La solidarité des syndicats européens fait progresser le dialogue social et politique, l'équité entre les genres et le renouveau syndical
Les partenaires de la coopération au développement du Comité syndical européen de l'éducation (CSEE) - Région européenne de l'Internationale de l'Éducation - se sont réuni·e·s pour un Café en ligne sur la Coopération au Développement et ont discuté des activités liées au dialogue social et politique, à l'équité entre les genres et au renouveau syndical.
Priorités de travail du CSEE dans le secteur de la coopération au développement
La directrice européenne Susan Flocken a donné un aperçu du travail de développement, de coopération et de solidarité du CSEE dans le contexte actuel de crises multiples dans la région.
« La pandémie a eu un impact très dur sur l'éducation, en ce qui concerne l'inclusion, les questions d'égalité et la garantie d'environnements de travail sains et sûrs pour les enseignantes et enseignants », a-t-elle déclaré.
Elle a également relevé le fait que l'Europe est confrontée à une inflation à deux chiffres, soulignant que « les prix sont très élevés pour l'alimentation, l'énergie, le logement, et que cela a un impact important sur les enseignantes et enseignants ».
Elle a poursuivi en déplorant que « dans le même temps, nous assistons à de sévères coupes budgétaires dans l'enseignement public, alors que de plus en plus de dépenses publiques sont effectuées à des fins militaires et autres ».
Évoquant les questions de solidarité, elle a parlé de l'impact du tremblement de terre en Turquie et en Syrie : « Notre solidarité va à celles et ceux qui ont perdu leur famille, qui ont été touchés par le tremblement de terre, aux enseignantes et enseignants et à nos organisations membres qui soutiennent leurs membres et les populations ».
Soulignant la grave pénurie d'enseignant·e·s en Europe, Susan Flocken a rappelé que le CSEE lance une campagne sur l'attractivité de la profession enseignante, basée sur 10 points d’action clé adoptés lors de la conférence 2022 du CSEE qui s'est tenue à Liège, en Belgique. « Ces principes sont la feuille de route de notre campagne, mais aussi de notre travail des deux prochaines années en faveur de l'attractivité de la profession enseignante. Nous voulons nous assurer que les syndicats sont reconnus comme des partenaires pour discuter des questions d'éducation et promouvoir le dialogue social en tant qu'instrument puissant de la démocratie et qui renforcent la capacité des syndicats à assumer ce rôle. »
Cercles d'étude syndicaux au Kirghizistan
La première présentation a porté sur les activités de coopération au développement au Kirghizistan, où la création de cercles d’étude syndicaux - petits groupes informels composés d'éducateur·trice·s ayant un intérêt commun à travailler ensemble pour trouver des solutions à leurs problèmes - a renforcé la capacité organisationnelle du syndicat national de l’enseignement.
Au cours de la semaine du 11 septembre 2022, 28 dirigeant·e·s syndicaux·ales locaux·ales du Trade Union of Education and Science Workers of Kyrgyzstan (Syndicat des travailleur·euse·s de l'éducation et des sciences du Kirghizistan ; TUESWK, acronyme anglophone) se sont réuni·e·s aux côtés de représentant·e·s du CSEE et de formateur·trice·s de cercles d'étude du Sveriges Lärare/Suède pour une formation visant à fournir aux dirigeant·e·s syndicaux·ales les connaissances de base nécessaires pour créer des cercles d'étude syndicaux pour les éducateur·trice·s dans tout le pays.
Robert Gustafson de Sveriges Lärare a soutenu que « la solidarité est une valeur fondamentale de notre syndicat, et elle est enracinée dans nos statuts et localement entre les membres sur le lieu de travail. Au niveau national, dans le travail politique et les conventions collectives, et même à l'échelle mondiale, en travaillant ensemble et en se soutenant mutuellement en tant que syndicats au-delà des frontières à travers notre histoire de construction de syndicats en Suède, nous avons tiré des leçons que nous sommes heureux de partager avec les autres. »
Une expérience importante, a-t-il dit, est le pouvoir des cercles d'étude pour construire les fondations d’une organisation solide, une expérience vivante en Scandinavie, en Asie et en Afrique et représentant une méthode très efficace. Le projet a commencé par une demande de collègues kirghizes sollicitant des idées de renouvellement. Gustafson a indiqué que « nous avons consulté d'autres organisations qui ont de l'expérience dans la création de programmes de cercles d'étude pour nous inspirer de la façon dont elles ont organisé des formations et élaboré des manuels ».
L'objectif du projet pilote de cercles d'étude syndicaux au Kirghizistan est de faire en sorte que les formateur·trice·s forment d'autres responsables de cercles d'étude locaux et les aident à étendre progressivement le projet à toutes les régions et à mettre en place des cercles dans autant d'écoles et de lieux de travail que possible à travers le pays.
Gustafson a observé que d'autres syndicats pourraient également trouver des moyens plus efficaces de lutter pour de meilleures conditions de travail, développer des outils numériques et de s'engager dans une construction syndicale plus réussie.
« En tant que syndicat, nous tirons des bénéfices de la coopération avec d’autres syndicats et nous nous renforçons grâce elle, cela élargit nos perspectives à mesure que nous voyons les conditions et les tendances dans d'autres parties du monde », a-t-il déclaré.
Adina Turatbekova du TUESWK a souligné que les participant·e·s au projet pilote « ont acquis des connaissances sur le fonctionnement des syndicats et les principes du syndicalisme. C'était très intéressant et utile pour eux·elles, car les cercles d'étude leur ont donné l'occasion de se réunir et de discuter de leurs problèmes urgents. Il·elle·s ont de nouveau ressenti l'unité apportée par un syndicat. En tant que membres des cercles d'étude, il·elle·s ont noté qu'il·elle·s avaient acquis une nouvelle compréhension de l'engagement syndical. Il·elle·s ont également convenu que grâce aux cercles syndicaux, il·elle·s ont pu obtenir des informations sur leurs droits et leurs opportunités. »
Coopération pour faire progresser l'égalité des genres en Albanie
Anxhela Llalla de l’ Independent Trade Union of Education of Albania (Syndicat indépendant de l'éducation d'Albanie ; SPASH-ITUEA, acronyme anglophone) a porté la voix des participant·e·s au projet, rappelant que le projet a été soutenu par le CSEE en 2019. Le projet a compté 85 participant·e·s, membres du SPASH-ITUEA et de la Trade Union Federation of Education and Science of Albania (Fédération syndicale de l'éducation et des sciences d'Albanie ; FSASH), dont 46 étaient des femmes et 12 avaient moins de 35 ans. Elle s'est principalement concentrée sur l'égalité des genres et l'inclusion d'un plus grand nombre de femmes et de jeunes dans les organes de décision, mais nous avons également abordé d'autres questions connexes, c'est-à-dire le dialogue social et le renouveau syndical », a rapporté Llalla.
Nous avons rencontré quelques défis, a-t-elle noté : « En 2019, un tremblement de terre nous a amenés à reporter le projet et nous avons également dû changer la façon dont nous le développions. Et lorsque la pandémie a frappé, nous avons dû faire d'autres ajustements et recourir à des groupes en ligne. »
Au cours des sessions de formation, les participant·e·s ont appris le travail de solidarité et comment la solidarité fonctionne au sein du CSEE, et comment le CSEE soutient les organisations membres, a-t-elle déclaré, ajoutant qu'il·elle·s en ont appris davantage au sujet du modèle norvégien, de la manière de travailler sur les questions d'égalité des genres et de la manière dont les syndicats norvégiens soutiennent spécifiquement les femmes dirigeantes.
Llalla a poursuivi en soulignant que les participant·e·s ont appris les théories du leadership. Les femmes ont acquis des compétences sur les négociations de communication, comment les influencer, comment être une dirigeante syndicale, comment utiliser les conventions collectives pour les autonomiser et obtenir des postes de direction au niveau de l'école et au niveau local, et comment écouter les besoins des membres et agir en conséquence.
A l'issue de toutes ces formations, les participant·e·s ont élaboré un plan d'action pour faire entrer davantage de femmes dans les instances décisionnelles, qui a été proposé aux syndicats eux-mêmes.
Llalla s'est félicitée du fait que « nous comptons 8 femmes dans SPASH-ITUEA au comité national du syndicat et 15 femmes au sein du FSASH. SPASH-ITUEA compte également deux femmes vice-présidentes. Nous allons vers plus d'égalité entre les genres. »
Elle était également convaincue que ce projet de coopération au développement sur l'égalité entre les femmes et les hommes avait des résultats positifs dans les régions, et son syndicat a enregistré une augmentation de ses membres. « Nous pensons que c'est le résultat de ce que les participantes ont acquis au cours de ces formations ».
Elle a également trouvé très important que les deux syndicats albanais poursuivent cette collaboration, car elle a eu un grand impact sur les femmes qui ont été formées, ajoutant que les deux syndicats albanais d'enseignant·e·s tiendront leurs congrès d'ici la fin de cette année. « Comme nous avons déjà des femmes qui expriment leur volonté de s'impliquer davantage dans des rôles de leadership, nous pensons qu'un soutien et une collaboration supplémentaires seront très importants pour continuer à les pousser davantage dans cette direction », a-t-elle conclu.
Rune Fimreite représentant l’ Union of Education Norway (Syndicat norvégien de l’éducation ; UEN, acronyme anglophone) a fait remarquer que « c'était en fait un très petit projet, mais nous avons quand même réussi à faire beaucoup. Le travail de coopération au développement est important et il est important de travailler ensemble. »
Premièrement, a-t-il dit, la solidarité est à bien des égards un élément fondamental du mouvement syndical international, et le fait qu'ensemble nous soyons fort·e·s est une idée importante et fondamentale pour atteindre des objectifs communs.
En outre, le travail de coopération au développement renforce le CSEE et l'UEN, a expliqué Fimreite, ajoutant que « la solidarité et la coopération internationale sont profondément enracinées dans la population norvégienne. Par conséquent, il est important pour les membres de l'UEN. Le travail de coopération au développement met également en œuvre les résolutions du Congrès national et du Bureau exécutif de l'UEN, et il donne à l'UEN des informations importantes et un contact avec ce qui se passe dans de nombreux endroits du monde. Cela donne de la crédibilité à l'UEN lors des réunions avec les autorités norvégiennes et d'autres acteurs.
Les discussions reprendront lors de la réunion du Réseau Coopération au Développement de l’IE qui se tiendra à Bruxelles, en Belgique, du 28 février au 1er mars.