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Italie : les enseignant·e·s font grève pour obtenir un salaire équitable et la sécurité de l'emploi dans un contexte d'austérité

Publié 31 octobre 2024 Mis à jour 4 novembre 2024

L'Internationale de l'Éducation (IE) est totalement solidaire de son organisation membre, la Federazione Lavoratori della Conoscenza (FLC CGIL), qui mènera une grève nationale le 31 octobre 2024 pour réclamer des salaires équitables et la sécurité de l'emploi. Cette grève est une réponse aux mesures d'austérité du gouvernement de Giorgia Meloni, qui a gelé les salaires, réduit le financement de la recherche et laissé des milliers de personnels de l'éducation travailler dans le cadre de contrats précaires et à court terme.

Le secrétaire général de l'IE, David Edwards, a exprimé son soutien à la grève, la reliant à l'appel mondial en faveur de systèmes d'enseignement public entièrement financés et de la protection des droits des travailleur·euse·s de l'éducation : « Les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sont claires : les gouvernements doivent financer pleinement l'enseignement public et investir dans la profession enseignante. Cette grève n'est pas seulement une question de salaires, il s'agit de défendre l'avenir de l'enseignement public en Italie. Les travailleuses et travailleurs de l'éducation défendent leur dignité, un salaire équitable et la sécurité de l'emploi. Leur voix doit être entendue et leurs revendications doivent être satisfaites. »

Principales questions à l'origine de la grève

La mobilisation se concentre sur plusieurs questions urgentes :

  • Salaires bas : les enseignant·e·s, les chercheur·euse·s et le personnel administratif italien·ne·s perçoivent des salaires parmi les plus bas d'Europe. Les données montrent également que les salaires des enseignant·e·s italien·ne·s sont inférieurs d'environ 20 % à la moyenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
  • Précarisation : avec un quart de la main-d'œuvre sous contrat temporaire, l'insécurité de l'emploi est une préoccupation majeure. La précarisation des travailleur·euse·s de l'éducation menace la qualité et la stabilité de l'ensemble du secteur.
  • Mesures d'austérité : le budget proposé par le gouvernement comprend des mesures d'austérité qui menacent de réduire davantage les salaires des chercheur·euse·s et de déstabiliser le financement des services publics.
  • Régionalisation de l'éducation : les projets du gouvernement visant à régionaliser le système d'enseignement public suscitent de vives inquiétudes, car ils pourraient exacerber les inégalités en décentralisant le contrôle du financement de l'enseignement public. Cette évolution pourrait conduire à une répartition inégale des ressources, les régions les plus riches pouvant investir davantage dans les écoles publiques, tandis que les régions les plus pauvres luttent pour maintenir les services de base. Un tel système risque d'aggraver les fractures sociales et économiques existantes, de compromettre l'égalité d'accès à l'éducation et de renforcer la marginalisation dans les régions les moins favorisées.

Plus d’argent public pour renforcer l'enseignement public

Dans ce contexte, la FLC CGIL demande au gouvernement d'investir davantage dans l'enseignement public afin de garantir des conditions de travail stables et décentes aux enseignant·e·s et au personnel éducatif. L'une de ses principales revendications est une augmentation de salaire de 400 euros par mois, ce qui est nettement plus élevé que l'offre du gouvernement, qui n'est que de 135 euros répartis sur deux ans. Le syndicat plaide également en faveur de la stabilisation des travailleur·euse·s temporaires par le biais de contrats à long terme et d'une augmentation des investissements publics pour protéger le secteur. En outre, la FLC CGIL s'oppose fermement au projet gouvernemental de régionalisation de l'éducation, car il risque d'aggraver les inégalités et de renforcer l'exclusion sociale.

Au cœur de ces revendications se trouve la nécessité de respecter le dialogue social et le système de négociation collective, en veillant à ce que les travailleur·euse·s de l'éducation aient leur mot à dire dans l'élaboration de l'avenir de l'enseignement public.

L'IE a publié une déclaration de solidarité en soutien à la grève du FLC-CGIL, soulignant que la lutte du syndicat en faveur d’un salaire décent et d’un travail sûr est partagée par les éducateur·trice·s du monde entier. Le message de solidarité de l'IE appelle les gouvernements à agir sur la base des recommandations de l'ONU et à soutenir la profession enseignante en garantissant des salaires équitables et professionnels, en mettant fin à l'utilisation d'enseignant·e·s contractuel·le·s et en incluant les syndicats d'enseignant·e·s dans les décisions politiques.

La grève de la FLC CGIL a également bénéficié d'une large solidarité de la part des organisations membres de l'IE dans le monde entier, car non seulement elle s'oppose à l'austérité et au travail précaire, mais elle défend également des conditions de travail dignes pour les enseignant·e·s et un système d'enseignement public plus fort en Italie.