés de l’extérieur, avec des missions, des conceptions et des visions différentes. Les écoles bilingues diverses – américaines, turques, iraniennes, moyen orientales, du Maghreb, entre autres – appartiennent à cette catégorie. »
Recommandations
C’est dans ce contexte que le rapport d’étude recommande, entre autres :
- Un système éducatif basé sur des institutions publiques, la meilleure option pour le plein épanouissement du droit à l’éducation. C’est pourquoi, l’État doit consolider l’éducation comme un véritable bien public, promouvoir une éducation porteuse d’émancipation individuelle et collective, mais aussi de justice sociale ;
- La lutte contre la privatisation abusive et la marchandisation, un défi majeur pour les acteur·trice·s et les défenseur·euse·s du droit à l’éducation pour tous et toutes, tout au long de la vie.
La force du public : ensemble on fait école !
Les résultats de cette recherche de l’USEQ sont en droite ligne avec les revendications portées par la campagne de l’IE, « La force du public : ensemble on fait école ! ».
Celle-ci constitue un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et qu'ils investissent davantage dans les enseignant·e·s, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.
Partage des conclusions
L’USEQ a par ailleurs réalisé un fascicule centré sur les conclusions du rapport d’étude qui va servir à leurs activités de sensibilisation. Ces conclusions ont aussi été présentées à la presse du pays les 16 et 17 novembre. Puis, le 30 novembre, sera organisé un forum d’échanges sur l’étude avec les acteurs clés de l’éducation au Sénégal. Enfin, au courant du mois de décembre, des rencontres seront organisées avec les ministres en charge de l’Éducation et de la Formation, le ministre de l’Économie et des Finances, les commissions en charge de l’Éducation/Formation de l’Assemblée nationale sénégalaise, du Conseil économique social et environnemental, du Haut Conseil des Collectivités territoriales et du Haut Conseil du Dialogue social.