Ei-iE

Autonomisation des éducateur·trice·s : des initiatives porteuses de changement dans la région Asie-Pacifique

Publié 17 juin 2024 Mis à jour 28 juin 2024

Face à la pression des problèmes qui se posent à l’échelle mondiale, le bureau de l’Internationale de l’Éducation pour la région Asie-Pacifique (IEAP) s’est érigé en fer de lance d’un ensemble d'initiatives de coopération au développement (CD) visant à redonner force aux syndicats, militer en faveur de l’enseignement public et répondre à l’urgence de la crise climatique.

La région Asie-Pacifique est actuellement confrontée à des obstacles qui entravent significativement les progrès vers une réalisation des Objectifs de développement durable. La pandémie a augmenté la fracture numérique, la pénurie d’enseignant·e·s s’est aggravée et le financement de l'éducation est dans une situation précaire. En outre, la région est le lieu d'une érosion alarmante des droits syndicaux et des droits humains.

Face à ces grands défis, le bureau de l’IE pour la région a établi un cadre stratégique qui s'articule autour de quatre grands axes : le renouveau syndical, les droits et la démocratie, la campagne de l’IE « La force du public : ensemble on fait école ! » et le soutien à la campagne mondiale de l’IE « Enseignez pour la planète ».

L’optimisation de la collaboration au cœur des initiatives

Dans son message, Anand Singh, directeur de l’IEAP, a tenu à souligner plusieurs points : la synergie intrinsèque à l’approche du travail de CD, le fait que les orientations sont fondées sur la recherche et le respect des lignes établies, mais aussi qu’il est précieux de puiser dans le savoir collectif pour une mise en œuvre réussie du programme.

« Quoi que nous fassions, ce n’est pas le fruit du seul travail du bureau régional, mais aussi celui de votre engagement et de votre participation actifs », a déclaré Singh pour insister sur le caractère collectif des efforts et le fait que la responsabilité était commune. « Quoi que nous fassions, c’est ensemble que nous développons le contenu, ensemble que nous mettons les programmes en application ; rien n’est imposé aux organisations membres qui bénéficient des projets de coopérations », a poursuivi Singh, donnant là un exemple d’approche démocratique et inclusive pour le développement et la mise en œuvre de projets.

Singh a continué en rappelant, dans les grandes lignes, les principes fondateurs qui guident le travail en question : « Nous suivons les orientations données dans le Guide de coopération au développement de 2021, qui est le document de référence que nous utilisons. » Le directeur de l’IEAP a aussi souligné l’importance d’être bien informé, en se fondant sur des résultats fermement établis par la recherche au cours des trois à cinq dernières années, afin de s’assurer que les actions menées sont étayées par le savoir d’expert∙e∙s.

Les effets du changement climatique

La présidente du Council of Pacific Education (COPE, Conseil de l’Éducation du Pacifique), Neselinda Meta, a également apporté sa réflexion sur l’urgence et la gravité du changement climatique pour les nations insulaires du Pacifique, ainsi que sur les efforts collectifs pour intégrer le changement climatique dans les programmes scolaires et pour consolider la résilience des communautés.

« Le changement climatique est une réalité pour nous : c’est d’une gravité absolue. Nous perdons nos maisons, nos terres agricoles, nos lieux de culte, nos écoles, nos hôpitaux, et même, nous nous retrouvons séparés de nos familles ; c’est quelque chose de très réel pour nous », a-t-elle déclaré.

«  La toute première conférence sur le climat qui s’est tenue l’an dernier aux Fidji, du 23 au 25 mai, a marqué un tournant », a-t-elle continué. Près de 50 participant·e·s, leaders syndicaux∙ales de tous les pays du Pacifique, se sont rassemblés pour mettre en commun leurs connaissances et consolider leurs capacités face aux problèmes grandissants que pose le changement climatique.

« Les enseignantes et enseignants sont en première ligne pour transmettre ces connaissances aux enfants », a insisté Meta. Du 17 au 19 avril de cette année, cinquante syndicats d’enseignant·e·s ainsi que la Fijian Teachers Association (Fidji) se sont réunis lors d’une action commune pour la conférence sur le climat. « Leurs débats ont porté sur les programmes scolaires et sur la façon de les intégrer à la lutte pour la sensibilisation au changement climatique. »

Meta a conclu en remerciant les partenaires de la CD pour leur « soutien constant et leurs initiatives ». Elle a souligné la solidarité et l’engagement manifestés par les syndicats pour s'attaquer aux problèmes, de plus en plus pressants, que pose le changement climatique dans la région Pacifique.

Singh a de son côté ajouté que les efforts dans le cadre du projet « Les éducatrices et éducateurs se mobilisent pour le développement durable » vont de pair avec la campagne mondiale « Enseignez pour la planète ». Ce projet permet de mettre à disposition les résultats de la recherche et des kits d’outils pédagogiques facilitant l’intégration de l’éducation au changement climatique dans les programmes scolaires, reconnaissant par là la menace existentielle que constitue l’urgence climatique, tout particulièrement dans le Pacifique.

Militer en faveur de l’enseignement public

La campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » a connu des avancées significatives dans toute la région Pacifique, défendant la cause d’un enseignement public et soulignant qu’il s’agit là de la pierre angulaire de toute société démocratique, a également déclaré Singh, en prenant pour exemple des projets en cours en Indonésie et en Mongolie.

Le renouveau syndical pour un avenir plus fort

Singh a fait ensuite noter que les projets de CD appuyant un renouveau syndical sont aussi conçus pour insuffler un nouvel élan aux syndicats, renforcer l'engagement des membres et encourager le leadership intermédiaire. Cette orientation est cruciale pour garantir que les syndicats restent déterminants et efficaces dans la défense des droits des éducateur·trice·s.

La défense des droits, de la démocratie et de l’inclusivité

L’un des autres points fondamentaux sur lesquels se focalise le travail de CD est l’égalité des genres, en particulier au sein de la structure des syndicats et en ce qui concerne les postes de direction. Des initiatives sont en cours pour réactiver les réseaux féminins et développer un index des droits destinés aux éducateur·trice·s, afin de garantir que chaque voix soit écoutée et prise en compte.

L’importance de l’inclusivité et de la diversité a été une nouvelle fois soulignée, avec la formation de groupes de femmes, de jeunes et de personnes LGBTQI+. Ces efforts ont pour objectif de rendre le paysage syndical plus équitable et plus représentatif.

La transformation des syndicats en organisations menant des campagnes

Les débats ont aussi mis en lumière la transformation des syndicats, d’entités fondées sur la notion de service qu’ils étaient, en organisations dont l’action est davantage centrée autour de campagnes. Cet infléchissement s’explique par la volonté de construire des capacités et du leadership au sein des syndicats, et on en trouve une illustration dans le programme John Thompson Fellowship.

Divers partenaires ont également présenté des projets centrés sur l’objectif d’une consolidation syndicale ; c’est le cas par exemple de projets pour le renouveau syndical aux Fidji ou pour la transformation numérique en Inde.

Le détail de ces projets peut être consulté sur la base de données des projets de coopération de l'IE.

Singh a annoncé que la prochaine étape impliquerait de se concentrer sur les projets « La force du public » et d’organiser une réunion de CD pour la région afin de développer un plan de travail sur quatre ans, à la suite du congrès. La force collective et la résilience des syndicats seront essentielles pour se donner un cap face aux défis de l’avenir.