Investir dans les enseignant·e·s pour garantir une éducation de qualité pour tou·te·s : l’Union européenne souscrit aux recommandations des Nations Unies sur la profession
Le financement de l’éducation et l’investissement dans la profession enseignante sont essentiels pour garantir le droit à l’éducation pour tou·te·s et atteindre tous les Objectifs de développement durable. Le message a été entendu haut et fort ce 11 avril à l’occasion de l’Événement de haut niveau sur l’éducation dans le cadre de la stratégie « Global Gateway », organisé conjointement par la Commission européenne et la présidence belge du Conseil de l’Union européenne. Cet évènement marquait le lancement régional des 59 recommandations formulées par le Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante qui constituent un plan d’action et un appel à l’action pour les gouvernements afin de mettre un terme à la pénurie mondiale d’enseignant·e·s.
« La pénurie d’enseignantes et enseignants est une crise d’ampleur mondiale qui fragilise le droit des étudiantes et étudiants à une éducation de qualité et à des sociétés démocratiques. À l’échelle mondiale, il nous manque 44 millions de collègues, et ce uniquement dans l’enseignement primaire et secondaire. Nous devons également recruter au profit de l’éducation de la petite enfance et de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels. Et les enseignants qui travaillent dans des communautés défavorisées ou difficiles d’accès ont, de toute urgence, besoin du renfort de nouveaux collègues. « Les enseignantes et enseignants du monde entier s’engagent à fournir une éducation inclusive et de qualité, mais ils ont besoin de conditions favorables – notamment des charges de travail raisonnables et des effectifs gérables dans les classes, ainsi qu’un soutien collégial – pour pouvoir répondre aux besoins de leurs élèves », a déclaré Johanna Jaara Åstrand, vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation pour la région européenne, lors de l’Événement de haut niveau sur l’éducation.
La voix des enseignant·e·s entendue
La vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation et présidente du Syndicat suédois des enseignant·e·s a souligné que les 59 recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante remettent les questions relatives à la profession enseignante sur le devant de la scène, près de 60 ans après l’adoption de la Recommandation Organisation internationale du Travail (OIT)/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant. Les enseignant·e·s se sentent enfin entendu·e·s.
Les trois secteurs d’action prioritaires mis en exergue par la dirigeante syndicale sont les suivants :
- Garantir des conditions de travail de qualité, notamment des salaires attractifs et la sécurité de l’emploi. La politique à courte vue consistant à embaucher du personnel sous-qualifié sur la base de contrats précaires doit cesser. Les gouvernements doivent investir dans l’amélioration de la condition enseignante à tous les niveaux de l’éducation.
- Assurer une formation initiale de qualité, proposer un mentorat, un soutien et des possibilités de perfectionnement professionnel. Les normes professionnelles doivent être élaborées, mises en œuvre et contrôlées conjointement par la profession enseignante afin de garantir un enseignement de qualité.
- Les enseignant·e·s ont besoin que leur bien-être soit protégé, qu’il soit fait confiance à leur jugement professionnel et que leur voix soit entendue. Pour encourager la vocation enseignante, il faut favoriser l’action et l’autonomie des enseignant·e·s.
Un large soutien aux recommandations des Nations Unies pour renforcer la profession enseignante
Les intervenant·e·s à l’Événement de haut niveau sur l’éducation dans le cadre de la stratégie « Global Gateway » ont exprimé leur soutien aux 59 recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, soulignant le besoin crucial d’investir dans les enseignant·e·s et de les soutenir en tous lieux.
« Nous devons réfléchir à de meilleurs moyens de soutenir les enseignant·e·s de manière constructive », a déclaré Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations Unies, lors de la séance d’ouverture de la rencontre. La responsable onusienne a salué les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante et a appelé tous les gouvernements et les parties prenantes à donner la priorité à leur mise en œuvre et à investir dans l’éducation comme impératif à l’échelle mondiale afin d’accélérer les progrès vers la réalisation de l’Objectif de développement durable n° 4.
Stefania Giannini, sous-directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation, a repris à son compte cet appel à l’action, soulignant que « les enseignantes et enseignants et l’éducation de qualité sont les deux faces d’une même médaille ». Elle a également appelé à un investissement accru dans la fonction enseignante, rappelant que « l’éducation de qualité dépend d’enseignantes et enseignants qualifiés et que c’est là que les investissements doivent être prioritaires ».
Manuela Tomei, sous-directrice générale pour la gouvernance, les droits et le dialogue à l’Organisation internationale du Travail, a proposé une réflexion sur l’importance du dialogue social dans la transformation de l’éducation, se félicitant de l’accent mis sur le dialogue social dans la recommandation du Groupe de haut niveau. La représentante de l’OIT a noté que les recommandations elles-mêmes sont le fruit du dialogue social, les enseignant·e·s, les étudiant·e·s et leurs syndicats étant représenté·e·s au sein du Groupe de haut niveau. Elle s’est également félicitée de l’accent mis par les recommandations sur l’amélioration des conditions de travail des éducateur·trice·s et sur une approche de la technologie dans l’enseignement centrée sur l’humain, soulignant que la technologie « ne saurait se substituer à la relation entre l’enseignant et l’étudiant ».
Sebastian Berger, directeur exécutif du Forum mondial des étudiant·e·s (Global Student Forum) et membre du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante, a exprimé le soutien des étudiant·e·s aux recommandations progressistes et ambitieuses, saluant leur engagement en faveur de la solidarité et de la justice sociale. Le dirigeant du Forum mondial des étudiant·e·s a souligné que les recommandations mettent l’accent sur l’amélioration des conditions de travail dans l’éducation, la protection du bien-être des enseignant·e·s, le soutien aux enseignant·e·s réfugié·e·s et déplacé·e·s, la garantie d’environnements de travail inclusifs pour les enseignant·e·s dans toute leur diversité, l’écologisation des programmes et des infrastructures, et l’acquisition par les étudiant·e·s des compétences et des connaissances dont il·elle·s ont besoin pour agir en faveur de la justice climatique et de la justice sociale.
Jutta Urpilainen, Commissaire européenne chargée des partenariats internationaux, a déclaré que l’éducation était une priorité pour l’Union européenne, qui consacre au moins 10 pour cent de son budget pour les partenariats internationaux à l’investissement dans l’éducation. « Améliorer la qualité de l’éducation, c’est investir dans les enseignantes et enseignants », a conclu la Commissaire européenne.
Les recommandations de l’Organisation des Nations Unies et la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! »
À travers la campagne mondiale La force du public : Ensemble on fait école !, l’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres s’efforcent d’assurer la mise en œuvre des 59 recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies dans l’ensemble des pays du monde. Les syndicats de l’enseignement s’appuient déjà sur les recommandations pour plaider en faveur d’investissements plus importants dans les enseignant·e·s et dans l’éducation au sein de leurs pays.