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Maroc : Les syndicalistes de l'éducation se félicitent des progrès réalisés et continuent de se mobiliser pour la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! »

Publié 14 novembre 2024 Mis à jour 25 novembre 2024

La Fédération nationale de l'enseignement - Union marocaine du travail (FNE-UMT), organisation membre de l'Internationale de l'Éducation, poursuit sa mobilisation en faveur de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » au Maroc. Après avoir obtenu des victoires importantes par le dialogue social, le syndicat a décidé de placer la campagne « La force du public » et les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante au centre de sa stratégie visant à garantir le droit des élèves à une éducation de qualité et le droit des enseignant·e·s à de bonnes conditions de travail.

« La campagne ‘La force du public : ensemble on fait école !’ est moyen de soutenir et d'intensifier nos efforts pour démontrer que l'implication des enseignants et enseignantes dans l'élaboration des politiques est la clé d'une meilleure mise en œuvre de politiques éducatives saines et permet de recruter et de retenir les éducateurs et éducatrices, ce qui est essentiel en ces temps de pénurie », a déclaré Miloud Massid, secrétaire général de la FNE-UMT.

Dans ce cadre, les militant·e·s de la FNE-UMT se sont réuni·e·s à Casablanca les 11 et 12 novembre pour discuter des prochaines étapes de la campagne au Maroc.

Des progrès significatifs à travers le dialogue social

Depuis 2021, un dialogue social efficace a été à l'origine d'avancées significatives pour les enseignant·e·s et les travailleur·euse·s de l'éducation de tout le pays, notamment des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. La persévérance du syndicat dans son plaidoyer a influencé les réformes du droit du travail, renforçant les protections et les droits des travailleur·euse·s, grâce, par exemple, au cadre unifié relatif aux normes professionnelles d’enseignement. Cela a permis la titularisation de 140.000 enseignant·e·s contractuel·le·s, qui bénéficient désormais du statut de fonctionnaire et peuvent prétendre à une promotion avec rémunération rétroactive pour les cinq dernières années.

La FNE a également travaillé avec le gouvernement pour renforcer les mécanismes de dialogue social, en impliquant les enseignant·e·s dans la mise au point de politiques éducatives, en faveur de toutes les communautés éducatives à travers le Maroc.

La campagne « La force du public : ensemble on fait école » comme solution à la pénurie d'enseignant·e·s

Malgré les progrès substantiels accomplis, le système éducatif marocain doit encore faire face à des défis de taille, comme la pénurie massive d'enseignant·e·s (environ 60.000) et ses conséquences négatives sur la prestation d'une éducation de qualité. Cette pénurie est exacerbée par le départ à la retraite d'enseignant·e·s expérimenté·e·s et par les difficultés d'intégration des femmes et des jeunes dans la profession. Il faut également que le système éducatif s'attaque aux questions de l'accès et de l'équité, des programmes et des méthodes d'enseignement, et de l'égalité des genres.

Pour résoudre ces problèmes et consolider le système éducatif marocain, la FNE-UMT a rejoint la campagne « La force du public : ensemble on fait école » de l'Internationale de l'Éducation. C'est un appel urgent aux gouvernements pour qu'ils augmentent le financement de l'enseignement public, résistent à la privatisation et défendent l'enseignement public en tant que pierre angulaire des sociétés équitables et démocratiques. La campagne rejette les réformes du travail incluant des mesures d'austérité qui réduisent les protections sociales et affaiblissent les droits des travailleur·euse·s, et par conséquent accroissent les inégalités.

« Pour que chaque élève bénéficie d'un enseignant qualifié, les gouvernements doivent faire en sorte que l'enseignement devienne un métier attrayant pour les jeunes. La déréglementation que subit la profession et les contrats précaires (à durée déterminée) contribuent à la pénurie mondiale d'enseignants et enseignantes. Un investissement durable dans les enseignants et enseignantes et un financement adéquat de l'enseignement public sont des conditions préalables à l'amélioration de l'éducation », a souligné Angelo Gavrielatos, directeur de la campagne « La force du public » au niveau mondial.

Un appel pressant au gouvernement pour qu'il applique les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante

La FNE-UMT poursuit son engagement à travailler avec le gouvernement marocain. Les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante fournissent un plan d'action pour garantir l'accès de tous les enfants marocains à un enseignement public de qualité. Le syndicat est déterminé à faire de ces recommandations une réalité en s'organisant, en se mobilisant et en plaidant en faveur de politiques éducatives globales.

Conformément aux recommandations des Nations Unies, la FNE a approuvé une déclaration qui appelle le gouvernement marocain à œuvrer de concert pour :

  1. Augmenter l'investissement dans l'enseignement public à hauteur d'au moins 20 % du budget total national pour résoudre les problèmes de classes surchargées, d'infrastructures insuffisantes et de matériel d'apprentissage inadéquat ;
  2. Améliorer les conditions de travail des enseignant·e·s en leur offrant une formation initiale complète, une rémunération équitable comparable à celle d'autres professions et des possibilités de perfectionnement professionnel continu ;
  3. Inverser la tendance à la privatisation de l'éducation et garantir un enseignement public gratuit pour tous et toutes en s'opposant aux lois qui instaurent des frais de scolarité ;
  4. Promouvoir et renforcer les mécanismes de dialogue social afin de garantir que les représentant·e·s des enseignant·e·s restent au cœur de la conception et de la mise en œuvre des politiques éducatives, ainsi qu'aligner les politiques relatives aux enseignant·e·s sur les stratégies éducatives nationales ;
  5. Mettre l'accent sur l'inclusion et la diversité dans des politiques qui promeuvent l'égalité des genres et la diversité dans la profession enseignante ;
  6. Mettre en place une commission nationale dans laquelle figurent les autorités financières compétentes, des représentant·e·s des syndicats de l'éducation et d'autres parties prenantes concernées, afin de remédier à la pénurie d'enseignant·e·s, comme le recommandent les Nations Unies.

Le syndicat est décidé à poursuivre son travail avec l'Internationale de l'Éducation et le gouvernement afin de garantir un enseignement public de qualité pour tous et toutes.