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Renforcer le statut et la qualité de l’éducation à la petite enfance après la pandémie de COVID-19

Résolution du 10e Congrès mondial

Publié 2 août 2024 Mis à jour 17 octobre 2024

Préambule

  1. Compte tenu de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la profession enseignante, l’accent a été mis sur la protection des enseignantes et enseignants du monde entier, la promotion du dialogue social et la manière de gérer la pandémie. Dans le même temps, l’éducation de la petite enfance (EPE) était le secteur du système éducatif qui a subi les plus graves revers en matière de développement. Ces revers ont exercé une énorme influence sur les plus jeunes enfants, sur leur sentiment de sécurité ainsi que sur l'importance de l'apprentissage précoce comme stipulé dans la Déclaration de Tachkent de 2022. En conséquence, les enfants ne sont pas retournés dans les écoles maternelles, les services d’éducation à la petite enfance et les garderies dans le même nombre qu’avant la pandémie. Ainsi, une réaffirmation de la résolution de l’EPE de 2019 lors du Congrès mondial de l’IE à Bangkok est nécessaire pour garantir que l’IE s’engage pleinement dans la promotion de la formation et du développement professionnel des enseignantes et enseignants de l’EPE. En outre, l’IE s’engage à renforcer les professions d’EPE et à améliorer la disponibilité, l’accessibilité, l’adaptabilité, l’acceptabilité et la qualité de l’éducation de la petite enfance.

Le 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education, réuni à Buenos Aires, en Argentine, du 29 juillet au 2 août 2024 :

  1. Réaffirmant les résolutions sur l’EPE des congrès mondiaux de 2015 à Ottawa et de 2019 à Bangkok ;
  2. Reconnaissant que le Conseil consultatif de l'EPE a constitué une avancée importante pour promouvoir la formation et les conditions de travail des éducatrices et éducateurs ainsi que de l’ensemble du personnel de l’EPE dans le monde entier ;
  3. Notant que les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies adoptés en 2015, particulièrement l’ODD 4.2 visant l’EPE, ont fourni une plate-forme solide pour le développement et l’amélioration d’une éducation de qualité et d’un apprentissage tout au long de la vie pour tous les enfants, incluant les enfants grandissant dans des conditions précaires, depuis l’EPE et au-delà ;
  4. Rappelant que la privatisation et la commercialisation des services d'éducation de la petite enfance constituent une tendance en croissance rapide dans le monde entier, y compris dans les pays où l'éducation de la petite enfance du secteur public constitue la norme et la tradition ;
  5. Considérant qu'il existe encore très peu de documentation sur les effets de la privatisation sur la qualité de l'éducation de la petite enfance et l’impact sur les enfants vulnérables et désavantagés (Conseil Nordique des ministères, Séminaire d'experts sur l'importance économique de l'EPE qualitative, 2023) ;
  6. Convaincus que l'EPE constitue un moyen de défense important contre la prolifération du travail des enfants dans plusieurs pays et régions du monde ;
  7. Soulignant que l'EPE n'est pas encore considérée comme un droit universel dans plusieurs pays ;
  8. Soulignant que les recherches du lauréat du prix Nobel James Heckman prouvent que la qualité de l'EPE influence fortement les résultats sanitaires, économiques et sociaux des individus et de la société dans son ensemble ;
  9. Reconnaissant que l'EPE fait partie intégrante du système éducatif et que le jeu joue un rôle central dans la vie des enfants. Selon l'article 31 de la Convention relative aux droits de l'enfant, les enfants ont le droit de jouer. Par conséquent, le jeu doit être inscrit à l'ordre du jour de l'EPE ;
  10. Considérant que les lignes directrices de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la promotion d’un travail décent pour le personnel de l’éducation de la petite enfance ne sont pas encore suffisamment connues et mises en œuvre par tous les acteurs clés impliqués dans l’EPE dans le monde ;
  11. Reconnaissant la définition de l'UNESCO sur l'EPE comme un ensemble organisé et ciblé d'activités d'apprentissage dans un environnement sûr et sain. Ainsi, veiller à ce que les programmes et la pédagogie de l'EPE s'appuient sur les connaissances locales pour développer des approches d'apprentissage centrées sur l'enfant, basées sur le jeu, pleinement inclusives et sensibles à l'environnement et au genre pour soutenir l'apprentissage, le bien-être, le développement de compétences socio-émotionnelles, une participation active à l'école et une sensibilisation aux valeurs démocratiques conformément à la Déclaration de Tachkent de 2022 (Référence : tashkent-declaration-ecce-2022.pdf (unesco.org)) ;
  12. Rappelant que dans certaines circonstances, les technologies numériques peuvent constituer des outils de soutien pour les éducatrices et éducateurs de l’EPE ainsi que pour les enfants dans les processus d’apprentissage, tout en respectant l’autonomie professionnelle et la liberté académique des personnels et en protégeant la vie privée des enfants et des professionnel.le.s de l’éducation;
  13. Soulignant la nécessité d’investir dans des bâtiments scolaires durables et des infrastructures numériques sûres et de qualité. Soulignant que les infrastructures numériques et l'égalité d'accès aux technologies numériques pour tous les éducateurs et éducatrices et les enfants sont d'une importance capitale, avec une attention particulière aux groupes les plus défavorisés et à la fracture socio-économique au détriment des zones rurales et les plus pauvres ;
  14. Tenant compte du fait que des données récentes de l'IE révèlent que l'EPE est le secteur le plus touché par la pénurie mondiale d'enseignant·e·s, ce qui entraîne une détérioration des conditions de travail. Ceci est lié au faible attrait et à la rétention des enseignant·e·s et du personnel de l'EPE, à la diversité des emplois et à la syndicalisation au sein du personnel de l'EPE, et aux implications d'une profession à prédominance féminine;
  15. Reconnaissant les recommandations de 2024 du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante visant à transformer l'éducation grâce au recours au dialogue social et politique, y compris la négociation collective comme principal mécanisme de détermination des salaires des personnels, de bonnes conditions de travail et des politiques éducatives visant à limiter l'extraordinaire pénurie d’enseignantes et d’enseignants au niveau mondial et à rehausser le statut de la profession.

Le 10e Congrès mondial :

  1. Exhorte l’IE à exploiter les opportunités présentées par l’ODD 4, la cible 4.2 et les déclarations internationales, affirmant que le droit à l’éducation débute à la naissance. Par conséquent, les progrès futurs en matière d’EPE nécessitent le soutien et de nouvelles initiatives organisationnelles de la part de l’IE;
  2. Appelle à une approche organisée compte tenu des lignes directrices de l’OIT sur la promotion du travail décent pour le personnel de l’éducation de la petite enfance. L'IE, les régions de l'IE et les organisations membres doivent organiser le travail de suivi nécessaire pour garantir la mise en œuvre des lignes directrices. En outre, reconnaitre le programme d'action de l'UNESCO sur le renforcement de l'exécution efficace des programmes d'EPE, tel que décrit dans la Déclaration de Tachkent de 2022 ;
  3. Rappelle que l'EPE est, dans certains pays, un champ de bataille pour la privatisation et la commercialisation. Les fonds de capital reconnaissent l'EPE comme un objet d'investissement avec des bénéfices prometteurs. La marchandisation de l’EPE en tant que produit empêche l’égalité, l’équité et la justice sociale et risque d’empiéter sur d’autres secteurs de l’éducation publique. C'est pourquoi nous apprécions les engagements de la Déclaration de Paris et la campagne mondiale de l'IE « La Force du public : Ensemble on fait école » qui est d’une importance primordiale pour le secteur de l’éducation de la petite enfance.

Le 10e Congrès mondial donne au Bureau exécutif le mandat suivant :

  1. Préparer un plan d'action pour que l'EPE aborde et recommande des politiques et des activités à entreprendre au cours de la période suivante du congrès par l'IE pour promouvoir l'éducation de la petite enfance dans la société, dans l'éducation et dans le mouvement syndical, y compris les actions suivantes :
  1. Coordonner et organiser des activités, partager des connaissances et des expériences, et créer une synergie ;
  2. Promouvoir la recherche sur l’EPE, et en particulier sur la fréquentation et la participation des filles, le travail des enfants ainsi que sur un cadre holistique d’EPE de haute qualité ;
  3. Poursuivre les recherches sur les causes et les conséquences de la privatisation de l'EPE dans le monde ;
  4. Promouvoir les lignes directrices de l’OIT sur la promotion du travail décent pour le personnel de l’EPE ;
  5. Plaider pour l'amélioration de la formation initiale, du développement professionnel continu et des conditions de travail décentes pour les enseignantes et enseignants de l'EPE, en particulier, en raison des durs revers subis pendant la pandémie de Covid-19 ;
  6. Continuer à soutenir les organisations membres de l'IE pour syndiquer les enseignantes, les enseignants, les éducatrices et les éducateurs de l'EPE ;
  7. Assurer la pleine priorisation et l'intégration de l'EPE dans les politiques, programmes, activités et campagnes de l'IE ;
  8. Nommer un nouvel organe consultatif sur l'EPE pour conseiller l'IE et le Bureau exécutif sur les questions liées à l'EPE, ainsi que soutenir le plaidoyer auprès des Nations Unies et de ses agences (UNESCO, OIT, UNICEF, PNUD, Banque mondiale, etc.), les organismes régionaux et les gouvernements. Cet organe, constitué de manière transparente et démocratique, doit être inclusif et permettre la représentation des différentes régions de l’IE.