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Les syndicats se mobilisent en faveur des droits et de l’égalité de genre contre le nationalisme d’extrême droite

Publié 31 juillet 2024 Mis à jour 31 juillet 2024

Des syndicats de l’éducation du monde entier plaident en faveur de systèmes éducatifs publics inclusifs et entièrement financés afin de contrecarrer la montée du nationalisme et de l’autoritarisme d’extrême droite. Cet appel urgent a été lancé lors d’une séance parallèle en sous-groupe intitulée « Se mobiliser pour les droits et l’égalité de genre face au nationalisme et à l’autoritarisme d’extrême droite » qui s’est tenue le 30 juillet 2024 lors du 10e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE).

L’éducation, un champ de bataille

La modératrice de la séance, Jennifer Moses, également responsable nationale pour l’égalité et la formation au sein de la NASUWT, un syndicat d’enseignant·e·s du Royaume-Uni, a lancé la discussion en rappelant les progrès importants réalisés en matière de droits humains au cours des dernières décennies. Cependant, elle a aussi alerté les participant·e·s sur les reculs actuels et la violence des mouvements anti-droits et antiféministes menés par des groupes politiques d’extrême droite.

« Ces groupes font la promotion d’une vision étriquée, hiérarchique et patriarcale des relations de genre, a-t-elle expliqué. Ils s’opposent à ce qu’ils perçoivent comme une menace que le féminisme, les mouvements de justice sociale et les droits des personnes LGBTI+ feraient peser sur le bien-être national. »

L’éducation attaquée

Jennifer Moses a souligné que les changements sociétaux et juridiques souhaités par l’extrême droite requièrent une intervention sur plusieurs fronts, l’éducation étant un champ de bataille déterminant. À ce titre, les écoles et les universités sont devenues des cibles, et des efforts sont faits pour contrôler l’accès aux établissements d’enseignement et décider des programmes scolaires : opposition au langage inclusif, restrictions relatives aux uniformes et aux codes vestimentaires, ou encore interdiction des contenus faisant mention du genre et de la race dans les programmes scolaires.

« En 2024, au moins 60 États membres des Nations Unies disposent de lois restreignant la liberté d’expression et 59 États d’une législation qui peut limiter les droits de réunion et d’association pacifiques sur la base de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre », a ajouté Mme Moses.

L’impact sur les communautés marginalisées

Mme Moses a signalé que les groupes qui font la promotion de telles lois utilisent de fausses menaces morales pour camoufler l’échec de leurs politiques d’austérité, supprimer les financements dans l’enseignement public, renforcer leur pouvoir géopolitique et affaiblir les normes démocratiques. « Les premières personnes affectées par ces lois sont déjà les plus marginalisées dans nos sociétés », a-t-elle précisé.

Créer un mouvement puissant

La séance a mis en avant les succès et les leçons apprises dans divers contextes. Les représentant·e·s de différents pays ont fait part de leur expérience et de leurs stratégies. Par exemple, Christine Sampson-Clark, de l’Association Nationale de l’Éducation (National Education Association-NEA) aux États-Unis, Paola Giménez, de l’Organisation des travailleur·euse·s de l’Éducation du Paraguay-Authentique (Organización de Trabajadores de la Educación del Paraguay-Auténtica-OTEP-A), Shiva Amelirad du Conseil de coordination des associations professionnelles d’enseignant·e·s iranien·ne·s (Coordinating Council of Iranian Teacher Trade Associations-CCITTA), Dorota Obidniak, coordinatrice de la coopération internationale et des projets éducatifs au sein du syndicat polonais Zwiazek Nauczycielstwa Polskiego (ZNP) et Lorvica Matthews, responsable des membres et de la communication pour l’Organisation nationale professionnelle des enseignant·e·s d’Afrique du Sud (National Professional Teachers’ Organisation of South Africa-NAPTOSA), ont tou·te·s apporté de précieuses contributions.

Appel à l’action

Dans son discours de clôture, Jennifer Moses a souligné l’importance de l’action collective : « Il relève de la responsabilité de chacun et de chacune de lutter contre ces mouvements anti droits, antiféministes et antidémocratiques. Nous avons besoin d’une action syndicale forte au niveau global, portée par les voix collectives de personnes de tous les genres. »

Par ailleurs, elle a annoncé que l’IE organisera un webinaire le 26 septembre 2024 avec les interventions d’expert·e·s de haut niveau qui suivent les acteur·trice·s des mouvements anti droits dans le secteur de l’éducation.

Le Caucus des femmes et le Caucus des personnes LGBTI+ de l’IE, s’intéressant à des problématiques similaires, ont également été organisés en amont du 10e Congrès mondial de l’IE. Pour en savoir plus sur ces événements et sur le Congrès, suivez ce lien.

Perspectives

Le combat pour une éducation inclusive et équitable continue, et les syndicats en sont à l’avant-garde. Comme l’a résumé à juste titre Mme Moses : « C’est en travaillant ensemble, en partageant nos expériences et en nous soutenant les uns, les unes les autres que nous pourrons créer un mouvement puissant, capable de faire face au nationalisme et à l’autoritarisme d’extrême droite et de défendre les droits de chacun et de chacune ».