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Les syndicats de l’éducation appellent l’OIT à assurer la mise en œuvre des recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante

Publié 1 juillet 2024 Mis à jour 8 juillet 2024

Lors de la 112e session de la Conférence internationale du Travail, la délégation de l’Internationale de l’Éducation a attiré l’attention sur les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante en tant que nouvel instrument de référence pour permettre le dialogue entre gouvernements et syndicats de l’enseignement en vue d’améliorer le statut des personnels de l’éducation et de remédier à la pénurie d’enseignant·e·s. Les 59 recommandations couvrent différents domaines, dont le dialogue social et le bien-être du personnel enseignant.

« L’éducation est un outil essentiel pour promouvoir la paix, l’égalité, la prospérité et la durabilité. L’éducation transforme les vies. Mais, sans enseignant·e·s, l’éducation ne peut pas tenir ses promesses », a déclaré la Secrétaire générale adjointe Haldis Holst dans son allocution devant les délégations tripartites des États membres de l’Organisation internationale du Travail (OIT), le 10 juin 2024.

Tout en déplorant la pénurie mondiale de 44 millions d’enseignant·e·s dans l’enseignement primaire et secondaire et en soulignant l’importance de disposer d’enseignant·e·s qualifié·e·s, Mme Holst s’est réjouie de l’adoption récente des recommandations formulées par le Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante. « Le Groupe de haut niveau appelle les gouvernements à investir dans la profession. Il insiste sur la nécessité d’investir dans des salaires compétitifs et de garantir l’emploi, des conditions de travail décentes, des environnements de travail inclusifs et sûrs, des possibilités de développement professionnel de qualité et un soutien aux enseignant·e·s. »

Les recommandations insistent sur la nécessité d’un dialogue social et politique « coordonné et institutionnalisé » avec les syndicats de l’éducation. Ce point a été mis en évidence dans plusieurs interventions de représentant·e·s de l’IE au sein du Comité de l’application des normes de l’OIT. Au cours de la discussion générale, Robi Baradel du syndicat argentin de l’éducation CTERA (Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina) a souligné que le droit à la négociation collective était garanti dans les recommandations, tout en évoquant les attaques subies par les syndicats d’enseignant·e·s, notamment en Argentine.

Roberto Baradel, du syndicat de l'éducation argentin CTERA

« Les enseignant·e·s, à l’instar de tous les fonctionnaires, ont besoin que les pouvoirs publics s’engagent à respecter, à promouvoir et à appliquer leurs droits au travail, y compris leur droit à se syndiquer sans persécution et sans crainte pour leur sécurité personnelle », a déclaré la coordinatrice principale de l’IE, Dominique Marlet, durant la discussion du Comité d’application des normes sur les Philippines. Dans le cadre des débats sur le Japon, la même représentante de l’IE a relevé que la recommandation n° 15 exhorte les gouvernements à faire en sorte que les enseignant·e·s et leurs organisations puissent participer au dialogue social, y compris la négociation collective et le dialogue politique, pour toutes les questions qui touchent à la profession. À l’heure actuelle, les enseignant·e·s japonais·e·s sont soumis à un nombre excessif d’heures supplémentaires, en moyenne 81 heures par mois dans les écoles secondaires et 59 heures dans les écoles primaires. Bien que le droit à la négociation collective soit reconnu, les syndicats d’enseignant·e·s du secteur public ne peuvent pas conclure de conventions collectives.

Les représentant·e·s des organisations membres de l’IE au sein de la Commission de l’OIT chargée de la discussion sur le travail décent et l’économie du soin ont également mis en évidence les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante pour défendre les travailleur·euse·s de l’éducation de la petite enfance. Le Baromètre international de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation (I-BEST), une enquête menée en partenariat avec l’IE, a rassemblé des informations alarmantes sur le bien-être, la santé mentale, les conditions de travail et la reconnaissance professionnelle du personnel de l’éducation de la petite enfance (EPE), qui est une profession extrêmement féminisée. Dans l’enquête, le personnel de l’EPE a évoqué les difficultés à trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, a confirmé aller travailler même malade et a signalé des niveaux élevés de stress depuis le début de l’année scolaire. Gilda Montero, de l’organisation enseignante ANDE (Asociación Nacional de Educadores y Educadoras) au Costa Rica, a appelé les gouvernements et l’OIT à soutenir la mise en œuvre des recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies et a demandé d’investir davantage dans la formation et le développement professionnels des enseignant·e·s, les salaires et les conditions de travail, le bien-être, les lieux de travail exempts de violence et de discrimination, ainsi que dans un dialogue social et une négociation collective couvrant tous les niveaux d’enseignements, y compris l’éducation de la petite enfance.

Lors d’autres interventions, les représentant·e·s de l’IE ont appelé l’OIT à élaborer un nouvel instrument international actualisé afin de défendre le statut de la profession. « Les recommandations du Groupe de haut niveau établissent une feuille de route importante pour remédier à la pénurie persistante et croissante d’enseignant·e·s partout dans le monde. Nous invitons instamment l’OIT à exiger des pays qu’ils rendent des comptes sur la mise en œuvre des recommandations. C’est la seule manière de défendre le droit de chaque élève à un·e enseignant·e qualifié·e », a conclu la Secrétaire générale adjointe Haldis Holst dans son intervention en séance plénière.