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Réaliser l’ODD4 et faire accéder davantage de filles à l’éducation

Résolution du 10e Congrès mondial

Publié 27 novembre 2024 Mis à jour 27 novembre 2024

Le 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Education, réuni à Buenos Aires, Argentine, du 29 juillet au 2 août, note que :

  1. L’Objectif de Développement Durable 4 (ODD4) vise à assurer que toutes les filles et tous les garçons aient accès à un enseignement primaire et secondaire gratuit de qualité, sur un pied d’égalité, d’ici à 2030, ainsi qu’à éliminer les inégalités de revenus, à atteindre l’égalité entre les genres dans l’éducation et à assurer l’égalité d’accès à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnels.1
  2. En dépit de ces engagements, le monde est actuellement très loin du compte en termes de réalisation de l’ODD4 et la pandémie de Covide-19 a aggravé une situation qui était déjà alarmante.
  3. Quelque 44 millions de nouveaux enseignants et enseignantes qualifié·e·s doivent être recruté·e·s d’ici à 2030 pour atteindre l’ODD4, selon l’UNESCO, alors que l’offre actuelle d’éducateurs et éducatrices a besoin de ressources, de formations, de développement professionnel continu, de salaires et de conditions de travail améliorés pour être en mesure de dispenser un enseignement de qualité et inclusif2 .
  4. Le déficit de financement annuel de 148 milliards de dollars des pays à faible revenu et des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure pour atteindre l’ODD4 d’ici à 2030 s’est creusé d’un tiers3.

Le Congrès note également que :

  1. dans le monde, les enfants, et les filles en particulier, sont privés de leur droit fondamental à une éducation. L’exemple le plus flagrant est sans conteste l’Afghanistan, qui est le seul pays au monde à interdire l’accès des filles et des femmes à l’enseignement secondaire et supérieur, privant 1,1 million d’entre elles d’accès à une éducation formelle4 .
  2. Les filles sont déscolarisées de manière disproportionnée par rapport aux garçons ; en effet, dans le monde, 129 millions de filles ne sont pas scolarisées, alors que, selon l’UNICEF5, la majorité des filles qui ne sont pas scolarisées vivent dans des pays touchés par une crise6. Les filles qui ne fréquentent pas l’école sont plus exposées aux risques de mariage précoce ou forcé et de grossesse précoce.
  3. Moins de la moitié des pays (49%) ont atteint la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire et l’écart de genre se creuse à mesure que l’on avance dans le système éducatif : dans l’enseignement secondaire, le chiffre n’est que de 42% et il tombe à 24% seulement dans l’enseignement secondaire supérieur7.

Le Congrès considère que :

  1. investir dans l’éducation des filles transforme les perspectives de vie non seulement de ces filles et de leurs familles, mais de leurs communautés et de la société dans son ensemble.
  2. Les filles éduquées sont moins susceptibles de se marier jeunes et d’être victimes de violence domestique et de mutilations génitales féminines, et sont plus susceptibles de vivre une vie saine dans laquelle elles ont voix au chapitre en ce qui concerne leur avenir.
  3. L’éducation des filles contribue à sortir les familles et les communautés de la pauvreté, étant donné que les jeunes femmes éduquées perçoivent des revenus supérieurs. Les filles éduquées servent de modèles de rôle pour leurs pairs, leurs sœurs et leurs propres enfants, contribuant ainsi à lutter contre la discrimination fondée sur le sexe et les inégalités de genre pour la génération actuelle et les générations futures.
  4. Parvenir à une éducation complète des filles requiert une volonté politique et des investissements dans une éducation publique de qualité pour assurer un accès universel. Il faut que les filles puissent se rendre à l’école en toute sécurité et qu’elles s’y sentent en sécurité, que les classes et les écoles disposent de toilettes et de services d’hygiène qui fonctionnent, y compris des installations pour gérer l’hygiène menstruelle, que les filles aient accès à des enseignantes pouvant servir de modèles de rôle en tant que professionnelles, que les filles puissent avoir accès à un programme de cours vaste et équilibré, incluant les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques ainsi que les compétences numériques .
  5. La réalisation de l’ODD4 requiert d’établir un ordre de priorités et de soutenir les enseignantes et enseignants du monde entier, en reconnaissant qu’investir dans du personnel enseignant qualifié et bien formé est l’un des meilleurs investissements que l’on puisse faire pour notre avenir.

Le Congrès décide de :

  1. recentrer ses efforts sur la réalisation de tous les aspects de l’ODD4, en insistant tout particulièrement sur l’égalité entre les sexes dans l’éducation.
  2. Faire pression sur les gouvernements pour qu’ils augmentent leurs investissements domestiques dans l’éducation publique afin de respecter les références internationales consistant à consacrer au moins 4 à 6 pour cent du PIB et/ou au moins 15 à 20 pour cent des dépenses publiques totales à l’éducation, comme le recommande la Déclaration d’Incheon sur Education 20308 .
  3. Plaider pour que les gouvernements donateurs consacrent au moins 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’aide publique au développement (APD) et affectent au moins 15% de l’APD à l’éducation mondiale, comme le recommande le rapport final du Sommet sur la transformation de l’éducation organisé par le Secrétaire général de l’ONU9 .
  4. Défendre la nécessité pour les gouvernements de redoubler d’efforts afin de résoudre la pénurie mondiale de personnel enseignant, en mettant l’accent sur le recrutement et la rétention des enseignantes au moyen de mesures répondant à leurs besoins et situations spécifiques, en reconnaissant que la pénurie d’enseignantes fait obstacle à l’éducation des filles.
  5. Assurer la parité entre les sexes pour les enseignantes en termes de salaire, de conditions, de formation, de développement professionnel et de statut, et répondre à leurs besoins spécifiques en ce qui concerne le congé de maternité rémunéré, l’aménagement flexible du temps de travail et l’aide à la garde d’enfants.
  6. Soutenir les organisations membres de l’IE dans l’élaboration de politiques qui relèvent le statut des femmes dans la profession et au sein de leurs syndicats et faire en sorte que les femmes occupent des postes de direction dans le syndicat en nombres au moins équivalents à leur représentation dans leur syndicat respectif.
  7. Appeler la communauté internationale à intensifier ses appels aux Talibans afin qu’ils rouvrent toutes les écoles et tous les établissements d’enseignement supérieur aux filles et aux jeunes femmes et financent une éducation de qualité sur un pied d’égalité pour les garçons et les filles en Afghanistan.