La pédagogie doit sous-tendre la technologie à mesure que les éducateur·trice·s s’adaptent à des changements rapides – Rapport de l’Internationale de l’Éducation
La pédagogie doit sous-tendre la technologie si la société veut une éducation de qualité pour tou·te·s dans un environnement déterminé par la COVID-19. C’est ce qu’affirme un nouveau rapport de l’Internationale de l’Éducation, intitulé « Analyse de la technologie dans l’enseignement et l’apprentissage ».
L’introduction de la technologie dans l’éducation est une question complexe, indique le rapport de recherche. Bien qu’elle permette d’avoir accès à l’éducation alors que les écoles sont fermées, elle crée également une situation nouvelle à laquelle tant les enseignant·e·s que les élèves doivent s’adapter et qu’ils doivent apprendre à gérer.
Cette recherche a été commandée par l’Internationale de l’Éducation et réalisée par Alison Egan, du Marino Institute of Education de Dublin, en Irlande. Egan a présenté ses conclusions lors du lancement du rapport le 28 octobre, au cours de la première session en ligne de la 15e réunion du réseau de recherche (ResNet). Plus de 80 participant·e·s des quatre coins du monde ont pris connaissance des recommandations du rapport dans des domaines qui suscitent des préoccupations, comme la pédagogie, la formation des enseignant·e·s et la formation continue.
Croissance de la technologie
Bien que le rapport ait été demandé au début de la pandémie mondiale, il aborde des questions d’actualité compte tenu de l’augmentation du recours à la technologie dans l’éducation en raison de la fermeture des établissements scolaires et des universités dans le monde.
Egan a, en effet, observé que l’utilisation de la technologie dans l’éducation n’est plus une question de choix. Selon elle, les communautés éducatives ont probablement atteint un « point de non-retour », où la technologie est devenue une caractéristique essentielle de toute salle de classe.
Numérisation de l’éducation
L’étude sera une source d’information sur les environnements dans lesquels la technologie est déjà bien avancée et ceux où son utilisation évolue encore. Comme l’a souligné l’auteure, la signification de la technologie dans l’éducation diffère en fonction des compétences numériques des élèves et du personnel enseignant.
D’autre part, de nombreux éléments pédagogiques sont impossibles à reproduire et de nouveaux doivent être mis au point si l’on veut que l’importance de la technologie augmente en classe. Les éducateur·trice·s expérimenté·e·s en matière de pédagogie et d’inclusion se heurtent désormais à de nouveaux défis et à de nouveaux obstacles technologiques du fait de l’introduction rapide de l’apprentissage en ligne.
Alors que les plateformes d’apprentissage en ligne sont de plus en plus utilisées dans le monde, l’égalité d’accès à la technologie est un élément majeur à améliorer, selon l’étude. Egan a déclaré que les syndicats de l’éducation devraient prendre l’initiative dans l’élaboration des politiques sur la numérisation de l’éducation.
La pédagogie d’abord
L’étude souligne combien, après une première phase de « frénésie » technologique ou d’hyper-attention, suscitée par la pandémie de COVID-19 et les fermetures d’écoles, les éducateur·trice·s doivent répondre à la question de savoir comment utiliser la technologie le plus efficacement sur le plan technologique. Le rapport expose le principe de « la pédagogie d’abord », une vision exhaustive qui englobe la technologie, la pédagogie et la connaissance du contenu par les enseignant·e·s dans une matière donnée. Si la technologie sous-tend le reste, l’étude montre que l’enseignement, même dans le contexte de la COVID-19, est bien plus que le recours à des outils technologiques.
Normes numériques pour les éducateur·trice·s et agnosticisme des appareils
L’étude souligne toutefois également l’importance de l’auto-efficacité technologique des éducateur·trice·s. Elle analyse la question de savoir si les enseignant·e·s possèdent les aptitudes nécessaires pour utiliser la technologie le plus efficacement possible en classe. Elle se demande si le fait qu’un·e éducateur·trice puisse utiliser un appareil signifie qu’il·elle doit effectivement l’utiliser.
Egan franchit un pas de plus et prône un « agnosticisme des appareils ». Et d’affirmer : « La technologie est accessoire et l’analyse ne devrait pas se centrer sur un seul outil ». Elle souligne que les éducateur·trice·s devraient voir la technologie comme un outil pédagogique pour leur enseignement. C’est particulièrement vrai étant donné que la recherche montre que les élèves et les enseignant·e·s sont de plus en plus fatigué·e·s par les écrans et par le fait d’être constamment connecté·e·s.
Une question d’aptitudes
L’étude met en exergue l’importance capitale du perfectionnement professionnel des éducateur·trice·s en matière de technologie. Des modèles comme TPACK (technologie, pédagogie et connaissance du contenu) ou PEAT, qui est axé sur l’éthique, traitent d’autres aptitudes essentielles dont un·e éducateur·trice a besoin pour intégrer efficacement la technologie en classe.
Et ensuite ?
L’étude montre que, six mois après le début de la pandémie, les écueils sont devenus évidents en termes de technologie et d’enseignement. Ils ne concernent pas nécessairement la technologie, mais les aptitudes, les compétences et la confiance des éducateur·trice·s dans l’utilisation de celle-ci.
« Nous avons atteint un point de non-retour », a dit Egan aux membres de ResNet. « Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Mais nous devons avancer en respectant la pédagogie : intégrer la technologie sans heurt, mais en s’appuyant toujours sur la pédagogie. »