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Les syndicalistes de l’éducation se mobilisent pour accroître leur influence et attirer de nouveaux membres

Publié 31 juillet 2024 Mis à jour 21 août 2024

Face à l’évolution des paysages éducatifs et à la nécessité permanente d’une représentation forte, les syndicalistes de l’éducation sont le fer de lance d’un mouvement dynamique visant à consolider leur influence et à étendre la base de leurs membres. Cette initiative, notamment axée sur l’adhésion de jeunes enseignant·e·s et de femmes, a été au cœur d’une session en sous-groupe clé intitulée « En avant les jeunes - Renforçons nos syndicats », organisée dans le cadre du 10e Congrès mondial de l'Internationale de l'Éducation (IE).

Points stratégiques

Le 30 juillet 2024, les représentant·e·s syndicaux·ales se sont réuni·e·s pour discuter de stratégies visant non seulement à conserver leurs membres, mais également à en attirer de nouveaux. Manuela Mendonça, de la Fédération nationale portugaise des enseignant·e·s (FENPROF) et membre du Bureau exécutif de l’IE, a présenté un aperçu des efforts déployés par l’IE en faveur du renouvellement syndical. « En tant qu’organisation d’organisations, l’IE n’est pas plus forte que ses membres. Plus vous êtes forts, plus l’IE est forte », a-t-elle déclaré, en insistant sur l’importance de ces efforts.

« Nous œuvrons en permanence au renforcement des syndicats, par exemple en développant de nouveaux outils, comme l’Outil pour le renforcement des syndicats - Pour des syndicats de l'enseignement plus efficaces », a-t-elle ajouté, en rappelant que l’IE coordonne une série de projets de renforcement des capacités dans toutes les régions, dont la plupart avec l’appui de partenaires du développement et de la coopération, dans le but de renforcer les syndicats opérant dans un contexte difficile.

Mme Mendonça a également insisté sur le fait qu’avoir des membres qui apportent une contribution financière régulière permet à un syndicat d’agir en toute autonomie sur le plan de la stratégie, des activités et de la communication, d’être durable, c’est-à-dire capable de planifier des actions à moyen et long terme, et d’être indépendant de toute autre organisation qui, en apportant un soutien financier, pourrait directement ou indirectement exercer une pression politique.

Indiquant que compter un nombre élevé d’adhérent·e·s est également un atout pour le dialogue social, elle a reconnu que « si vous voulez grandir, il vous faut un plan. Conserver les membres dans le syndicat et les garder actifs, attirer de nouveaux membres et les encourager à devenir actifs réclame des efforts constants. Vous ne pouvez plus attendre des enseignantes et enseignants qu’ils adhèrent à un syndicat sans les convaincre que cela les aidera directement – individuellement – ou indirectement – dans le cadre de la profession enseignante. »

« Cela veut dire s’efforcer en permanence d’être inclusif, transparent et démocratique, communiquer efficacement, veiller à représenter ses membres et rendre des comptes », a insisté Mme Mendonça.

Recrutement proactif

Ruby Bernardo, Présidente de la section de la Région de la capitale nationale de l’ Alliance of Concerned Teachers aux Philippines, s’est fait l’écho de ce sentiment, en soulignant l’approche proactive suivie par le syndicat pour recruter de jeunes membres. « Outre le fait que les enseignant·e·s philippin·e·s sont des professionnel·le·s surchargé·e·s et sous-payé·e·s, organiser les jeunes enseignant·e·s constitue un défi considérable en raison d’une stigmatisation larvée des organisations syndicales et de leurs membres, d’une désinformation généralisée et d’activités soutenues par le gouvernement de diabolisation et de trollage des syndicats », a observé Mme Bernardo.

Soulignant l’engagement du syndicat à se développer et à être efficace, elle a fait valoir qu’en l’espace de cinq ans, de 2019 à 2023, le nombre de jeunes membres de l’ACT âgé·e·s de 20 à 35 ans a considérablement augmenté, passant de 23.000 à plus de 63.000.

L’ACT mène des activités de recrutement auprès des étudiant·e·s dans les universités et les centres de formation, a-t-elle encore précisé.

Et d’ajouter que son syndicat est actif sur les réseaux sociaux, utilisant au maximum le langage et la culture populaires, et organise des activités syndicales créatives attrayantes pour les jeunes générations.

Mme Bernardo a poursuivi en observant qu’il est essentiel d’identifier de jeunes membres qui sont intéressé·e·s par le leadership syndical et ont un potentiel et de les pousser à assumer des rôles de leadership. À cet effet, l’ACT organise des formations au leadership et de séances de mentorat à l’intention des jeunes syndicalistes, de sorte qu’il·elle·s soient informé·e·s des combats politiques plus larges de la population philippine, en particulier des classes ouvrière et paysanne.

Le pouvoir des membres

La force d’un syndicat est directement proportionnelle au nombre de ses membres, lequel renforce à son tour la capacité du syndicat à mener un dialogue social et politique efficace avec les employeurs, pour obtenir des résultats favorables à la profession. Un syndicat nombreux jouit d’une plus grande autonomie et d’une capacité accrue à élaborer des plans stratégiques à long terme.

Résolutions et plans pour l’avenir

L’atelier a offert aux participant·e·s une plateforme pour échanger des exemples inspirants, partager des stratégies et collaborer avec d’autres membres de l’IE afin d’affiner leur tactique d’organisation. Ces discussions doivent déterminer l’orientation future de l’IE dans ce domaine.

Il est prévu que plusieurs résolutions visant à renforcer les syndicats soient soumises pour adoption au Congrès. Le Secrétariat de l’IE élaborera ensuite des activités fondées sur ces résolutions, en prenant appui sur les contributions précieuses de cet atelier.

Les participant·e·s ont quitté l’atelier avec une nouvelle vision de l’organisation des syndicats. Il·Elle·s ont reconnu le rôle capital des membres cotisants dans la robustesse d’un syndicat, la nécessité de faire pression activement pour préserver et accroître le nombre de membres, et l’importance de cibler des groupes démographiques spécifiques, comme les femmes et les jeunes professionnel·le·s, afin de renforcer les rangs des syndicats.

Engagement continu en faveur de l’organisation syndicale

L’engagement continu de l’IE en faveur de l’organisation et du renouvellement syndical transparaît clairement dans ses différents documents politiques et résolutions, notamment la résolution intitulée « Renouveau syndical : le nouvel impératif » et la « Résolution sur les enseignant·e·s, chercheur·euse·s et le personnel de soutien éducatif en début de carrière » ainsi que l’étude sur le recrutement et la participation de jeunes membres.

À l’approche du 10e Congrès mondial de l’IE, le secteur de l’éducation attend avec impatience et se tient prêt à adopter les stratégies innovantes qui en sortiront, pour renforcer la voix et l’influence des syndicats de l’enseignement dans le monde.