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Commission de la condition de la femme des Nations Unies : unir nos forces pour les droits des femmes

Publié 21 mars 2025 Mis à jour 31 mars 2025

Une délégation de femmes syndicalistes de l’éducation issues de 12 pays était présente à la 69e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW), représentant les millions de femmes qui font avancer l’éducation à travers le monde. Organisée à New York du 10 au 21 mars, la CSW des Nations Unies est le forum mondial le plus important qui œuvre pour faire progresser l’égalité des genres et les droits des femmes dans le monde entier.

L’année 2025 marque le 30e anniversaire de l’adoption historique de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, le plan le plus progressiste de l’histoire en matière de promotion des droits des femmes. Les activités de la 69e session de la CSW étaient centrées sur l’examen de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing ainsi que sur une évaluation des progrès accomplis et des défis encore à relever.

Une victoire majeure pour les droits des femmes au travail

Au cours de la première journée de la CSW, les délégations des États membres des Nations Unies ont adopté une Déclaration politique marquant les trois dernières décennies de travail en faveur des droits des femmes. Les syndicats de l’éducation et le mouvement syndical mondial avaient plaidé sans relâche pour l’adoption d’un document progressiste et ambitieux.

« La Déclaration politique Beijing +30 marque une avancée pour les droits des femmes au travail et le mouvement syndical mondial a joué un rôle décisif dans la réalisation de ces progrès. Les gouvernements se sont engagés à faire respecter les droits du travail, y compris le droit de s’organiser et de négocier collectivement, à lutter contre la discrimination sur le lieu de travail et la violence dans le monde du travail, à promouvoir l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale et à soutenir la transition du travail informel au travail formel. D’importants engagements ont également été pris en ce qui concerne l’économie du soin et les systèmes de protection sociale universels tenant compte des questions de genre. Il est important de noter que les gouvernements ont reconnu les syndicats comme des parties prenantes clés et affirmé la nécessité de protéger le droit de la société civile, y compris les syndicats, d’opérer librement », a déclaré Haldis Holst, secrétaire générale adjointe de l’Internationale de l’Éducation (IE).

Fátima da Silva, secrétaire générale de la Confédération des travailleuses et travailleurs de l’éducation nationale au Brésil (CNTE/Brésil), a également noté que « l’avancée majeure concerne les droits des femmes au travail, une évolution très positive », ajoutant que « ces progrès exigeront également des efforts de notre part afin de garantir la mise en œuvre de la Déclaration par les gouvernements ».

Des progrès en matière d’éducation, mais des engagements plus ambitieux sont impératifs

La Déclaration politique de Beijing 30 ans après (Beijing +30) présente des engagements clés en matière d’éducation, notamment « l’accès à une éducation de qualité inclusive et équitable » pour toutes les femmes et les filles. Les gouvernements se sont engagés à promouvoir, protéger et réaliser « le droit à l’éducation en tant que moteur essentiel de l’égalité des genres, de l’avancement de toutes les femmes et les filles... en investissant dans les systèmes et les infrastructures d’enseignement public ».

Saluant l’accent mis par la Déclaration politique sur l’éducation, Ann Mari Milo Lorentzen, membre du Bureau exécutif de l’IE et présidente du Comité de la promotion des femmes de l’IE, a souligné qu’il reste encore beaucoup à faire : « Le combat pour un enseignement public gratuit pour chaque femme et chaque fille reste d’actualité, parce qu’une personne éduquée a la liberté de vivre la vie qu’elle souhaite vivre et d’être indépendante. Les syndicats ont apporté d’importantes modifications à la Déclaration, mais nous devons encore travailler à renforcer le libellé au sujet de l’éducation. »

Évoquant la prochaine occasion importante de plaidoyer, Heidi Yetman, présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE/CTF), a souligné que « Le Canada accueillera le G7 en juin de cette année. Notre syndicat plaidera pour que l’éducation soit inscrite à l’ordre du jour du sommet. Dans le contexte actuel difficile marqué par les conflits, l’éducation est absolument essentielle à la construction de la paix. »

Une influence inquiétante des acteurs régressifs à la CSW des Nations Unies

En dépit des progrès accomplis en matière de droits des femmes au travail et d’éducation, une référence à « la santé sexuelle et reproductive » et aux « droits reproductifs » a été supprimée dans la version finale de la Déclaration politique, qui constitue pourtant un élément fondamental de l’égalité des genres et des droits des femmes.

« Nous avons assisté à des tentatives agressives de la part d’un certain nombre de gouvernements conservateurs et d’extrême droite s’efforçant de porter atteinte au texte de la Déclaration politique, notamment en supprimant des passages essentiels traitant du langage relatif au genre, de l’autonomie corporelle des femmes et de l’éducation sexuelle complète. En tant que militantes des droits des femmes, nous devons faire front commun et continuer de résister à ces forces régressives. Nous ne nous inclinerons pas », a souligné Holst.

En outre, la question des partenariats public-privé a été intégrée au texte final de la Déclaration politique, malgré que cela ait était fortement mis en question par le mouvement syndical.

« Nous savons que les partenariats public-privé ont une incidence négative sur l’État et sur les personnes les plus vulnérables, en particulier les enfants les plus vulnérables. Le fait que tous les gouvernements se soient prononcés en faveur des partenariats public-privé dans la Déclaration politique est inquiétant. C’est une évolution que nous devons analyser et combattre, » a déclaré Fátima da Silva, secrétaire générale de la CNTE Brésil.

Solidarité et persévérance face au recul des droits des femmes

La montée de l’extrême droite ainsi que les conflits violents dans de nombreuses régions du globe mettent en péril une grande partie des progrès réalisés en matière d’équité entre les genres.

« J’ai eu l’occasion de participer à la CSW des Nations Unies il y a 10 ans. Vous ne serez pas surprises d’entendre que les Nations Unies sont aujourd’hui beaucoup plus fragiles en raison de tout ce qui se passe dans le monde », a fait observer Fátima da Silva.

« Nous vivons une époque difficile du point de vue politique, comme en témoigne l’omniprésence de mots tels que ‘revers’, ‘recul’, ‘un pas en avant, dix pas en arrière’, lors des manifestations annexes et parallèles. Mais la nécessité de ‘travailler ensemble’ était également sur de nombreuses lèvres. Ensemble, nous pouvons réussir, nous pouvons contrer le recul des droits », a ajouté Heidi Yetman.

Jennifer Moses de la NASUWT, Royaume-Uni, a partagé cet avis, soulignant que « ce que je retiens de cette année particulière, c’est que, malgré les difficultés et le recul de l’égalité des genres, je sais que la solidarité féminine au sein de l’Internationale de l’Éducation est très forte et que nous sommes fermement attachées à la préservation des droits des femmes et des filles ».

Gladys Márquez de la National Education Association, États-Unis, a quant à elle souligné que « La place d’une femme est dans son syndicat. Nous puisons notre force dans la solidarité. Le mouvement syndical m’a donné une voix et une capacité de décision et d’action, à travers l’union et la solidarité, et pas uniquement avec mes camarades au sein de mon syndicat, mais aussi avec les femmes syndicalistes du monde entier. »

Nadine A. Molloy de l’Association des enseignant·e·s de Jamaïque (Jamaica Teachers’ Association), également membre du Bureau exécutif de l’IE, a évoqué le sentiment partagé du devoir envers les générations futures comme une puissante incitation à redoubler d’efforts pour l’égalité des genres : « Quel héritage ma génération va-t-elle laisser à la prochaine génération de jeunes femmes ? C’est une question qui m’interpelle réellement aujourd’hui. »

« Ce qu’il faut, c’est nous unir. Quels que soient nos pays, nos langues, nos origines ethniques. En tant que femmes, nous devons unir nos forces pour promouvoir nos droits », a conclu Isabel Olaya Cuero de la FECODE, Colombie, également vice-présidente de l’Internationale de l’Éducation Amérique latine.