Le mouvement de défense des droits des personnels de soutien à l’éducation prend de l’ampleur au niveau international
La question du renforcement du mouvement mondial de défense des droits et du statut des personnels de soutien à l’éducation (PSE) était au cœur de la séance parallèle en sous-groupe intitulée « Défendre les droits des PSE : s’organiser contre les déficits de financement et la privatisation », qui s’est tenue le 30 juillet 2024 dans le cadre du 10e congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE). Face aux déficits de financement et à la privatisation, les syndicats de l’éducation du monde entier s’organisent pour défendre les droits et le statut des PSE.
La séance a réuni les organisations membres de l’IE, leur permettant de transmettre leurs stratégies de défense des PSE face aux conséquences néfastes de la privatisation et des déficits de financement. Les participant·e·s ont pu tirer les enseignements à la fois des tactiques efficaces et des campagnes réussies menées par d’autres syndicats, mais aussi des actions à l’impact plus mitigé.
Miser sur la communauté mondiale
Pour Marjolaine Perrault, directrice générale de la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ), au Canada, et membre du Bureau exécutif de l’IE, il faut investir plus pour disposer d’effectifs suffisants de personnels de soutien à l’éducation formés et qualifiés, bénéficiant de conditions de travail de qualité, de salaires permettant de vivre dignement et de parcours professionnels de qualité.
Dans ses remarques introductives, la défenseuse engagée en faveur des droits des PSE s’est félicité que le Congrès discute de la résolution proposée par CSQ/Canada, NEA/États-Unis, AFT//États-Unis, CNTE/Brésil, UNSA-Education/France et SNUipp-FSU/France. Cette résolution prend son assise de la déclaration d’Aveiro adoptée lors de la 2e conférence du personnel de soutien au Portugal en 2023.
La déclaration d’Aveiro rappelle précisément « les nombreux défis de ces personnels et les conséquences des politiques d’austérité sur les conditions de travail. Ces personnels, alliés des enseignantes et enseignants, sont majoritairement des femmes. Elles sont présentes dans partout dans notre système éducatif, de la petite enfance à l’université. »
Lutter contre la privatisation et les déficits de financement
Lors d’une table ronde consacrée aux campagnes conduites par les syndicats dans le but d’augmenter les financements de l’enseignement public et d’améliorer les conditions des PSE, Sandra de Leon, présidente de l’Association des travailleur·euse·s de l’enseignement secondaire (Asociación de Trabajadores de Enseñanza Secundaria-ATES), en Uruguay, a expliqué que son syndicat réunit exclusivement les personnels de soutien à l’éducation et s’oppose aux baisses de salaires imposées à ces derniers par un gouvernement d’extrême droite. L’ATES appelle à augmenter les financements des PSE et sensibilise le grand public aux menaces que fait peser la privatisation sur l’éducation.
Erzsebet Nagy, membre du bureau exécutif du Syndicat démocratique des enseignant·e·s de Hongrie (PDSZ, de son acronyme hongrois), a dit que le PDSZ se bat en faveur de salaires plus élevés pour les PSE et d’une augmentation de la grille salariale de manière à refléter les évolutions de carrière. Cependant, il fait face à un gouvernement qui préfère la réduction des coûts à la qualité des conditions de travail des PSE. Le PDSZ a fait grève pour obtenir l’amélioration de ces dernières et a récemment obtenu une baisse du nombre d’heures contractuelles pour les PSE.
Sylvester Mutindindi, secrétaire général du Syndicat zimbabwéen des travailleur·euse·s de l’Éducation, de la Santé, des Sciences, de l’Action sociale et de la Culture (Zimbabwe Educational, Health, Scientific, Social and Cultural Workers Union-ZEHSSCWU), a quant à lui souligné que le ZEHSSCWU a obtenu de meilleurs salaires et des conditions de travail plus favorables pour les PSE grâce à un processus de négociation collective.
Renforcer le mouvement mondial des PSE
Au cours de la séance, les participant·e·s ont réaffirmé le rôle central des PSE dans le soutien aux communautés éducatives et aux étudiant·e·s marginalisé·e·s. Les syndicats de l’éducation s’opposent aux tendances mondiales qui menacent le droit des PSE à des conditions de travail de qualité. Ils défendent le respect des professionnel·le·s face aux privatisations et politiques d’austérité croissantes qui nuisent aux PSE de multiples manières aux niveaux matériel, social et pédagogique, et mettent en péril une éducation inclusive de qualité.
Préparer le terrain pour de futures actions : « La force du public : ensemble on fait école avec les personnels de soutien à l’éducation ! »
Dans le cadre de séances plénières et en groupes, les participant·e·s ont abordé leurs stratégies de campagne et ont proposé des domaines d’intervention prioritaires sur lesquels l’IE pourrait s’investir d’ici au prochain congrès concernant les PSE. Par ailleurs, les participant·e·s ont souligné l’importance de l’action collective en vue d’obtenir une augmentation des investissements en faveur des PSE et dans la réussite de la campagne de l’IE « La force du public : ensemble, on fait école ! »
Quelques documents clés
Les documents suivants sont au cœur de la politique de l’IE concernant les PSE :
● Déclaration d’Aveiro – « La force du public : ensemble, on fait école avec les personnels de soutien à l’éducation ! » (déclaration à l’issue de la conférence mondiale sur les PSE de 2023)
● Résolution du congrès mondial de 2019 sur le personnel de soutien à l’éducation
● Déclaration relative aux droits et au statut des personnels de soutien à l’éducation (déclaration à l’issue de la Conférence de 2018)