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Mondes de l'éducation

Les trois manières pour chaque enseignant·e de renforcer l’implication des élèves

Publié 12 décembre 2024 Mis à jour 13 décembre 2024
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Il existe une myriade de raisons pour lesquelles les élèves se désintéressent de l'école et de leur apprentissage. Notre dernier livre, The Disengaged Teen: Helping Kids Learn Better, Feel Better, and Live Better [Adolescents en décrochage passif : aider les jeunes à mieux apprendre, à se sentir mieux et à vivre mieux] (sortie : 7 janvier 2025), présente de nouvelles données sur les stratégies très efficaces que les enseignants et enseignantes peuvent mettre en place pour aider les élèves en difficulté. Les enseignants jouent un rôle essentiel dans la vie des élèves, en les inspirant et en les impliquant dans leur apprentissage. Ils leur enseignent des connaissances élémentaires et leur font découvrir de nouvelles idées, bien évidemment. Mais ils ont aussi la possibilité d'encourager les élèves à persévérer dans leur travail lorsque les choses se compliquent et de les aider à trouver ce qui les passionnent. Il va de soi que cette tâche ne revient pas uniquement aux enseignants : parents et aidants familiaux ont aussi leur place à prendre dans ce processus.

Nous concentrons nos efforts sur l'aide à apporter aux enseignants et aidants familiaux pour stimuler l’implication des adolescents à l'école et à leurs apprentissages. Nous avons constaté que la grande majorité des élèves de maternelle disent aimer l'école, mais que cet amour décline plus on avance dans la scolarité, avec 75 % des élèves de CE2 (8-9 ans) et 25 % des élèves de seconde (15-16 ans). Les trois stratégies décrites ci-dessous peuvent être adoptées aussi bien dans l'enseignement primaire que secondaire.

No 1 Définir l'implication des élèves selon 4 modes

Nos recherches ont montré que les élèves tendent à se désintéresser de l'école progressivement dans le temps et qu'il est souvent ardu d'en percevoir les signes. Parfois, les élèves donnent l'impression de s'impliquer – ils suivent les instructions, ne perturbent pas la classe, etc. – mais en réalité ils commencent à se déconnecter de leurs apprentissages à l'école. Nous avons identifié chez les enfants quatre principaux modes de s'impliquer dans leur scolarité : Exploration, Réussite, Passif, Résistance. L'utilisation de ce cadre peut aider les enseignants et les parents à détecter plus facilement le désengagement et à faire en sorte que les élèves ne restent pas bloqués dans un seul de ces modes.

Le mode Exploration – Les élèves sont animés par une curiosité intérieure, étudient les questions qui leur tiennent à cœur et persévèrent pour atteindre leurs objectifs. Ces élèves développent une résilience et des compétences qui participent à leur épanouissement et souvent à leur réussite scolaire.

Le mode Réussite – Ces élèves très performants sont impliqués dans leurs apprentissages, mais il peut y avoir un aspect négatif car ils associent souvent leur valeur personnelle à leurs résultats, pouvant entraîner une peur de l'échec et de possibles problèmes de santé mentale. Ils ont besoin d'être soutenus pour relever de nouveaux défis et encouragés à se valoriser indépendamment de leurs notes.

Le mode Passif – Les élèves peuvent sembler impliqués, mais en fait ils se laissent porter par le mouvement et ne font que le strict minimum requis. Ils ont besoin qu'on les aide à relier l'école à leurs centres d'intérêt, leurs compétences et leurs besoins d'apprentissage.

Le mode Résistance – Ces élèves sont les plus visiblement désengagés et luttent souvent en silence contre des sentiments d'inadéquation ou d'invisibilité. Le fait qu'ils ne fassent plus leurs devoirs, fassent semblant d'être malades, sèchent les cours ou se rebellent contre les règles de l’école témoigne de leur désengagement.

Ces modes ne constituent pas des identités fixes et les élèves peuvent se comporter selon un mode donné lors de leurs activités extrascolaires et selon un autre mode à l'école. Nous avons constaté que les élèves peuvent passer d'un mode à l'autre assez rapidement en fonction de l'environnement dans lequel ils se trouvent. Lorsque vous voyez un élève bloqué dans un mode, essayez la deuxième stratégie décrite ci-dessous, en particulier pour les enfants qui fonctionnent principalement selon les modes Résistance et Passif.

No 2 Apporter de petits changements dans son langage et son approche pour stimuler la participation

Les enseignants peuvent effectuer plusieurs petits changements pour donner aux élèves davantage d'occasions d'être en mode Exploration. Il s'agit de changements de style, et non d'approche, qui ont été testés dans le monde entier, du Pérou aux États-Unis, en passant par la Corée. Les enseignants peuvent conserver leur approche en termes de gestion de la classe, de discipline et d'enseignement, tout en procédant à ces changements. L'universitaire Johnmarshall Reeve et ses collègues ont testé ces techniques de manière rigoureuse en comparant le niveau de participation des élèves entre les classes d'une même école où certains enseignants ont adopté le style de soutien à l'autonomie et d'autres pas. Voici quelques exemples de changements : [1]

  • Expliquer ses raisons. Lorsque les enseignants et enseignantes fournissent une brève explication des raisons qui sous-tendent leurs règles, demandes et procédures, ils aident les élèves à en comprendre l'objectif et renforcent leur adhésion. Il en va de même pour les travaux pratiques peu intéressants ou routiniers. Si les enseignants expliquent pourquoi ils souhaitent que les élèves effectuent une tâche de ce genre, cela contribue à les motiver.
  • Inviter plutôt que diriger. Lorsque les enseignants modifient légèrement leur façon de donner des instructions, passant d'un style directif à un style plus invitant, les élèves sont plus enclins à adhérer. Ce changement subtil de langage, à la fois verbal et corporel, peut consister à reformuler les instructions en passant de « tu dois », « tu devrais», « si tu ne le fais pas, alors... » à « tu pourrais », « je te suggère de », « tu pourrais essayer ». Pour l'élève, le langage directif est souvent perçu comme un ordre auquel il faut obéir, alors que le langage fondé sur l'invitation est ressenti comme un encouragement à s'engager.
  • Si possible, laisser le choix. Lorsque les enseignants intègrent dans leurs cours des choix gérables pour les élèves, cela les oblige à réfléchir à leurs préférences. Cette simple action engage naturellement les élèves à s'impliquer davantage dans la tâche à accomplir. Il peut aussi s'agir de donner aux élèves la possibilité de choisir l'un des trois devoirs à faire à la maison, de leur proposer une courte liste de sujets à choisir pour une rédaction ou de les laisser choisir la manière dont ils veulent faire leur travail (ex. : seul·e ou avec un·e camarade).
  • Solliciter l'avis des élèves. Cela peut s'avérer difficile pour les enseignants dont les classes sont chargées, mais l'idée est, par exemple, de donner aux élèves, à la fin du cours, une fiche, un post-it ou un billet de sortie électronique, et à leur demander : « À propos du cours d'aujourd'hui, avez-vous un dernier point à éclaircir ou sur lequel vous voudriez en savoir plus ? » Lorsque les enseignants tiennent compte de ce retour et adaptent le cours suivant en fonction des réponses données par les élèves, ces derniers ont l'impression d'avoir leur mot à dire dans le déroulement de leurs apprentissages scolaires. Cela les motive et les implique.

No 3 Travailler en partenariat avec les parents et les aidants familiaux

Des données en provenance du monde entier montrent à quel point il est important que les personnes qui s'occupent des enfants donnent l'exemple du plaisir d'apprendre à la maison. Aux États-Unis, des recherches ont démontré que la façon dont les aidants familiaux interagissent avec les enfants à la maison est un facteur deux fois plus annonciateur de la motivation et de la réussite des élèves que le statut socio-économique. Autrement dit, tout un chacun peut contribuer à stimuler la joie d'apprendre chez les enfants, quelles que soient ses ressources financières.

La construction de relations solides et de confiance avec les familles de vos élèves peut vous aider à identifier ce qui fait obstacle à leur implication en dehors de la salle de classe et à discuter des solutions possibles. [2] Les enseignants et enseignantes peuvent également utiliser les quatre modes d'engagement comme un cadre de compréhension facile afin de discuter de la motivation des élèves et de l'intérêt qu'ils portent à leur apprentissage à l'école. Bien que les membres de la famille ne soient pas des enseignants, ils peuvent parfaitement motiver leurs enfants à s'impliquer dans leur scolarité.

1. ^

Pour une explication approfondie des changements de style, consultez le livre Supporting Students’ Motivation: Strategies for Success.

2. ^

Vous trouverez ici une ressource utile pour ce faire (en anglais) : Collaborating to Transform and Improve Education Systems: A Playbook for Family-School Engagement.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.