Le Conseil des Global Unions demande que l’aide humanitaire parvienne à la population du Myanmar et non à la junte militaire
Arrêtez les attaques et la militarisation de l’aide aux victimes du tremblement de terre !
Nous, membres du Conseil de Global Unions (CGU, regroupant les Fédérations syndicales internationales), sommes solidaires de la population du Myanmar face à son récent tremblement de terre dévastateur. Nous avons été scandalisés par les attaques permanentes de la junte militaire du Myanmar, son exploitation de la crise humanitaire et son obstruction délibérée à l’aide vitale par des bombardements aériens aveugles et des violations systématiques des droits de l’homme, qui se sont poursuivies dans les zones les plus touchées, immédiatement après le tremblement de terre. Nous prenons acte de l’annonce récente par le gouvernement militaire d’un cessez-le-feu temporaire dans le cadre des activités contre les groupes d’opposition armés, mais cela ne va pas assez loin.
Dans la foulée du récent tremblement de terre de magnitude 7,7, au lieu de donner la priorité aux secours et à l’aide humanitaire, l’armée a intensifié les bombardements aériens sur les communautés civiles, notamment à Chaung U (Sagaing), Phyu (Bago) et Naung Cho (Shan). Ces actes effroyables, sous couvert de gestion de situations de catastrophe, témoignent d’un mépris flagrant pour la vie et la dignité humaines.
L’histoire du Myanmar nous rappelle douloureusement comment un régime militaire exploite les catastrophes en utilisant l’aide humanitaire en tant qu’arme politique et militaire, comme on l’a vécu lors les cyclones Nargis (2008), Mocha (2023) et Yagi (2024). L’aide destinée aux survivants a été à plusieurs reprises détournée, restreinte ou manipulée au profit du régime, ce qui a eu pour effet de prolonger les souffrances et d’alourdir le bilan des victimes.
Le mépris permanent du droit international et l’indifférence totale des militaires à l’égard de ses obligations internationales devraient inciter la communauté internationale, y compris les agences des Nations unies, à rester vigilante afin de ne pas se laisser abuser par les militaires, dont le but est de continuer à s’imposer à la population du Myanmar. L’armée doit se retirer pour que l’aide et l’intervention humanitaire puissent atteindre l’ensemble du peuple du Myanmar et pour qu’il puisse reconstruire sa vie et ses moyens de subsistance dans la paix et la démocratie.
C’est pourquoi, d’urgence :
- nous exigeons que toute l’aide humanitaire soit acheminée exclusivement par l’intermédiaire du Gouvernement d’unité nationale (GUN), des organisations ethniques, de la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM), de la société civile locale et des groupes communautaires dignes de confiance ; des entités qui ont clairement démontré leur engagement et leur capacité à fournir une aide impartiale et vitale,
- nous condamnons les bombardements aériens et les attaques aveugles de la junte militaire contre la population et les infrastructures civiles et demandons un cessez-le-feu durable, qui aille au-delà de la trêve à court terme annoncée par la junte,
- nous appelons la communauté internationale, y compris les Nations unies, l’ANASE et les agences humanitaires, à veiller à ce que l’aide parvienne rapidement aux communautés touchées, sans interférence ni obstruction de la part de la junte, en recourant à des mécanismes transfrontaliers et locaux,
- nous demandons instamment à la Russie, la Chine et l’Inde de cesser immédiatement de fournir des armes, des équipements et des ressources militaires à la junte, car tout ceci est utilisé pour mener des attaques aériennes contre des civils, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre au regard du droit international. L’aide humanitaire fournie par ces pays ne doit pas être exploitée par la junte militaire du Myanmar pour cibler les dissidents, les forces de résistance ou les communautés ethniques,
- nous appelons les multinationales qui profitent directement ou indirectement de relations d’affaires avec la junte de cesser immédiatement toutes leurs activités liées à l’armée du Myanmar.
Les travailleurs et travailleuses, les communautés et les populations ethniques du Myanmar ont un besoin urgent d’aide et de protection et non de bombardements et de mesures d’obstruction. La résistance extraordinaire de la population du pays, des groupes ethniques et de la société civile face à l’adversité démontre leur capacité à acheminer de l’aide humanitaire essentielle. La déclaration immédiate par le GUN d’un cessez-le-feu unilatéral pour faciliter l’aide aux victimes du tremblement de terre contraste fortement avec la violence permanente de la junte et sa réaction tardive dans l’arrêt des activités militaires.
La légitimité et la crédibilité de l’action humanitaire internationale dépendent de la fourniture d’une aide fondée sur des principes, qui soit décisive et responsable. La communauté mondiale ne doit pas répéter les erreurs du passé qui ont permis à l’aide humanitaire de renforcer les oppresseurs militaires du Myanmar.
En tant qu’organisations syndicales représentant les travailleurs et travailleuses du monde entier, nous réaffirmons notre solidarité inébranlable avec le peuple du Myanmar et appelons à une pression internationale immédiate et soutenue pour mettre fin à cette crise humanitaire.
Le tremblement de terre a frappé des communautés qui subissaient déjà la brutale campagne de meurtres, de travail forcé, de déplacement et de répression de la junte. Pourtant, face à la dévastation, les habitants du Myanmar continuent de faire preuve d’un moral, d’une détermination et d’une unité inébranlables. Leur détermination est une puissante source d’inspiration pour le mouvement syndical international. La communauté internationale doit se tenir à leurs côtés, clairement, résolument et sans délai, du côté de la justice et de la dignité humaine.
Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois
Confédération syndicale internationale
Internationale de l’éducation
UITA
Fédération internationale des travailleurs et travailleuses domestiques
Internationale des services publics
IndustriALL
Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE
Fédération internationale des journalistes
UNI
Fédération internationale des travailleurs et travailleuses des transports